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CHALIERS

— La commune de Chaliers fait partie du canton de Ruines et de l'arrondissement de St-Flour. Sa configuration est allongée du nord au sud. Elle est bornée au nord par la commune de Ruines ; au sud, par celles de St-Just et de St-Marc; elle touche au département de la Lozère (Chauliac); à l'est, aux communes de Lorcières et de Clavières-les-Montagnes; à l'ouest, elle limite avec celles de Ruines, Faverolles et Bournoncles. Sa superficie est de 4,450 hectares, dont 2,400 hectares eu terres cultivées; i ,250 hectares en prairies et pacages d'un médiocre produit; 600 hectares en bois, dont une partie en bois taillis , et 100 hectares en terres vaines et bruyères.

Elle est arrosée par la rivière de Truyère, les ruisseaux de Théron, de Brousse, de Lorcières, de Côte-Chaude, de Laroche et de Loubaresse.

Sa population, de 1,270 habitants, occupe 22 villages, 23 hameaux et 313 maisons.

Le sol est en général montueux, coupé de plusieurs ravins escarpés et profonds, surtout en se rapprochant de la gorge où coule la Truyère.

La route de Paris à Nîmes et à Montpellier la traverse dans sa partie élevée Chaliers, le chef-lieu, à 5 kilom. de Ruines et à 1 myr. 4 kil. de Saint-Flour, est un bourg de cinquante maisons dont la position escarpée domine la Truyère, à l'embouchure du ruisseau de Lorcières avec cette rivière.

Son église, dédiée à saint Martin, se trouvant trop petite pour la population et la rivière de Truyère séparant une partie de la commune du chef-lieu, les besoins du culte exigèrent l'érection d'une succursale à Loubaresse. Nous nous en occuperons ci-après. Sa nef, qui menaçait ruine, fut reconstruite en 1770.

La seigneurie de Chaliers était fort ancienne et relevait en fief du duché de Mercœur. Le dauphin d'Auvergne, à qui ce duché appartenait en 1201 se réserva le château de Chaliers, lorsqu'il fit l'échange de plusieurs seigneuries avec N -Emo de Brossadels, chevalier. Elle dépendait en entier de Riom.

Il a existé anciennement une famille de Chaliers : Hugues de Chaliers, Géraud et Robert, ses frères, vivaient en 1271. Guy de Châteauneuf était co-seigneur de Chaliers en 1322; Astorg de Peyre en 1375, ainsi que Robert de Chaliers. N.Pierre Le Dailly avait des droits sur la seigneurie de Chaliers en 1419. Pierre de Pradines, co-seigneur de Chaliers, fit bâtir une grosse tour près du château de Tournemire et lui donna son nom. Cette seigneurie, après avoir appartenu à la famille de Mauriac, héritière de celle de Pradines, passa en 1512 dans celle de d'Apchier, seigneur de Montbrun, par suite du mariage de Jean avec Jeanne de Mauriac. Jean était, en 1555, un des cent gentilshommes de la chambre du roi. Philibert, baron de Chaliers, de Montbrun et de la Valette, ayant eu son château pillé par les gens de M. de Joyeuse, et les titres de la famille d'Apchier enlevés, le roi Henri IV lui écrivit pour lui témoigner tout le déplaisir qu'il en éprouvait; il manda aussi, en 1594, à M. de Joyeuse, de lui faire rendre les titres de sa famille François d'Apchier fit rétablir le château; cette restauration fut terminée avant 1610. Ce fut en 1648 qu'eut lieu l'enlèvement de la dame de Montbrun, qui restait au château de Chaliers, événement qui fit grand bruit à cette époque.

Isabeau d'Apchier, dame de Chaliers, ayant épousé Denis d'Aldin, seigneur de Belvezeix, lui porta cette terre et seigneurie en 1691. Cette famille la posséda assez longtemps; elle advint ensuite à M. de Morée, comte de Pontgibaud; elle appartenait, en 1789, à M. de Charaix de Serverette.

La commune renfermait en outre les châteaux de la Bessayre-de-Lair, de Longevialle, de Pompignac, du Meynial et de Loubaresse.

