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Voir un document tiré  du Dictionnaire Statistique du Cantal de Déribier-du-Chatelet  Edition de MDCCCLII  (1852) Volume 1/5.

Marmanhac.

— La commune de Marmanhac fait partie du canton nord et de l'arrondissement d'Aurillac. Assez irrégulière dans sa forme, elle occupe principalement la vallée d'Authre. Elle est bornée au nord par les communes de Jussac et de Girgols; au sud, par celle de St-Simon; à l'est, par celles de La Roquevieille et de St-Cirgues-de-Jordanne, et à l'ouest, encore par celle de Jussac.

L'étendue de son territoire est de 2,400 hectares, dont 750 hect. en terres cultivées; 1,400 hect. en prés et pacages; 100 hect. en bois taillis de haute futaie, et quelques vergers; enfin, quelques terres vaines et quelques rochers.

Elle est arrosée par la rivière d'Authre, dont le cours suit la direction du nord-est au sud-ouest, et par les ruisseaux de Gaspard, de Bospeyre, etc.

Sa population est de 1,878 habitants, répartis dans 24 villages, 16 hameaux et 370 maisons.

Le chef-lieu est un bourg considérable de 400 habitants, placé au milieu de cette jolie vallée de l'Authre à laquelle il donne son nom, sur la rive droite de la rivière; il est bien bâti et entouré de prairies.

L'église, dédiée à St-Saturnin, est convenablement ornée et décemment tenue; elle est fort ancienne. C'était un prieuré appartenant à l'archidiacre d'Aurillac; son retable est d'un bel effet; les chapelles les plus remarquables sont : celle du Saint-Sépulcre et celle de la Vierge; elles renferment plusieurs statues dorées. Son vaisseau est aujourd'hui trop petit pour contenir la population. Elle avait quatre autels érigés vers 1295.

Cette église fut richement dotée par Arie, femme de Rigaud de Marmanhac, et dans son testament elle y choisit sa sépulture.

En 1230, ce prieuré fut réuni à l'archidiaconat d'Aurillac, et le chapitre cathédral, en 1280, approuva cet acte. Jean de Flourac, archidiacre d'Aurillac, jouissait, en 1343, des rentes de Marmanhac et de son prieuré. Pierre La Caze en était prieur en 1324. Raymond La Caze lui succéda. Bertrand le devint «n 1362 ; il prêta son scel aux agents du duc de Berry pour sceller le traité passé avec les Anglais, qui occupaient le fort de Roquenatou. N. Capial, prêtre de cette localité, fit bâtir, en 1377, une chapelle sous l'invocation du la sainte Vierge; la statue de Notre-Dame coûta 4 francs d'or, 12 sols et 2 deniers; la chapelle fut richement décorée. En 1375, Marianne de la Moyssétie, veuve de Pierre Laroque, Sr de Roquenatou, donna à l'église la chapelle de ce château. En 1463, N. Raymond de Caissac, outre les réparations à l'autel de St-Cirgues et à celui de Notre-Dame, fit construire dans cette église une nouvelle chapelle.

Jean de Prallat fut recteur en 1462; Claude d'Anjony, en 1525; Jean Sacreste, en 1540; Pierre Noizot, en 1573 ; Denys Roche, en 1588 ; noble Pierre de Montai de Cruéghe étant archidiacre d'Aurillac, prit possession du prieuré de Marmanhac; Raymond de Buysson, archidiacre en 1666 ; Pierre de Baucalis de Pruines, en 1677; N. de Belcastel, en 1692; l'année suivante, Michel Baucalis de Pruines, doyen de la cathédrale et grand-vicaire de Sentis, devint prieur de Marmanhac et posséda cette charge jusqu'en 1728. Le prieuré rapportait alors 2,500 livres. L'abbé de Massillon, neveu de l'illustre évêque de Clermont, fut pourvu de ce prieuré en 1759 et ne vint le visiter qu'une fois en sa vie. N. Papin, archidiacre d'Aurillac en 1748. N. Coussac était curé en 1758; Julhes, en 1785; N. Lortal, en 1789. Le curé actuel est M. Rodias.

