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Cézens

La commune de Cézens fait partie du canton de Pierrefort et de l'arrondissement de Saint-Flour ; elle est située à l'est du Plomb-du-Cantal et se joint à ce pic élevé par une pente non interrompue. Sise par conséquent sur un plateau très-élevé, elle se trouve dans une des régions les plus froides du département. Elle confine au nord avec les communes de Paulhac et de Valuéjol; au sud, avec celles de Pierrefort, d'Oradour et celle de Gourdiège, dont la sépare le ruisseau de Mandilhac; à l'est, elle est bornée par la commune de Paulhac, et enfin à l'ouest, par celle de Brezons. Sa superficie est de 3,200 hectares, dont 900 hectares en terres cultivées; 1,500 hectares en prés et pacages à vacheries d'un bon produit, surtout dans les terrains les moins élevés; 100 hectares en bois; 500 hectares en terres vaines, bruyères et,rochers. Il s'y trouve quelques arbres à fruits, mais seulement dans les parties les plus abritées.

Cette commune est arrosée par les ruisseaux de Cézens, de la Vergne, de Mandilhac, de la Cayre et d'Epie.

La population atteint le chiffre de 1,017 habitants, répartis dans 13 villages, 8 hameaux et 226 maisons.

Cézens, le chef-lieu, est k 7 kilomètres de Pierrefort et à 2 myriamètres de la ville de St-Flour; il occupe une pente légèrement inclinée vers le ruisseau de son nom et faiblement abritée du côté du nord. L'aspect de ce bourg est agréable: ses maisons , assez bien construites, sont environnées d arbres, chose rare dans ces contrées; la place , qui s'étend au-devant de l'église, offre également une belle plantation qui lui donne un aspect riant. Il s'y tient trois foires: l'une le 12 juillet, très-bonne pour la vente des moutons gras; une seconde le 9 octobre, très-importante pour la vente de toutes les natures de bestiaux , et la troisième enfin, le second jeudi après la mi-caréme.

L'église est au centre du village et forme le coté septentrional de la place; elle est ancienne et présente dans son ensemble cette architecture romane dont ou trouve tant de types dans les montagnes. Toutefois, sa construction porte les traits de plusieurs époques différentes. Son clocher remonte manifestement à une haute ancienneté; il est, à l'ouest, formé par le surhaussement du pignon et percé de cinq ouvertures. Ces ouvertures étaient, avant la Révolution, garnies de cinq belles cloches, et faisaient entendre une des sonneries les plus brillantes du pays; mais, indépendamment de leurs joyeux concerts aux jours de fêtes, elles avaient encore une grande utilité : leurs sons allaient au loin à travers les airs, et dans ces contrées si souvent bouleversées l'hiver par la tourmente, plus d'un voyageur égaré au milieu des esshirs leur a dû la vie. Quatre de ces cloches ont changé de destination à une époque fatale, et ont porté la mort sur plus d'un champ de bataille. La seule que l'on ait conservée est bien faible pour rendre à l'humanité les services de l'ancienne sonnerie. La partie de la population qui émigre à Bordeaux fit, en 1835 une souscription pour en acheter une plus belle , et tous les ans, à l'anniversaire de son installation dans le clocher, une messe solennelle est chantée pour obtenir du Souverain dispensateur de toutes choses que les entreprises des bons Bordelais donataires de cette cloche réussissent. L'église a 21 mètres de longueur sur 7 mètres de largeur; elle est bien ornée; mais les peintures, remarquables autrefois, mal restaurées dans une époque assez reculée, se ressentent aujourd'hui du mauvais goût du plâtrier montagnard ; le retable eu bois du grand autel offre des proportions convenables, et les stalles du chœur sont d'un beau travail. L'église, placée sous l'invocation de saint Germain, évêque d'Auxerre, mort en 448, possède un bras de son patron. La tradition rapporte que cette relique précieuse lui fut apportée par un soldat du pays, qui la conserva miraculeusement pour sa paroisse. Jacques Branche, dans son histoire des saints et saintes d'Auvergne, raconte (page 478) qu'on lui fit voir une partie du bras et de la main droite de saint Germain, conservée en chair et en os dans un beau reliquaire d'argent donné jadis par un seigneur de Brezons. D'après cette légende, ce seigneur, emporté par son ardeur pour la chasse, se vit au moment de rouler avec son cheval du haut d'un rocher; mais il invoqua saint Germain et fut sauvé du danger. Don Branche donne en outre le récit d'un grand nombre de miracles qui ont été opérés dans l'église de Cézens sous l'invocation du même saint. Le jour de sa fête est un jour de grande réjouissance dans le pays , et l'on s'y rend de tous les lieux circonvoisins. L'église dépendait de la mense épiscopale de Saint-Flour, et sa vicairie perpétuelle était à la collation de l'évêque. Son prieuré rapportait 1,400 liv., et l'évêque décimait en outre les métairies de Neyrebrousse et des Chazettes; 300 liv. étaient dévolues au curé et au vicaire comme partie congrue.