Le château de Chaliers était l'une des places les plus fortes du pays; aussi fut-il attaqué souvent et pris ou repris plusieurs fois. L'abbé Teillard, dans son manuscrit, rapporte que les Anglais, qui occupaient Brioude, vinrent, en 1362, s'emparer de Chaliers; il fut rendu moyennant finances, en 1570. Il paraît qu'il était pris de nouveau peu de temps après, car on le voit assiéger, en 1380, par le duc de Berry et le connétable Duguesclin. On trouve à ce sujet, dans les archives des comptes des consuls de St-Flour, le passage suivant: « Le 15 mai 1380 furent élargis des prisons les valets de la garnison de Chaliers, qui avaient été pris par le compagnon Tochi, étant assurance du pacte que les Anglais voulaient rompre. »

Et dans un second article : « Etat de la dépense faite par les consuls de Saint-Flour, à cause de l'assurance du pacte des capitaines de Chaliers et pour le siége dudit lieu de Chaliers, qui fut mis par M. le duc de Berry et d'Auvergne et par messire Bertrand Duguesclin, connétable de France, le mercredi avant la fête de la Nativité de Saint-Jean-Baptiste, et fut levé par traité entre lesdits seigneurs et les Anglais, qui tenaient ledit lieu, le vendredi après ladite fête, laquelle dépense consiste en grandes fournitures d'artillerie, manteaux, canons, poudre à faire feu et autres engins et artifices , pieds-de-chèvre, étendards, trompettes , pennons, vivres, provisions, chevaux et hommes. »

Comme le connétable mourut très-peu de temps après, devant Châteauneuf-Randon, le bruit courut d'abord que c'était devant Chaliers que s'était terminée sa vie glorieuse. On lit à cet égard, dans le Tableau historique de l'Auvergne au XIV° siècle. par M. Mazure : «  Le 18 juillet, lisons-nous aux archives de Mont-Ferrand, Mgr le duc de Berry nous envoya lettres closes, en lesquelles était contenu que le corps de Mgr Bertrand , connétable de France , lequel était mort devant le fort de Chaliers, devait passer devant Mont-Ferrand pour être porté en France; que nous voulussions bien le recevoir et venir au-devant en procession, et que nous fissions notre honneur et devoir par honneur de lui; car ledit Mgr Bertrand l'avait bien mérité, et aurait mérité davantage s'il eut vécu.

Les Anglais, encore une fois, ne tardèrent pas à rompre le pacte conclu en 1380 avec le duc de Berry et le connétable: ils occupèrent de nouveau Chaliers. En 1 384, Armand, vicomte de Murat, dit de Faverolles, qui avait tenu leur parti, fut intermédiaire entre les consuls de Saint-Flour et les capitaines anglais, Armandon dit le Bourgde-Copenne, et Seguin Badafol. Ce traité fut le dernier. Chaliers recouvra sa liberté et obtint du repos pendant un siècle. Les brèches et dégradations qu'avait éprouvées le château furent restaurées, et la ville de Saint-Flour, pour témoigner sa reconnaissance à Armand de Murat, lui fit don d'une somme de 120 livres.

Aux guerres des pillards et des Anglais succédèrent les guerres de religion. Nous lisons de nouveau dans l'abbé Teillard: «  Le lendemain de la fête de Saint-Barthélemy de l'année 1594, les gens de M. de Joyeuse, gouverneur du Gévaudan, s'étant jetés en Auvergne, prirent le château de Chaliers par le moyen d'une saucisse qu'ils firent jouer dans une canonnière au-dessous d'une tour, du côté de bise. Ainsi, la tour ayant été emportée et le reste du château ébranlé, il fut pris et pillé. On força le bourg et le voisinage à payer une contribution. Le Sr de Castel-Noël, qui en était capitaine, y fut tué, et la garnison prise. Quelques jours après, les mêmes pillards, voyant que la saucisse qu'ils avaient mise sous la tour de la Valette , située derrière l'église de Chaliers, n'avait pas réussi, sapèrent cette tour, mirent le feu aux pilotis, mais ne purent la faire tomber; car elle subsista encore quelques années et s'abattit d'elle-même. Ces gens, après avoir tenu quelque temps cette place, l'abandonnèrent et enlevèrent deux canons que le comte d'Apchier, qui en était seigneur, y avait fait porter pour sa défense. » 

Nous avons dit que François d'Apchier avait fait rétablir le château avant 1610; il est maintenant tombé en ruines. On y voit encore les vestiges de l'ancienne prison. Ce château, suivant M. Bouille, était presque contigu à celui d'Anjony.