Les droits honorifiques à recevoir dans cette église furent la cause de longues contestations entre les seigneurs de Sédaiges, de Beauclair, de l'Estang, et ceux du château de Marmanhac. Il intervint entre eux des transactions en 1526 et 1573. A cette dernière époque, le chœur de l'église, qui tombait en ruines, fut reconstruit, et la chapelle Saint-Blaise appartenait au seigneur de Sédaiges.

Une famille du nom de Marmanhac occupait un château bâti au couchant et presque devant la porte de l'église paroissiale. On voyait encore, il y a peu d'années, les restes d'une tour carrée. Noble Pierre de Marmanhac, damoiseau, et Hugua, sa mère, ainsi que Raymond, son autre fils, passèrent, en 1270, une vente de ce manoir à Pierre de Sédaiges, damoiseau. Cet acte fat ratifié de nouveau, en 1285, par Raymond- Guyot, damoiseau, habitait le bourg et donna, en 1461, comme témoin, son avis pour la construction du château fort de Sédaiges : c'était une formalité alors en usage d'interpeller tous les seigneurs voisins et principaux habitants du pays, lorsqu'un château fort devait être construit. Pierre ayant dépensé sa fortune dans les guerres de Naples et d'Italie, vendit une partie de ses biens. Il avait acheté le château et la tour de Marmanhac, en 1463, d'un certain Guichard, qui les avait acquis de Guyot de Marmanhac. Le fils de Guyot étant mort sans enfants, ses héritiers traitèrent en 1522, sur les ventes déjà faites, et ratifièrent celle du château do Marmanhac et du domaine de Labro, passée avec Nicolas de Caissac, seigneur de Sédaiges. Ainsi s'éteignit la famille de Marmanhac.

Les villages et hameaux de cette commune sont:

Aubepeyre, village à l'ouest du bourg.

Aubins, village appartenant, en 1636, à Jacques Chapel de La Salle, Sr de Bessoles, et à Claudine do Beauclair, sa mère.

Auquier, village qui était la propriété, en 1693, de noble Joseph de Comboles, seigneur de Vernioles.

Auriacombe, village.

La Borie. hameau.

Bout-du-Lieu, village près du bourg.

Broise, petit château dominant le joli vallon d'Oyez et légèrement abrité du nord. Une particularité singulière, c'est qu'il fut compris dans le testament de saint Géraud et donné par lui à Amalfred, fils de Galamon. Antoine-Louis d'Estaing le possédait en 1551. Il resta dans la famille d'Estaing jusqu'en 1707. Il vint ensuite à la famille de Cambolas, et appartient aujourd'hui a M. de Parieu, maire d'Auriilac.

Cardailhac, hameau qui peut avoir reçu son nom d'une famille de ce nom.

9°. Carnialle, village au nord et sur le chemin de Girgols.

10° Canle-Perdrix, hameau.

11° Couderc, hameau.

12° Coussergues, village à l'est de Marmanhac, vers la montagne.

15° La Contie, hameau ayant appartenu à N. de Veyre, qui en était seigneur.

14° Entre-deux-Rieux, village au versant du la montagne, à l'ouest du chef-lieu C'était, en 1327, un fief appartenant à Pierre et Géraud d'Estaing, qui le tenaient de Rigal de Veillans, et celui-ci de Bertrand de Latour.

15° Estang, château bien situé dans le vallon, 6ur la rive gauche de la rivière. Estang appartenait, en 1290, à Jean Malpel, damoiseau ; à Raymond Moysset. Damoiseau en 1313; il l'avait acquis, à réméré, de Jean, et le lui rendit en 1317. Astorg Malpel en jouissait en 1321, comme fils de Jean. Sa sœur Alix ayant épousé Bernard de Vigneroux, lui porta le fief de l'Estang en 1340; Astorg n'ayant pas eu d'enfants, les descendants de Bernard prirent alors le nom de d’Estang. Le château de ce nom n'était pas encore bâti, et l'ancien n'était plus habitable. Guy de Gagnac ayant fondé, en 1358, les carmes d'Aurillac, la famille de l'Estang représenta le fondateur en 1640, et en cette qualité fut réduite à traiter avec le provincial pour les arrérages dus à l'ordre. Antoine de l'Estang, marié deux fois, étant mort sans enfants, cette terre passa, en 1744, à Géraud Lafarge,dont les héritiers la vendirent à M. Louis Geneste, notaire à Aurillac. Son petit-fils la possède aujourd’hui. (Voir sur la famille d'Estang le Nobiliaire d’Auvergne. )

16° Le Fau, campagne agréablement située au-dessus du vallon et à l'aspect du midi. Il y a une tourelle M. Coussergues en est propriétaire.

