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  La commune de Villedieu aujourd'hui

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Villedieu.

— La commune de Villedieu dépend de l'arrondissement et du canton sud de Saint-Flour. Elle confronte au nord avec celle de Tanavelle; au sud, avec celle d'Alleuze; à l'est, avec la commune de Saint-Flour ; le ruisseau des Ternes la sépare à l'ouest des communes de Seriers et des Ternes.

Les ruisseaux de Villedieu , des Ternes et de Volzac arrosent cette commune, dont la surface territoriale est de 1,850 hectares, savoir : 1,150 h. en terres cultivées d'assez bonne qualité ; 500 h. en prés et pacages; 100 h. en bois: 50 h. en terres vagues.

La population se compose de 510 habitants , répartis dans 7 villages, 5 hameaux et 136 maisons.

Le chef-lieu, Villedieu, est un village situé à 7 kil. de Saint-Flour, sur le petit ruissedu de ce nom, et abrité par une montagne au nord. Il n'a de remarquable que son église, qui est un très-bel édifice, Elle porte le caractère de deux époques très-différentes. La partie inférieure du clocher tient évidemment du style roman, et dénote l'existence d'une première église sur les débris de laquelle a été plus tard construite la nef actuelle. Cette nef est du xiv» siècle; elle a été bâtie en 1363 par Pierre d'Estaing, évêque de Saint-Flour , puis archevêque de Bourges en 1367 et cardinal un 1370.

Les deux fidèles et savantes descriptions qui ont été faites de l'église de Villedieu dans le 2° vol. du Dictionnaire statistique (voy. p. 422 et 434), ne nous laissent rien à dire sur ce point. Mais nous avons à nous exprimer sur l'origine du sanctuaire. Audigier en parle dans les termes suivants;

« Villedieu, proche Saint-Flour, célèbre par une image miraculeuse de N -D., trouvée, dit-on, en ce lieu en 1383, couverte de broussailles. On ne la découvrit que par une espèce de miracle. Un bouvier qui conduisait ses bœufs, fut arrêté avec eux lorsqu'ils furent à l'endroit où était l'image. On la prit et on l'apporta plusieurs fois dans l'église de Saint-Flour; mais on la trouvait toujours à Villedieu, ce qui fit juger à l'évêque, Pierre de Vissac, que la Vierge voulait être honorée particulièrement dans ce lieu-là. Il y fonda un petit chapitre et y transféra la paroisse, qui était auparavant dans le village de Chaseaux.

C'est ainsi, ajoute Audigier, que nous a laissé par écrit cette merveille le père Jacques Branche, prieur-mage de Pebrac. Il est faux que Villedieu ait eu une telle origine. L'église existait avant la fondation du chapitre. Pierre d'Estaing le reconnaît lui-même dans l'acte de fondation du chapitre; il est de 1366, et il porte que l'antiquité avait vu cette église au même lieu , en avait reçu l'image, et admiré les miracles infinis que Dieu y opérait par cette image, ce qui obligea de fonder un chapitre. »

Audigier a raison. Il est certain qu'il existait avant 1277 , à Villedieu , une chapelle dite de N.-D.-de-Rozanet, qui attirait une grande affluence de pèlerins.

La partie supérieure du clocher de Villedieu a été reconstruite en 1835. L'église a, depuis lors , été l'objet de plusieurs réparations , et, à diverses reprises, la Société des Monuments historiques a recommandé ce gracieux sanctuaire à la sollicitude du gouvernement.

Le fondateur de l'église , Pierre d'Estaing, établit auprès d'elle, en 1307, un chapitre de six chanoines, qu'il pourvut de bons revenus. Il voulait même y bâtir une résidence épiscopale; mais les habitants de Saint-Flour s'effrayèrent de l'éloignement de leur évêque, et l'obligèrent à cesser ses travaux. Il paraît même que ceux de l'église furent interrompus.

L'œuvre fut reprise en 1444 par Jacques Le Loup , successeur de Pierre d'Estaing; mais les Saint-Florains s'émurent encore, accoururent sur les lieux et démolirent les constructions qui avaient été faites.

En 1483, le siège de Saint-Flour étant devenu vacant par la mort d'Antoine de Léotoing, il fallut procéder à l'élection d'un nouvel évêque. Comme une épidémie désolait la ville, le chapitre cathédral se réunit à Villedieu; il élut Claude de Doyat, prévôt de Clermont et abbé de Valette; mais le pape Sixte IV, regardant sa nomination comme irrégulière , lui refusa l'institution canonique, et Charles de Joyeuse fut installé évêque de Saint-Flour.