N. Durand fut recteur de Cézens en 1374; Guillaume Amagat, en 1617; Bertrand Roussille, en 1670; Durand Boussague, en 1697 ; Béraud Vaissière, en 1722; enfin, Lieucamp de Lapara, en 1768.

Une assez bonne route conduit de Cézens à Saint-Flour; elle est due à M. de Laroche de Perpezat, son ancien maire, qui a rendu de nombreux services à sa commune. La route de Pierrefort à Murat doit passer dans le bourg, et facilitera son exploitation et son commerce.

Les villages et hameaux qui dépendent de cette commune sont:

Les Aix, hameau.

Arjaloux, hameau.

Aubac, village au-dessus d'un vallon où coule la rivière d'Epie.

Aubaguet, village. Ces deux derniers étaient, en 1778, sous la seigneurie de Jean de Laroche.

La Bessède, village sur la plaine.

Le Cayre, hameau sur le ruisseau de ce nom.

Les Chabasses, village au nord de Cézens, dans la partie élevée de la commune, et résidence d'une branche de la famille Baduel, de Saint-Flour.

Charnel, village encore plus élevé et sur la limite du canton. Louise Dubreuil. qui épousa en 1623 Annet de Brezons, était dame de Chauvel.

Les Chazettes, hameau, fief de la maison de Brezons.

10° La Fage, village.

11° Frescolange. hameau sur le ruisseau de Cézens, résidence d'Antoine Amagat, père de Joseph, seigneur de Perpezat.

12° Lalo, village.

13° La Loubeyre, village sur un monticule à l'extrémité du canton, près du ruissseau d'Epie.

14° Larodde, hameau.

15° Lussenac, hameau près du bourg.

16° Neyrebrousse, gros village adossé à une montagne. C’était une puissante seigneurie qui relevait, ainsi que son château, de l'évêque de Clermont. Le château fut, selon la tradition, assiégé et pris par les Anglais; il était très-fort. En 1607, le Sr de La Volpilière ayant formé le projet d'enlever Mlle de Fontanges, se saisit de la personne de Pétre-Jean , son père, qui s'opposait à son dessein, et l'enferma pendant quelques jours dans Neyrebrousse. Ce château a existé jusqu'à la Révolution; il fut détruit à cette époque, et ses matériaux servirent à des constructions diverses, entr'autres à celle d'une auberge. On voit encore quelques vestiges de son enceinte.

Neyrebrousse appartenait, en 1333, à Bertrand de Peyre, baron de Pierrefort. Cette seigneurie passa ensuite dans la famille de Tournemire. Antoine de Tournemire, seigneur de Tournemire, de Laroquevieille et du Chambon, à qui elle avait été donnée en dot, vendit en 1459, au chapitre de la cathédrale de St-Flour, une partie de ses rentes; mais les chanoines furent toujours inquiétés dans leur jouissance par les seigneurs de Brezons, qui possédaient l'autre partie de cette terre. Bonnet de Brezons s'en empara en 1527; mais en 1563, les chanoines ayant été obligés, en vertu d'une ordonnance de Charles IX, ainsi que le reste du clergé, d'aliéner une partie de leurs biens pour subvenir aux besoins pressants de l'Etat, ils s'empressèrent de transiger avec le Sf de Brezons, et lui cédèrent ce qu'ils possédaient sur Neyrebrousse. Cette seigneurie fut alors réunie en entier dans la famille de Brezons, et donna son nom à l'une de se» principales branches.