17° Gimel, bon village dans le vallon, entouré de vergers et de prairies.

18° Jean Grand, hameau.

19° Le Mas-de-Sedaiges, village sur la rivière, en aval de Marmanhac. II était à Jean de Caissac en 1769.

20° Mézergues, gros village sur la rive opposée à celle de Marmanhac. En 1328, Pierre de Langeac, seigneur de Cussac, l'était aussi de Mézergues et le vendit au chapitre d'Aurillac. Dans ce village naquit Agnès Delpeuch, ouvrier distingué.

21° Moulin de-la-Campagne, hameau.

22° Moulin d'Estang, hameau.

23° Niossel, ancien château et seigneurie. Les bâtiments qui le formaient et le9 tours sont en ruines. Il est situé sur une élévation dominant le vallon d'Oyez et rapproché de celui de la Roquevieille. Le château, en 1724, consistait en une cour avec deux portes cochères et la loge du portier, de belles terrasses, une tour hexagone à plusieurs étages; une tour ronde contenait l'escalier à vis et une chapelle, les bâtiments d'exploitation et les écuries. Sa construction pouvait remonter au commencement du XV° siècle. Il est cependant fait mention d'un Jean de Niossel dans un acte de 1329; mais le château n'y est pas cité.

Noble Raymond de Caissac était seigneur de Niossel en 1479; mais il semble que la seigneurie avait appartenu à la famille de Nozières, car l'hommage qu'il reçut des habitants de Niossel, ne lui fut rendu que du consentement de N. Jean de Nozières, seigneur dudit lieu et de Giou. Pierre de La Roque étant mort de blessures reçues en duel, Gaillarde de Caissac, sa veuve, épousa, en 1532, noble Jean de Jourdes. Une fille qu'elle avait eue du premier lit, Marguerite de l a Roque, hérita de la seigneurie de Niossel, et la porta en mariage, en 1515, à Guillaume de Combefort, conseiller du roi et coseigneur de Roquenatou Antoine de Combefort, seigneur de Niossel, fut commandant d'artillerie , capitaine de 100 hommes d'armes; il mourut à Paris, sans enfants, en 1634. La seigneurie de Niossel vint à son frère. Nicolas, commissaire des guerres, mort en 1C49. Pierre de Combefort, leur troisième frère, seigneur de Niossel, fut lieutenant-général et contrôleur de l'élection de St-Flour. Sa femme, Antoinette Du Verdier, épousa en secondes noces Henri d'Arches, président au présidial d'Aurillac, et lui porta Niossel. En 1723, Niossel passa à la famille des Colinet, seigneurs de Labeau, par mariage avec Catherine d'Arches. Jean-Baptiste de Labeau était, en 1752, lieutenant-général-criminel au bailliage d'Aurillac. Leur descendant, qui occupait la même charge en 1789, fut une des premières victimes de la révolution.

24° Aouviattes, village sur le chemin de Girgols. .

25° Peruéjouls, village à l'ouest, vers Nozières, près de la route impériale. Jean de Roquemaurel en était seigneur en 1736. Il avait succédé à Georges de Cardailhac, seigneur du Chaussan, seigneur en 1693.

26° Prentegarde, hameau.

27° La Plaine, hameau.

28° La Prude, hameau.

29° Regharet, village.

30° Roquenatou ou Roquenalhou, ancienne forteresse en ruines, assise sur un rocher qui domine le versant gauche de la vallée d'Authre. Le rocher est entouré de bois et de quelques maisons, et supporte une jolie chapelle nouvellement restaurée. Ce château a donné son nom à une très-ancienne famille, nombreuse dans ces contrées aux XIV° et XV° siècles; il a été assiégé et pris plusieurs fois par les Anglais. Ils le rendirent, en 1362, pour 4,700 florins, à Jean de Villemur, baron de Calvinet, qui traita, au nom du duc de Berri, avec le capitaine anglais, en faveur d'Annet d'Espinet, châtelain de Crèvecœur, lieutenant du bailli des montagnes. L'acte fut rédigé en patois et passé en présence de Bertrand de Tournemire et d'autres seigneurs. Le château fut repris plusieurs fois et rendu moyennant rançon. On peut voir encore avec quel art on avait tiré parti des dispositions naturelles du rocher pour la construction de la forteresse. Des trous pratiqués dans le roc recevaient les poutres et les chevrons des toitures. Un fossé, dont on distingue encore la trace, enfermait la place du côté de l'est, tandis qu'au nord et à l'ouest, l'escarpement des pentes la fortifiait naturellement.