Les villages et hameaux de la commune de Chaliers sont:

La Barraque-de-Guillet, hameau.

Là Barraque-de-Lachamp, hameau.

La Barraque-de- Mouneyrou, hameau.

La Barraque-Noire, hameau.

La Barraque-del-Prat, hameau.

La Barraque-de-Trazil, hameau.

La Barraqe-de-Boudonnat, hameau. Toutes ces barraques sont construites sur la grand'route.

La Besse-Grande, village dans la plaine.

La Besse-Petite, hameau.

10° La Bessayre de-l'Air, gros village que dominait un château appartenant, en 1338, à N.-Gilbert de Longevialle, chevalier, seigneur de Brousse. Gilbert de Longevialle, damoiseau, le possédait encore en 1445.

11° Brousse, hameau. Cette seigneurie de la famille de Longevialle passa dans la maison de La Fayette par le mariage de Jeanne Chassaing, héritière de Gilbert, avec N.-Léonnel de La Fayette. Amblard de La Fayette, seigneur de Brousse, se battit en duel, en 1630, avec N -Damien d'Anteroches, seigneur de Laval, et le tua. Le château de Brousse appartenait, en 1703, aux de Bosredon, qui en étaient encore propriétaires en 1789 ; il était depuis longtemps abandonné par ses possesseurs et occupé par leurs fermiers; il fut brûlé en 1656.

12° Chambaron, hameau de deux maisons, rapproché de la Truyère ; il a donné son nom à une famille qui habite Combelle, commune d'Arpajon. En 1689, ce fief appartenait â N.-Jacques de La Fage, seigneur d'Auzolles, capitaine de cavalerie au régiment de Royal-Roussillon.

13° La Champ, hameau où l'on croit qu'un couvent existait jadis. Aucun titre ne le mentionne.

1 i° Charmensac, village sur la route.

15° Chauliaguet, près de Ruines, à la source d'un ruisseau.

16° La Chassagne, village; il appartenait, en 1530, à N.-Michel de Broumat.

17° Clavières-d'Outre, gros village vers Bournoncle. Il y a des eaux minérales, et on y voit les ruines d'une ancienne tour.

18° Corbières, village où se trouvent les ruines d'un ancien château qui fut réservé en 1201, ainsi que Chaliers, dans l'échange fait par le dauphin d'Auvergne; il avait donné son nom à une famille connue très-anciennement. Etienne de Corbières vivait en 1004, Béraud en 1285. Robert Dauphin en était seigneur en 1397.

19° Le Croizet, hameau.

20° Censols, hameau, petit fief ayant appartenu à la famille d'Apchier.

21° Font-Bade, hameau.

22°Les Guerlis, hameau appartenant, en 1581, à N.-Jacques d'Antil-de-Ligonnès, qui le vendit à N.-Annet de Fontanges, prieur de St-Michel; il rentra plus tard dans la famille d'Antil, qui en jouissait en 1789.

23° L'Air, village sur la route.

24° Laval, hameau, fief qui appartenait à N.-Astorg de Peyre, en 1395 ; à Bégon de Roquelaure, en 1520, et à Damien d'Anteroches, en 1630. Laval est au-dessous de l'embouchure du ruisseau de Lorcières, près du village du Terran, dont il est séparé par la Truyère.

