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Document tiré  du Dictionnaire Statistique du Cantal de Déribier-du-Chatelet  Edition de MDCCCLII  (1852) Volume 1/5. 

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Giou-de-Mamou.

 — Cette commune est comprise dans le canton nord d'Aurillac et dans son arrondissement. Elle s'allonge en pointe du nord-est au sud-ouest. La commune de St-Simon confine avec elle au nord; au sud, elle touche à celles d'Arpajon et d'Aurillac; à l'est, à celle d'Yolet, et à l'ouest, encore à St-Simon et Aurillac. La surface de sou territoire est de 1,400 hectares, dont 600 hect. en terres cultivées; 700 hect. en prairies et pacages; 50 hect. en bois de diverses essences, et 50 hect. en terres vaines et bruyères.

Elle est arrosée par les ruisseaux de Mamou, de l’Hôpital, de Giou, etc., qui vont se jeter dans la rivière de Cère.

Sa population est de 664 habitants, dans 6 villages, 1 4 hameaux et 126 maisons. Giou ou Gioux, le chef-lieu, est à 7 kilomètres d'Aurillac. C'est un petit bourg situé à la naissance d'un vallon. Son nom serait, dit-on, d'une antique origine et indiquerait que Jupiter y était adoré, et celui de Mamou l'indiquerait encore.

L'église, qui est dédiée a saint Mamet, a pour premier patron saint Bonnet. Elle est de style gothique et régulière dans sa forme. Un sieur Thérisse, en 1392, légua dans son testament une somme assez forte pour aider à la réparer , peut-être même pour la reconstruire; car il paraît qu'alors elle tombait en ruines. Bernard, vicomte de Carlat, qui vivait au X° siècle, donna cette église au monastère de Conques, ce qui dénote une existence antérieure à sa construction actuelle. Elle avait le titre de prieuré et fut unie à la mense abbatiale du monastère d'Aurillac, en 1593, par Mgr de la Beaume, évêque de St-Flour, union qui fut approuvée par une bulle du pape Grégoire XIV, sous la condition que le prieur nommerait un vicaire perpétuel pour desservir la paroisse. Il y avait une chapelle dans l'église.

Giraud Cohète fut recteur de Giou en 1374; Guillaume do Laurens, en 1501; Hugues Dupuy fut curé en 1566; Durand Despé, en 1666; N. Soubrier, en 1692; il y avait alors une communauté de prêtres, dite de St-Bonnet. Pierre Molinier fut curé en 1720; N. Joseph, curé en 1753.

Giou est une ancienne seigneurie qui avait un château très-fort. Un partage entre ses possesseurs ayant eu lieu en 1676, il y fut donné une description de ce château. ,

Il était renfermé dans un fort mur d'enceinte de 180 mètres de tour, sans y comprendre l'enceinte des écuries ayant des logements au-dessus, et une petite tour qui servait de portail à la cour. Ce mur d'enceinte supportait du côté de la rue une terrasse avec des accoudoirs et douze piliers crénelés ayant chacun en dessus pour ornement une boule en pierre. Dans la cour se trouvaient deux fontaines avec des statues qui rendaient l'eau par la bouche. Un grand perron de sept marches conduisait de la cour au château. Au milieu de la façade existait une galerie d'un bout à l'autre formant balcon, et sept grandes croisées éclairaient cette partie antérieure du château. Deux colombiers portés par des piliers étaient dans la cour; l'écurie était voûtée. La boulangerie et une petite tour adossée à l'écurie faisaient partie des bâtiments de service : dans le jardin étaient plusieurs pièces d'eau.

Giou avait donné son nom à une très ancienne famille qui s'était divisée en deux branches, dont l'une portait la qualification de Comptours; mais pour celle qui était fixée à Giou-de-Mamou, nous allons extraire du Nobiliaire d'Auvergne le résumé suivant.

« Les barons de Giou ou de Gioux appartenaient à une maison d'ancienne chevalerie, illustrée dans la carrière des armes. Géraud de Giou fut abbé de Valette en 1232. Hugues de Giou, seigneur de Mamou, vivait en 1280. Claude de Giou, commandeur de Carlat, se signala dans la défense de Rhodes et y fut tué en 1480. Pierre, son petit neveu, général des galères de l'ordre de Malte, s'immortalisa dans la défense de cette place assiégée par Soliman en 1565. 11 devint maréchal de l'ordre et fut deux fois ambassadeur du grand -maître auprès du roi de France. Jacques de Giou, gentilhomme de la chambre du roi et de la fauconnerie de Louis XIII, avait rendu de grands services pendant les guerres de Languedoc et à La Rochelle. Il commanda une partie de la noblesse d'Auvergne au ban de 1635. C'est en sa faveur que la châtellenie de Giou fut érigée en baronnie par lettres du mois de février 1633. »

En 1577, Catherine de Durfort, veuve de Jacques de Giou, donna quittance au Sr de Laroque qui gardait son château avec 15 soldats, et reconnut avoir reçu de lui, après les temps de trouble, les meubles et bestiaux du château.