Nos savants ne sont pas d'accord sur l'origine de ce nom de Roquenatou. Quelques-uns veulent qu'il ait été ainsi nommé d'un seigneur appelé Athon de La Roque, qui vivait au XI° siècle. Déjà, en 1129, il y avait un prieuré érigé en château, qui aurait appartenu dans le principe à saint Géraud. On lit dans le Nobiliaire d'Auvergne, que l'ancien fort de Roquenatou (Rupenato), ou suivant M le baron Delzons, Laroque-Aton, fut le berceau d'une antique race, de laquelle était Pierre de Roquenatou, XV° abbé de Saint-Géraud, mort en 1129, après une administration de 22 années, pendant lesquelles il enrichit et embellit le cloître de l'abbaye. Il était né dans ce château. Il parait que cette famille portait indifféremment le nom de Roquenatou, ou simplement celui de La Roque. M. Mazure cite, sur les indications de M. Delzons, Atou de Laroque ou de Laroque. Atou, chevalier de la compagnie de Bertucat-d'Albret, qui fut massacré à Aurillac, en 1363 ou 1364, pour avoir tenté, avec le Sr de Villemur (lequel avait changé le drapeau) d'introduire les Anglais dans la ville.

En 1256, Pierre de Laroque, damoiseau , seigneur de Roquenatou, acheta d'Archambaud de La Roque d'Ithier, son frère, la maison dite de Relhac, située près du portail du château, à la Roquenatou, et tous les droits qu'il pouvait avoir entre les deux fossés. Autre Pierre de La Roque, fils d'Athon, chevalier, vendit un pré, en 1275, aux approches du château. Bernard Moytset et Hugues, son fils, étaient coscigneurs de Roquenatou, comme représentant les droits de N. de La Roque, leur épouse et mère, héritière de Guy de La Roque.

Guy avait chargé un prêtre de dire un certain nombre de messes dans la chapelle de Roquenatou, Arnaud de La Roque, damoiseau, fit son héritier Férand Latapiu, damoiseau, lequel fit, en 1324, à Archambaud, abbé d'Aurillac, hommage de tout ce qu'il possédait au bas des fossés du château. En 1358, noble Jean de Tourtoulou était coseigneur de Roquenatou. Cette seigneurie avait plusieurs coseigneurs , au nombre desquels nous trouvons les de Moissétie, de Sédaiges, d'Imbert, Guillaume d'Apchon , Durand du Moulin, etc. Tous les intéressés devaient concourir à l'entretien et à la conservation de la forteresse, qui néanmoins tomba au pouvoir des Anglais et fut rachetée comme il a été dit. Par suite des désastres de la guerre et des dégradations du château, une partie des seigneurs l'abandonna et vendit ses droits de propriété sur lui, et notamment après le décès de Marianne de la Moissétie.

Le château fut réparé en 1452 et rendu habitable. En 1482, Pierre de Tourtoulou y résidait. En 1483, Antoine de La Roque fit donation de son château à Amaury de Sermur. Antoine de Tourtoulou, époux de Delphine de Caissac, coseigneur du château, y résidait en 1526 et y fut assassiné. Jean de Sermur , seigneur de la Besserette, possédait le château en 1544; il vendit tous ses droits, sous pacte de rachat, à Géraud Ribar, d'Aurillac.

Cette seigneurie était, au commencement du XV° siècle, à Guillaume de Combefort, qui l'avait rachetée de Guillaume Deltheil.

Les murs de la forteresse abandonnée tombèrent promptement en ruines, et elle ne fut plus habitable. En 1579, le marquis de Canilhac, gouverneur de la province d'Auvergne, ordonna de la démolir.