25° La Bessayre-des-Fabres, village où existait un petit château flanqué de trois tours; il appartenait au même propriétaire que Censols, dont il est fort rapproché. La Bessayre-des-Fabres est situé à l'extrémité de la commune, sous Clavières-des-Montagnes et sur la route de Ruines à Saugues. En 1704, cette propriété était possédée par M. de La Volpilière , commissaire du roi, président de l'élection de Saint-Flour. A cette époque, il acheta des cens sur Censols. En 1751, Censols et la Bessayre-des-Fabres furent vendus par M. de Dienne-de-Chavagnac, à M. Torrète-de-Loubaresse.

26° Loubaresse, gros village sur le ruisseau de ce nom, au commencement de la pente qui, de la plaine traversée par la grand'route, se termine à la Truyère, et sur la rive gauche de cette rivière. Loubaresse forme une section particulière de la commune de Chaliers. Cette section est administrée par un conseil composé de sept membres et d'un adjoint spécial, nommés directement par les habitants. Le Gouvernement avait reconnu la nécessité de la créer, à cause de l'impossibilité où l'on se trouvait, pendant la saison d'hiver, de communiquer d'une des rives de la Truyère à l'autre.

Mais indépendamment d'une division administrative, les habitants de la rive gauche éprouvaient le besoin d'une séparation religieuse. L'érection d'une succursale à Loubaresse devint le sujet d'une contestation entr'eux et les bénédictins de la Chaise-Dieu, grands décimateurs de la paroisse de Chaliers. En l'année 1767, les habitants intéressés avaient chargé MM. Torrète et Crozat, leurs syndics, de présenter leur demande à Mgr de Ribeyre, alors évêque de Saint-Flour. Cette demande avait été signifiée à MM. le prince de Conti, le marquis de Ligonnés, le curé de Chaliers, les seigneurs de Longevialle, de Chambaron et de Pompignac, et au chapitre de Saint-Flour; elle contenait en substance:

Qu'ils se trouvaient souvent exposés à manquer de secours spirituels, cette paroisse étant séparée en deux parties par la rivière de Truyère , sur laquelle il n'existait plus de pont, ce qui les obligeait à la traverser sur des planches ou des troncs d'arbres souvent entraînés par les inondations; que, pendant une partie de l'année, la rivière n'était point guéable, de sorte que plusieurs personnes avaient péri en voulant la traverser; d'autres avaient été enlevées par les vents, de dessus les planches qui servaient de communication; d'autres, les planches ayant été emportées , s'étaient noyées en voulant guéyer; que plusieurs curés même avaient renoncé à la cure, par suite des périls qu'ils couraient en allant administrer les sacrements;

Qu'indépendamment des dangers provenant de la rivière, il y avait deux lieues à faire pour se rendre à l'église paroissiale; que le chemin se trouvant sur des rochers escarpés et dans des bois, plusieurs personnes y avaient péri dans les temps de neige et de tourmente, en sorte que les enfants, les femmes enceintes, les infirmes et les vieillards étaient hors d'état de se rendre le dimanche aux offices, et même que plusieurs malades étaient morts sans secours de la religion, et plusieurs enfants privés du baptême;

Que cependant la partie de la paroisse en souffrance était composée de neuf villages, contenant six a sept cents âmes.

Dans de pareilles circonstances, les postulants se considéraient comme fondés à obtenir un; succursale en titre.

Cette requête, présentée le 17 février 1767, fut accueillie favorablement par l'évêque; les seigneurs de Chaliers et de Loubaresse donnèrent leur consentement, et Mgr de Ribeyre, appréciant la demande, d'après les pouvoirs que les lois d'alors donnaient aux évêques, érigea Loubaresse en succursale, par décret du 1" avril 1770. La construction de l'église fut commencée.

Mais le comte de Lastic, comme acquéreur du prince de Conti, interjeta appel au Parlement. Il fut même rendu un jugement qui défendait cette érection; mais les habitants obtinrent définitivement gain de cause, par sentence rendue le 6 avril 1775. Les constructions qui avaient été suspendues furent alors reprises.

Ce fut à la suite de cette sentence que les habitants attaquèrent les bénédictins de la Chaise-Dieu. Les ressources de la fraction postulante étaient peu considérables, les revenus de la fabrique de l'église-mère de Chaliers insuffisants pour faire face aux dépenses do toute nature qu'un premier établissement exigeait.