Louis de Brezons, seigneur de Neyrebrousse, était capitaine dans les chevau-légers et fut tué en 1577 au combat de Carbonnat. La même année, il y eut une assemblée de parents, au nombre desquels étaient : Jacques de Leotoing, Sr de Montgon; Tristan de Brezons, Sr de Massebeau; François de Beau verger, et Guyon de Montvallat, Sr de Rochebrune. Gilberte de Beau verger, veuve de Louis, fut nommée tutrice de ses enfants, et dut entretenir le nombre de soldats nécessaires pour la garde du château de Neyrebrousse. Les huguenots, pour se venger d'avoir eu Louis contre eux à Carbonnat, avaient formé le projet d'assiéger le château.

Pierre de Neyrebrousse fut tué en 1631, à l'armée du Piémont.

Le sieur de Brezons-Neyrebrousse, nommé de La Roque-Massebeau, était capitaine en 1633, et en 1635 commanda la cavalerie prés de Neubourg, sous les ordres du duc de Rohan.

François de Neyrebrousse, fils du précédent, fut blessé mortellement dans une rencontre, en 1637, et porté au château de Tourlon, près de Guise, où il mourut. On transféra son corps à Paulhac, près de Brioude.

Annet Charles était capitaine dans la compagnie des chevau-légers du comte de Montgon, son oncle; il assista au siége de Montpellier et fit, de 1635 à 1643, les guerres d'Allemagne dans le régiment de Cinq-Mars. Après lui, la seigneurie dè Brezons passa à la famille de Brancas, et plus tard , en 1728, à la famille de Beaufort-Cassagne-de-Miramon, à qui elle appartenait encore en 1789.

17° Paulhagol, gros village sur le ruisseau de Cézens.

18° Perpezat, hameau avec un château moderne, de beaux jardins et une position agréable; il est assez rapproché du bourg et appartenait, en 1593, à N.-Antoinede Vixouse. Jeanne de Perpezat fut mariée avec Claude de La Rochelle, en 1660. Perpezat appartenait à Jean de Dienne, en 1666. Antoine Amagat fut seigneur, en 1751, de Perpezat, Aubag et Aubaguet. N'ayant pas eu d'enfants, il laissa ces trois seigneuries à son neveu, Jean-Baptiste de Laroche-Brisson , chevalier de St-Louis et brigadier des gardes-du-corps, en 1778. Antoine de Laroche, son fils, lui succéda, émigra en 1791 et fut officier du génie. Plus tard , il devint chevalier de St-Louis et maire de Cézens. Pendant son administration, il fit faire d'immenses améliorations dans cette commune. Perpezat est maintenant la propriété de son fiis, qui y réside.

19° Pescoujol, village. 

20° Pradines, hameau.

21° Trelis, hameau; il occupe le point de bifurcation de l'ancien chemin du Mur-de-Barrès à Saint-Flour, par Vigouroux, et de celui de Pierrefort à Murat. Situé dans un petit vallon, il est encombré par les neiges pendant l'hiver. On conserve le souvenir du propriétaire de cette métairie qui, ayant voulu un jour d'esshir ou de tourmente se rendre de sa maison à son étable, placée dans un bâtiment en face, fut tellement suffoqué et égaré par le tourbillon, qu'il ne put jamais retrouver sa porte; le lendemain, lorsque le jour fut venu et la tourmente apaisée, on le trouva mort derrière sa maison.

La nature du sol de la commune de Cézens est maigre et peu fertile. La rigueur du climat nuit à ses récoltes. Aussi l'on y cueille peu de seigle et point de froment. Les blés de mars sont la principale ressource de la commune; il y a aussi de l'orge, de l'avoine et du blé sarrasin.

L'impôt de Cézens, dans la répartition de 1696, fut de 4,450 liv.

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