Nous avons dit que la chapelle existait très-anciennement. C'était l'objet d'un pélerinage auquel on se rendait en foule les jours de Notre-Dame d'août et de septembre. En 1523, MM. de Beauclair, de Sédaiges. de Missilhac, de La Roque, de La Moissétie, de Caissac et de Tourtoulou se trouvant sur la place publique devant la chapelle, eurent une violente querelle : Tourtoulou porta un coup d'un couteau nommé Manduiroune au sieur de Sédaiges, et prit la fuite. Le sieur de Sédaiges le poursuivit l'épée à la main; mais affaibli par la perte du sang qui sortait de sa blessure, il tomba sans connaissance et sa vie fut longtemps en danger. En 1554, le nombre des pèlerins qui se rendirent à Roquenatou fut si grand, que Nicolas de Caissac obtint du pape des indulgences, sous la condition que la chapelle serait bien décorée et convenablement entretenue. Comme elle tombait en ruines après la révolution de 1789, Mr de Sédaiges la fit restaurer, la remit en bon état, et le 8 septembre on y célébra la fête de Notre-Dame. Elle a été depuis lors décorée avec beaucoup de goût par les soins de la famille de Sédaiges. Un ecclésiastique va souvent y dire la messe; on est pénétré de sentiments de piété et préoccupé de graves souvenirs au milieu de ces bois et de ces ruines qui ont retenti de cris de guerre et de mort. Le tombeau de la fondatrice se voit dans la chapelle, à côté de celui de M. Adolphe de Sédaiges et de sa fille, Noémi de Sédaiges. ,

Il y avait aussi dans le XIII° siècle, à Roquenatou, un hôpital pour les pauvres; il avait été doté, en 1295, par Arie, femme de Rigaud de Marmanhac.

51° Sédaiges ou Sédage , beau château voisin du chef-lieu, l'un des plus remarquables de la Haute-Auvergne par ses jardins et ses bosquets. Il est resté fort longtemps dans la maison de Caissac, qui figure sous le nom de Sédages dans l’Histoire des Guerres religieuses de l'Auvergne, t. H, p. 157; dans les Mémoires du président de Vernhyes, p. 64, ainsi que dans celui de M. d'Ormesson (Tablettes historiques de l'Auvergne, t. v, p. 605). Il avait donné son nom à une famille qui, suivant le Nobiliaire d'Auvergne, subsiste encore à Siaugues-Saint-Romain et à la Voûte-Chillac, près de Langeac.

Ce fief était connu très-anciennement et remontait au commencement du XIII° siècle. Le premier seigneur du nom dont il est parlé est Pierre de Sédaiges, chevalier, témoin, en 1232, d'un emprunt fait par Astorg d'Aurillac à noble Géraud d'Auzolles et à Bernard Fabry, d'une somme de 8,400 sols du Puy. Pierre de Sédaiges fut, en 1345, chancelier d'Auvergne. Rigal de Sédaiges devint bailli des montagnes en 1376 ; il se distingua dans les guerres contre les Anglais. Noble Pierre de Sédaiges vendit, en 1442, à noble Guillaume de Gaissac de Belbès, le château et la seigneurie de Sédaiges. Cette vente fut ratifiée par Guyot de Sédaiges, son frère. C'est ainsi que la famille de Caissac s'y établit. Jean de Caissac, fils de Guillaume, obtint de l'abbé d'Aurillac la permission do réparer et de fortifier le château de Sédaiges. Le roi donna son autorisation, en 1459, et Amaury de Montai dressa procès-verbal, en 1461, de l'enquête faite à cet eflet auprès des seigneurs du pays. Sédaiges était alors un franc-fief, noble , avec toute justice, confinant à la luminade ou presbytère de Marmanhac.

Ce fut en 1454 qu'eut lieu la construction, à l'église de Marmanhac, de la chapelle de Sédaiges.

En 1586, Bayard de Caissac obtint des lettres de gentilhomme de la chambre du roi, de Marguerite, reine de France, alors à Carlat. François de Caissac, sei gneur de Sédaiges, son frère, fut chevalier de l'ordre de St-Michel et servit, en 1602, sous les ordres du maréchal de la Châtre; il fit de nombreuses acquisitions, surtout vers Roquenatou. Jean de Caissac, seigneur de Sédaiges, marquis de Messac , n'ayant eu qu'une fille, Marie-Madeleine de Caissac, elle porta la seigneurie de Sédaiges à noble Pierre de Béral, chevalier, seigneur de Massebeau, près de Murat, dont les descendants la possèdent encore. (Voir le Nobiliaire d'Auvergne.)