Los habitants remontrèrent donc aux bénédictins que, suivant la législation de 1684, les grands décimateurs étaient tenus de construire le choeur de la nouvelle église; de payer au futur curé annuellement 300 livres de portion congrue; de fournir les vases sacrés, les ornements et livres nécessaires. Les charges qui incombaient aux habitants étaient de bâtir la nef et de fournir un presbytère; et, comme les dépenses à faire étaient évaluées à la somme de 2,584 livres, ils réclamèrent celle de 1,101 livres aux bénédictins, comme afférente à la portion de leurs charges.

De leur côté, les bénédictins répondaient:

1° Qu'aucun règlement ne porte que les décimateurs soient tenus de contribuer aux frais de première construction des églises paroissiales , encore moins de payer ceux d'une simple succursale; qu'ils étaient tenus seulement des frais d'entretien du chœur et cancel, et des réparations des églises construites;

2° Que le droit de dîmes qu'ils avaient sur leur paroisse était illusoire et de nul rapport, par suite d'un prélèvement exorbitant usurpé par les habitants sous le nom de droit de semence ou de zeger qui, de quatre gerbes par septerée, avait été porté à quarante; de plus, que ces gerbes étaient faites avec des liens de deux longueurs de paille et tellement fortes, que la dîme du décimateur était comme anéantie

D'après ces motifs, les bénédictins de la Cbaise-Dieu se refusèrent à contribuer aux constructions et autres frais de la nouvelle succursale.

La contestation fut portée devant la sénéchaussée d'Auvergne; elle était pendante à cette juridiction lorsque la révolution vint interrompre les poursuites. La succursale de Loubaresse ne lut définitivement érigée qu'après le Concordat.

La construction de l'église n'a été terminée que récemment; elle est sous l'invocation de Notre-Dame-d'Août ou de l'Assomption. Sa forme est gracieuse, et quelques croisées sont ornées de vitraux de couleur. Le presbytère, placé a côté de l'église, offre une demeure agréable au curé

La famille Torrète est la plus notable de Loubaresse. L'un de ses membres, sujet de grandes espérances, est mort à trente-cinq ans dans les missions étrangères, principal du séminaire de Macao. Sun frère, Jules, a épousé Mlle Rancilhac de Chazelles; il est juge au tribunal de Saint-Flour.

Loubaresse avait un château fort qui fut occupé par les Anglais, en 1377, pris et pillé de nouveau par les gens du Gévaudan, en 1591. On ne distingue aujourd'hui presque aucune trace de cet ancien édifice.

Etienne Alghiers, damoiseau , seigneur de Loubaresse, fit hommage à Henri de La Tour, évêque de Clermont. N. de Bosredon était seigneur de Loubaresse en 1767.

On trouve sur plusieurs points, près de Loubaresse, des briques romaines.

27° Longevialle , hameau et château sur la rive gauche de la Truyère, au fond du coteau qui se rapproche de cette rivière; le château a une chapelle. Cette seigneurie appartenait très anciennement à une famille du même nom et très-distinguée; elle devint la propriété de la famille de Falcon, qui en prit le nom. Antoine-Guérin Falcon habitait Longevialle en 1762. Il paraît que le château relevait en partie de Guillaume de La Rochettc, seigneur de Rochegonde; car Guérin Falcon traita avec lui. Antoine-Guérin Falcon était receveur des tailles en 1717; il rendit hommage au roi, à cette époque , pour le fief de Longevialle . Cette famille fut convoquée aux assemblées de la noblesse de Saint-Flour. Deux de ses membres signèrent l'acte de coalition de 1791. M. Falcon de Longevialle , chevalier de Saint Louis et de la Légion-d'Honneur, avait émigré; il fut, sous la Restauration, maire de la ville de Saint-Flour, et a laissé plusieurs fils; l'aîné, ancien garde-du-corps, a épousé Mlle de Caissac de La Roquevieille, et réside a Longevialle.