On connaît comme prieurs de Villedieu : Bertrand de Montclar, en 1374; Guillaume Le Torret, en 1389; Raymond Bernard, chanoine, en 1530. Jean Caucherie était curé de cette paroisse en 1070; Antoine Sa met, en 1771 ; N. Sauret, en 1789; le curé actuel est M. Thouzery (1858).

Auprès de Villedieu s'élève une colline que le vulgaire nomme le Puy-de-Villedieu. Elle ne produit rien, pas même de l'herbe, contre l'ordinaire des montagnes les plus affreuses de l'Auvergne. On a conclu de là que cette colline avait été le théâtre d'un miracle rapporté par Pierre de Monboissier, abbé de Cluny, surnommé le vénérable.

« Un paysan d'Auvergne, dit-il, entendit dire que le vrai secret de conserver les abeilles était de jeter dans la ruche le sacré corps du Sauveur. Il le sortit de sa bouche après l'avoir reçu de la main du prêtre, et courut vers ses abeilles; mais, ayant soufflé l'hostie avec impétuosité dans le trou de la ruche, elle tomba par terre, où les abeilles la recueillirent et la portèrent avec beaucoup de vénération à leur ruche, en présence du maître qui, ne faisant pas réflexion plus sérieuse à l'action de ces abeilles, s'en alla d'abord où l'appelaient ses autres affaires.

Sur le chemin, le sacrilège se sentit troublé d'une terreur soudaine qui lui fit connaître enfin qu'il avait failli. Touché donc ou plutôt emporté d'une force intérieure, il revint sur ses pas, et, pour expier son impiété, il s'en prit aux mouches innocentes en répandant sur la ruche une quantité d'eau qui les étouffa ; il n'en voulut pas pourtant laisser perdre le miel ni la cire, qu'il se mit en état de tirer hors de la ruche.

A l'ouverture, il trouva l'hostie en la forme d'un bel enfant, mais paraissant mort, comme si l'eau que le paysan avait versée l'eût noyé avec les mouches à miel.

Le scélérat prit l'enfant entre ses mains profanes pour l'ensevelir secrètement, mais le sacré corps disparut aussitôt. Le paysan, effrayé, fut rendre compte de ce qui s'était passé à son propre prêtre (on qualifiait pour lors ainsi ce que l'on a nommé plus tard curé); celui-ci le redit à l'évêque de Clermont, et 1'évéque à Pierre le Vénérable , qui ajoute que Dieu prit soin ensuite de venger sa querelle sur le lieu où la chose était arrivée. La mort enleva tous les habitants, et ce ne fut plus qu'une solitude effroyable qui n'avait rien produit depuis.

La seigneurie de Villedieu était aux évêques. »

Les villages et hameaux de la commune sont:

Auzolla, village sur le ruisseau des Ternes, au sud du bourg.

2' Bouzentès, village sur la route de Chaudesaigues et vers Tanavelle. Il y a une carrière d'un beau trachyte qui fournit presque toute la pierre de taille destinée aux constructions de la ville de Saint-Flour.

Buisson (le), village autrefois de la commune d'Alleuze, et qui aurait donné son nom à une famille distinguée. Raymond du Buisson , seigneur dudit lieu, vivait en 1260. Pierre et Raymond, ses frères, étaient chevaliers du Temple en 1282. Faucon du Buisson, damoiseau, vivait en 1330. Jean du Buisson , en 1390; il n'eut qu'une fille du nom de Dauphine, qui épousa Guillaume Saysset, citoyen recommandable de Saint-Flour, et lui porta la terre du Buisson en 1450. N. Jean Dantil, seigneur de Ligonnez, possédait une partie de la terre du Buisson en 1528. N. Antoine Gachon était seigneur du Buisson en 1576. Pendant les guerres civiles, en 1571, le sieur de Lastic s'empara du château du Buisson et le fit démanteler.

Montaigu , hameau. Ce lieu aurait été jadis un ancien prieuré , donné au XI° siècle par Robert de St-Flour au monastère.

Montlong, hameau sur le chemin de Chaudesaigues.

Piniergues. village qui tire son nom de la forêt de pins située dans le voisinage.

Pouzaatel, hameau.

8" Ribeyre-Vieille, village sur la route impériale, près de Bouzentès.

Vibrezac, village dans la plaine, sur le chemin d'Alleuze. Il fut donné au monastère de Saint-Flour, au XI° siècle, par Bertrand Boria, damoiseau.

Il existait aussi dans la commune «un village du nom de Dumo qui, en 1400, appartenait à N. Jean de Dumo, damoiseau. Il le donna à l'église de St-Flour.

 

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