Le château de Sédaiges était composé, en 1669, de cinq grosses tours et de quatre corps de logis qui les reliaient ensemble, encadrant au centre une cour carrée. Pierre de Béral, après avoir liquidé la succession de Jean de Caissac, fit, en 1741, reconstruire le château à la moderne, planter les bosquets, dessiner les jardins, jaillir les eaux, et orner l'ensemble de bassins el de cascades. L'intérieur du château a été, depuis peu d'années, élégamment meublé et rafraîchi.

52° Vermenouse, hameau; il appartenait, en 1359, à N. d'Aubusson, damoiseau.

53° Verniols, village au nord du chef-lieu et près d'Aubepeyre.

54° La Voûte, hameau et château du moyen âge, restauré à la moderne. Il est agréablement situé sur la rive droite de l’Authre, embelli par des jardins et des allées d'arbres plantées dans la plaine, sur le chemin de la Roquevieille. Il a appartenu à l'ancienne maison de Beauclair, et sa construction date du milieu du XV° siècle. Cette famille était néanmoins depuis longtemps propriétaire à Marman Luc. Rigaud de Beauclair jouissait du château en 1344 ; il est mentionné, en 1558, comme possédant par indivis, avec Raymond de Sédaiges, plusieurs maisons près lit! l'église de Marmanhac et au château de Roquenatou. Rigaud de Beauclair fut bailli des montagnes, en 1415, et commissionné pour le siége d'Aurillac par Jean, duc de Berri. Il avait prêté au roi 800 écus d'or pour traiter avec les Anglais, en 1370. Son fils, Guy de Beauclair, fut gouverneur de Roure, en Bourgogne, et chambellan du roi. Son fils lui succéda comme capitaine de Roure. Nicolas de Beauclair lit bâtir, en 1471, le château de la Voûte. Le duc de Bourbon visita ce château, en 1501, et plusieurs seigneurs du pays vinrent y rendre leur foi et hommage, entre autres, Raymond de Caissac, seigneur de Sédaiges.

Pètre-Jean de Beauclair fut gouverneur d'Usson et habitait la Voûte en 1620.

Jean Pons de Beauclair n'ayant qu'une fille nommée Jeanne, celle-ci porta tous ses biens en dot à N. Jean du Buisson, marquis de Bournazel, qui habita la Voûte, ainsi que ses descendants. La famille du Buisson dut s'éteindre ou quitta le pays. M. de Fumel est aujourd'hui propriétaire de la Voûte.

La famille de Cornaro de Curton habitait aussi Marmanhac; elle existe encore.

On voit dans M. Bouillet « qu'au-dessus de la chapelle de Roquenatou, vers le sommet du bois, le trachyte en couche régulière affecte des formes prismatiques.

La vallée de Marmanhac, et principalement les environs du village de ce nom, m'ont paru de bonne qualité pour la botanique et pour la conchyliologie  terrestre et fluviatile. J'y ai observé, en espèces terrestres, l'hélix cespilum, plu sieurs variétés de l’hélix nemoralis et l'hélix poniatia. Dans les bois de Marmanhac, cette dernière espèce a presque toujours perdu son épiderme. Dans les prairies et dams la rivière d'Authre, on trouve plusieurs espèces de limnées, de planorbes, la cyclas ricalis et Yancylus fluviafilis» (Voir, pour la description de la vallée d'Authre.)

Les terres de cette commune sont de bonne qualité, mais sujettes au ravinage. Elles produisent du froment, du seigle et du blé-noir. Les prairies et pacages sont d'un très-bon produit, surtout ceux qu'arrose la rivière d'Authre. Dans la partie la plus élevée de la commune, il y a plusieurs montagnes à vacherie. Le sol est généralement volcanique, parsemé de masses isolées aux formes bizarres.

Il y a une différence très-sensible entre les deux versants de la vallée d'Authre: celui du sud est totalement nu, sillonné par des ravins, tandis que l'autre côté, qui domine le chef-lieu, est presque entièrement boisé.

Marmanhac est commerçant. Il a des foires bien achalandées pour la vente des moutons, le 1" avril et le 1" septembre. Une grande partie des hommes de cette commune émigre pendant l'hiver, soit en France, soit en Espagne.