28° Madières, hameau qui appartenait à la famille d'Antil de Ligonnès.

29° Le Meynial, village près du chemin de Ruines à Clavières. Jacques Chirac, major de la milice, lieutenant du gouverneur du duché de Mercœur et des chasses du prince de Conti, en était seigneur en 1687. On y voit les ruines d'un château.

30° Le Moulin-de-la-Besseyre, hameau.

31° Le Moulin-dc-Loubaresse, hameau.

31° Le Moulin-Plumet, hameau.
32° Pidières, village de trois maisons.
33° Pompignac, hameau et château situé au-dessus de Loubaresse, à l'extrémité de la plaine que traverse la grand'route et sur des précipices boisés. On croit que ne château fut construit par un comte d'Armagnac. Il est formé d'une grande et large tour carrée avec des mâchicoulis et des meurtrières faisant le corps de logis principal ; il était flanqué de deux autres tours rondes qui furent rasées en 1793 jusqu'au niveau de la tour carrée. Ses créneaux, ses culs de lampe et autres ornements d'architecture rappelleraient la fin du XIV° siècle. En effet, le comte d'Armagnac traita en 1385, pour cette seigneurie, avec Jean de Roquelaure qui était son parent.

Pompignac avait donné son nom à une très-ancienne famille. Bertrand de Pompignac était co-seigneur de Chaliers en 1375. Noble Mondot de La Tour St-Vidal fut seigneur de Pompignac en 1416. Henri de La Tour, dit de Pompignac, l'était en 1481. Amblard de Glavenas jouit en partie du même fief en 1520 ; il passa ensuite à la famille de Roquelaure. Pierre, seigneur de Roquelaure, fut, en 1127, témoin dans une transaction. Jean fit hommage à Richard, roi d'Angleterre, en H78. Gaspard de Roquelaure acquit, en 1588, la justice et seigneurie de Pompignac, de N.-François d'Apchier. Claude-Gabriel de Roquelaure vendit, en 1703, une partie de la seigneurie de Pompignac à Etienne-François de Ligonnès, seigneur dudit lieu. Son héritière fut N. de Roquelaure, mariée à N. Lamouroux, qui devint propriétaire du château et en prit le nom; il appartient encore à cette famille qui l'habite.

34° Pouges, village sur la limite du département et la rive gauche de la Truyère.

35° Prat-Long, village.

36° Le Roux , hameau sur le chemin de Ruines à Clavières. Louis Chirac était seigneur de Le Roux et l'habitait en 1781.

37° St-Soul, village dans la plaine, vers Clavières. 58° Le Soul, hameau.

39° Le Terran, gros village avec une source d'eaux minérales ferrugineuses.

40° Le Moulin-de-Torrète, hameau.

41° Le Valadour, village qui dépendait de M. de Chambaron, seigneur de Buffières. On y retrouve quelques ruines d'un ancien château. La chapelle était restée debout et l’on y disait quelquefois la messe avant l'érection de Loubaresse.

La commune de Chaliers fut comprise pour une somme de 400 liv. dans la répartition des tailles de l'élection de Saint-Flour, en 1696.

Le terrain est généralement granitique, peu productif et ne donne que des céréales, principalement du seigle.

RECTIFICATION

DANS D'ARTICLE DE CHALIERS , DÉCÈS DE DUGUESCLIN

 

Par la transposition des noms de Châteauneuf-Randon et de Chaliers, que j'ai faite en mettant au net ce passage sur Duguesclin, j'ai donné à ce récit une couleur opposée à la vérité historique. Or, c'est un fait trop important pour l'Auvergne et surtout pour Chaliers que celui d'avoir vu les derniers moments de ce grand homme pour que je ne doive pas le rectifier. Il est vrai qu'un faiseur de légendes avait présenté la fin du connétable ainsi que nous l'avions mentionnée par inadvertance; que l'épisode des clés déposées sur son cercueil par le capitaine anglais qui commandait dans Châteauneuf était dramatique. Aussi, a-t-il passé auprès d'un certain nombre d'historiens comme un fait avéré. On ne trouve pas dans d'Oronville, ouvrage curieux, à peu près contemporain et publié en 1612 par Papirius Masson, la circonstance plus poétique que vraisemblable de cette remise des clés de la place; et l'épitaphe du tombeau du Puy n'en fait pas mention.

