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En passant par Ydes au nord-ouest du Cantal, le promeneur n’aura pas manqué de remarquer les panneaux indicateurs Ydes Centre et Ydes bourg, deux entités distantes de 3 km. Ydes centre, c’est la ville « moderne », celle qui s’est développée avec l’avènement de l'activité industrielle au XIXe siècle, l'exploitation du charbon sur le site de L'Hôpital en particulier tandis que Ydes-bourg, c’est le berceau originel au riche passé historique.

St Georges 2Eglise Saint-Georges (Ydes-bourg) et son porche profond

Pour le trouver, il vous faudra donc quitter la route principale et emprunter la petite route portant l’indication « Ydes-Bourg », promenade des plus agréables, particulièrement aux beaux jours. Les lieux sont ainsi décrit par M. Deribier du Châtelet dans son Dictionnaire Statistique du Cantal « le chef-lieu, assis au fond d'un très-joli bassin, est environné de vastes et belles prairies, bordées au loin par une ceinture de bois de chêne qui décore de son verdoyant et sévère aspect les flancs de la vallée ».

La découverte de multiples vestiges épars atteste des origines, à minima, gallo-romaines de Ydes traversé par la voie romaine reliant Clermont à Rodez. La découverte fortuite, en 1885, d’une borne miliaire dédiée à l'empereur Postumus entre La Gorce et Largnac, a confirmé l'existence de cette voie.

ydes hist eglise 01

Cependant ce que l’Histoire retient d’Ydes, c’est la fondation de la Commanderie que l’on doit à l’un des Seigneurs de la Maison de Madic qui, au XIIème siècle, fournissait des dignitaires à l'Ordre du Temple. La construction de l’église par les moines-soldats ne tarda pas à suivre, probablement vers 1159. La Commanderie d'Ydes jouissait du Droit de Justice dans le bourg et dans les environs et ce jusqu’à son démantèlement en 1313.

Par la suite, le domaine d'Ydes devint en 1317, propriété de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. L'Ordre de Malte veilla à la bonne tenue de l'église ainsi qu'à la régularité du service.

La Révolution de 1789 n'a apporté aucun trouble violent à Ydes sans doute parce que, à l'inverse de Champagnac, Bassignac, Sauvat et Chastel, la commune ne fut pas jacobine. Le domaine du Temple a été vendu comme bien national le 28 brumaire (18 novembre 1793) et le 29 ventose An II (19 mars 1794).

De dimensions moyennes - longueur totale de 33 m, nef de 6,70 m - d'élévation réduite et de plan simple comme cela se voit couramment dans le Cantal, elle fut quelque peu remaniée au cours des siècles, sa voûte, effondrée en 1680, fut reconstruite et l'édifice primitif fut doté, plus tardivement, de chapelles latérales et d’un clocheton posé entre l’abside et le chœur.

La richesse des décorations de l'église Saint-Victor d'ydes-bourg met à mal la légendaire austérité des Templiers :

St Georges AnnonciationPorche : bas relief représentant l'annonciation à la Vierge Marie

  • porche profond présentant de part et d’autres deux bas-reliefs richement sculptés,
  • portail divisé en deux ouvertures sous arcades avec, au cœur du tympan, un tête sculptée énigmatique,
  • portes en chêne, garnies de ferrures en forme d’arabesques,
  • chevet divisé en cinq panneaux par quatre colonnes richement décorées (vannerie, feuillages, animaux) et modillons faisant alterner faces humaines et animales.

St Georges chevet extChevet de Saint-Victor d'Ydes-bourg

La décoration intérieure date du XIXe siècle, les boiseries, richement travaillées, sont l’œuvre de Jean Ribes. Ce dernier a habilement mêlé flore, faune, visages sereins ou inquiétants, autant de références propres à l'art roman dont il s'est largement inspiré. On remarquera :

  • la frise, représentant un bestiaire fantastique, qui court au bas de la rampe et sous les panneaux de la chaire,
  • les travaux qui rythment les saisons sur les stalles.
St Georges 7 St Georges 6

Pierre Moulier, dans son Eglises romanes de Haute-Auvergne, I - Le Mauriacois (Editions CREER, 1999), conclut que Saint-Georges est « la moins auvergnate des églises du mauriacois … les influences étrangères s’y font particulièrement sentir » et il ajoute, en guise de conclusion, qu’elle « est incontestablement l’une des plus riches de la région, et aussi l’une des plus savantes ».

L'église est ouverte au public en juillet et en août, sur réservation le reste de l'année, il est également possible de visiter (payant) le trésor d'art sacré du Pays de Sumène (croix processionnelles ou d'autel, calices, reliquaires, pyxides et autres ostensoirs).

DTF

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