Henri IV tenait M. de Giou en estime toute particulière, et lui écrivit en octobre 1593 pour le convier à son sacre. Jacques, son fils, eut la commission, en 1633, de faire démolir les châteaux de Carlat, de Murat, d'Usson, de Mercurol, de Buron et autres, tant dans le haut que dans le bas pays d'Auvergne.

Autre Jacques de Giou fut commissaire spécial d'artillerie et lieutenant-colonel d'infanterie. Il avait épousé en 1752 Marie de la Carrière de Comblat. Cette famille s'est éteinte dans N. de Giou, mort sous la Restauration. Il avait été compris dans le contingent des gardes d'honneur du Cantal, en 1813.

Les villages et hameaux de cette commune sont:

Calfour. hameau.

Cantuel, hameau.

Carnejeac, village dépendant anciennement de la commune d'Arpajon. Il était habité en 1562 par Jacques de Langeac, et en 1732 son repaire appartenait à Jean Sabathier.

Cavagnac, joli village à mi-coteau, près de la route impériale. Une branche de la famille de Leygoniey a possédé longtemps de riches propriétés. Pierre-Louis de Leygonie était capitaine de vaisseau vers la fin du xvw siècle.

Courbebaisse, hameau.

Gramon, village près du bourg.

L'Hôpital, village sur la plaine, au nord. II était dépendant de la commanderie de Carlat. Il est mentionné dans un acte de 1460. Sa chapelle était sous l'invocation de saint Jean.

Le curé de Giou était titulaire né de la Chapelle et de l'Hôpital.

Maison-Neuve, hameau. .

Mamou, beau village sur le ruisseau de ce nom.

10° Mamou-Haut, village au nord du précédent.

11° La Marque, hameau et petit château qui a appartenu en fief à une branche de la famille de Montal. Pierre de Montal était seigneur du château de In Marque en 1703. Joseph, son fils, en 1752.

12° Le Monteil, hameau appartenant, en 1669, à François de Monteil, habitant d'Aurillac.

13° Nodières, hamean.

11° Pialouse, hameau.

15° Pays-Haut, hameau.

16° Rombières, hameau qui a pris son nom d'un ancien capitaine du château de St-Etienne, d'Aurillac, dans le XV° siècle.

17° Roques, hameau où restait François de Montal, seigneur de la Marque; il servait, en 1565, sous les ordres de M. de Brezons; il fut chargé de faire réparer les murs de la ville d'Aurillac.

18° Labeige, hameau.

19° Trepsat, hameau.

20° La Vigne, hameau.

« De Giou-de-Mamou jusqu'à Aurillac, dit M. Bouillet, on voit les couches calcaires parfaitement à jour, recouvertes sur plusieurs points par un tuf ponceux. On peut y voir aussi plusieurs exemples de masses stratifiées de calcaires d'une grande épaisseur, enveloppées par le conglomérat ou par le tuf ponceux. »

Les terres de cette commune reposent sur un sol calcaire et volcanique qui les rend d'un bon produit dans le vallon, où elles sont bien cultivées. Les prés et pacages sont de bonne qualité, à l'exception des parties élevées, qui sont médiocres.

M. de Sistrières dit que le château et la terre de Giou dépendaient en hommage des comtes de Carladès, suivant les aveux de 1321, 1539, 1634 et 1638. Cette terre fut divisée entre le marquis de Lostange, le baron de Langeat et M. Delort, lieutenant-général d'Aurillac, entrés gendres dans la maison de Giou. Cette terre avait plusieurs domaines et rentes à Giou, Saint-Etienne , Vezac, Polminhac et Thiézac. Demoiselle Thérèse Fortet, veuve de M. François Textoris, président en l'élection d'Aurillac, tenait en fief franc et noble, dans la paroisse de Giou, son domaine de la Condamine, suivant l'hommage qu'elle en avait rendu, en 1668, au comte de Carladès.

Cette paroisse eut à payer une somme de 5,250 liv. dans l'imposition de 1696.

Giou-de-Mamou était de droit écrit.

 

P. de G.

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