Pour ne laisser aucun doute possible sur cette erreur accréditée, comme tant d'autres, par les historiens qui se sont copiés, que Duguesclin était mort sous une tente devant Châteauneuf, je vais reproduire ici les actes et les récits propres à lever les incertitudes.

On lit dans don Veyssette, Histoire du Languedoc, page 372:

"Le roi nomma le connétable Duguesclin pour aller commander en Languedoc; il se rendit d'abord en Auvergne, où il se joignit au duc de Berry qui commandait dans le pays. Ils entreprirent ensemble le siége du château de Chaliers, qu'ils soumirent au commencement du mois de juillet. Chaliers était donc en leur pouvoir.

Après cha tant alla Berteran qu'il mit le siége devant un moult fort château que l'on nommait Châteauneuf, et là avait moult Anglais; mais malheureusement il tomba malade dangereusement au commencement du siége, et mourut le vendredi 13 juillet, le 8° jour de sa maladie. Point d'indication du lieu.

Le corps du connétable fut transporté au Puy et mis en dépôt dans l'église des Jacobins. La ville lui fit faire un service solennel, le 23 juillet suivant, et ses intestins furent enterrés dans la même église. On y voit encore le tombeau érigé dans cette circonstance et dont l'épitaphe porte: « Ci-gist honorable homme et vaillant messire Bertrand du Glaikin, jadis connétable de France, qui trépassa l'an 1380, le XIII de juillet. » Ici encore sans indication du lieu.

L'Auvergne va nous fournir des documents authentiques sur le lieu du décès.

On trouve dans les archives de Montferrand, copiées par Dulaure sur le manuscrit des délibérations du corps commun de cette viile, manuscrit existant encore aux archives de celle de Clermont, la citation suivante, dont j'ai vérifié moi-même l'exactitude sur le texte original, qui est en patois:

Le 18 juillet 1380, Mgr le duc de Berry nous envoya lettres closes, en les quelles était contenu que le corps de Mgr Bertran, connétable de France, le quel était mort à Chaliers, devait passer par Montferrand pour être porté en France; que nous voulussions le recevoir et venir au-devant en procession, et que nous fissions notre honneur et devoir par honneur de lui; car ledit Mgr Bertran l'avait bien mérité, et aurait mérité davantage s'il eût vécu.

« Donné au messager qui portait la lettre pour son vin...

« Ledit jour furent achetées à Clermont vin torches qui pesèrent XXIII liv de cire pour donner au corps dudit Mgr Bertran, lequel fut porté chez les frères mineurs; et là on le fit bouillir dans l'eau, et fut ôtée toute la chair des os que l'on ensevelit dans le chœur de l'église : l'on y fit un service, et nous fîmes notre devoir envers ledit corps, suivant ce que Mgr de Berry nous avait écrit. La dépense, etc. »

Plus de doute possible, à moins que l'on ne suppose que le duc de Berry, placé à la tête de l'expédition qui se trouvait devant Châteauneuf, ignorât le lieu de décès. Ce n'est donc point à Châteauneuf-Randon , mais bien à Chaliers que cet illustre capitaine trouva la fin de sa vie glorieuse.

« La plupart des historiens, dit M. Mazure, qui a rapporté les mêmes faits dans l'Auvergne au XIV° siècle, pages 101 et suivantes, supposent que le corps du connétable fut transporté embaumé à Paris, supposition fausse, d'après les documents ci-dessus. »

Le connétable tomba malade devant Châteauneuf; sa vie était trop précieuse pour qu'on le laissât exposé sous une tente, aux variations de l'atmosphère des montagnes. Il venait de prendre le château de Chaliers, qui n'était distant que d'un petit nombre d'heures de marche; il y fut transporté et il y mourut.

P. DE CHAZELLES.

 


 

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