La cure était à la collation de l'évêque de Clermont.

La commune était de droit écrit et relevait du présidial de Riom.

P. de C.

 

On a vu souvent le nom de Sédaiges figurer dans l'histoire de la commune de Marmanhac; mais dans les annales de cette honorable famille, les pages contemporaines ne sont pas celles qu'il faut laisser de côté.

La famille de Sédaiges est représentée en Haute-Auvergne par M. le comte de Sédaiges et par ses enfants. M. le comte de Sédaiges, né en 1769 ou 1770, a servi sous le prince de Condé, fait la campagne de l'émigration et suivi toutes ses phases dans les diverses contrées de l'Europe. Retiré dans son beau et hospitalier château de Sédaiges, il y garde, au sein d'une vieillesse qui semble a peine lui faire sentir ses atteintes, les vertus et les heureuses qualités qui caractérisaient jadis le parfait gentilhomme. Ces types admirables de notre vieille France, qui ont traversé toutes les adversités, se sont vus renvoyés par la fortune contraire sur toutes les plages, et qui, pauvres réfugiés, malgré leur position, avaient laissé partout d'étonnantes sympathies pour la noblesse française; ces types, disons-nous, disparaissent chaque jour; quand ils se seront effacés, jusqu'au dernier, qu'il ne restera plus à leur place que des portraits de famille, peut-être alors en recueillant nos souvenirs comprendrons-nous que cette part de la société française avait jeté son lustre sur le caractère national; nous comparerons nos anciens bannis à ceux de tant de nations échoués sur nos parages, et nous nous dirons qu'en voyant tant de noblesse dans les sentiments s'unir à tant de franchise et de loyauté dans le caractère, de bienfaisance et de générosité dans l'âme, d'abandon et d'aimable gaîté dans l'humeur, les nations étrangères devaient encore bien penser de la France.

M. le comte de Sédaiges a eu de son mariage avec Mlle de Veillans, dont M. Déribier rattache la famille aux Stuarts (V. Cassaniouze), huit enfants, six garçons et deux filles. L'aîné de ses fils, M. Adolphe de Sédaiges, est mort à l'âge de 52 ans , laissant à son pays et à sa commune en particulier, le souvenir d'un esprit droit autant qu'éclairé, d'une conduite aussi ferme dans le devoir que dans ses convictions, et d'une existence remplie de services. Quatre de ses frères appartiennent à l'armée française, deux en qualité d'officiers de cavalerie, deux comme officiers de marine. Pour parler de ces derniers nous n'avons qu'à résumer brièvement les relations officielles sur leur compte. L'un d'eux, M. Casimir de Sédaiges, capitaine de vaisseau, officier de la Légion-d'Honneur, conduisait naguère, au milieu des plus brillants succès, l'expédition de la mer d'Azoff, et accomplissait le plus brillant fait d'armes peut-être de la marine française dans la campagne de Crimée. Son frère, Emile de Sédaiges, capitaine de frégate, protégeait en même temps nos convois marchands dans l'Archipel, en y détruisant la piraterie; il y a peu de jours, ce jeune et romarquable officier de marine chaussait au St-Sépulcre l'éperon d'or de Godefroy de Bouillon, et recevait les insignes de son ordre après avoir, à la suite de l'évéquc de Jérusalem, guidé par la voie douloureuse l'état-major et l'équipage entier du Mercure. Par cette touchante et solennelle profession de foi, l'élite des marins français qui avait voulu faire cortége à son commandant, manifestait assez que désormais la bannière do France ne flotterait pas en vain sur les saints lieux, et que nos consuls. en levant l'épée pour la défense de l'Evangile, seraient assurés de rencontrer aide et appui dans la patrie de Philippe-Auguste et de saint Louis.

La famille Laparra mérite d'être citée dans l'article consacré à la commune de Marmanhac. Cette famille date de loin dans l'honorable profession de la médecine, et son dernier représentant, M. Louis Laparra, maire de Marmanhac, joignait à un rare mérite dans l'exercice do cet art, une de ces existences que l'on peut dire dévouées à l'exercice du devoir et à la pratique du bien. Il a été ravi jeune encore à sa famille; mais son fils apporte dans le notariat où il vient d'entrer, des traditions héréditaires d'honneur et de considération qu'il promet de continuer.

 

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