Dans le cadre de cette rubrique, Le Cantal vu par..., Cantalpassion a sollicité Daniel Brugès, bien connu dans et au-delà du Cantal. Nous lui sommes particulièrement reconnaissants pour la gentillesse et la spontanéité avec laquelle il nous a fait parvenir le texte ci-dessous, texte inédit et plein de tendresse que ces Terres du Cantal.
Puy Griou
Marcher longtemps puis, en silence, regarder intensément nos terres du Cantal. Voluptueuses comme les reins d’une femme. Belles et sculptées telles des déesses antiques par le souffle du feu des volcans. Elles affichent leurs formes douces sans aucune pudeur, semblant dire au voyageur : Viens, découvre-nous. Laisse-toi ensorceler…
Nos terres du Cantal sont attirances partagées. Nos terres du Cantal sont émotions intimes, intenses et sensuelles.
J’ai donc accompli le voyage. J’ai appris à les connaître ces terres, avec leurs brumes automnales, leurs neiges aux blancheurs changeantes, leurs herbages aux nuances subtiles, leurs lumières à nulle autre pareilles.
Partout, l’espace façonne l’imaginaire et étale sa poésie. Quand ici, les blocs de basalte ponctuent les étendues de leurs volumes anthracites, ailleurs ce sont les granites ou les schistes qui colorent le paysage. Nous sommes au pays des Géants. Au pays des géants de pierre, au pays des émergences.
Partout, l’infini puise dans le minéral et le végétal. Seul le vent souille le mystère de l’immensité. Parfois une camionnette cabossée revient d’un ailleurs improbable. Le regard des vaches rouges ou blondes vous ramène à la réalité. Nos terres du Cantal sont vivantes. Les hommes et les bêtes s’y côtoient en toute quiétude. Mais qui de l’homme ou de l’animal fut le premier à coloniser ces hautes terres ? Seul quelque Dieu des sommets le sait… ou peut-être quelque Diable sorti d’une légende ancienne.
Sommets cantaliens
J’ai accompli le voyage, vous dis-je. De lacs en rivières. Là où coulent des eaux transparentes comme les robes des fées hantant les précipices. J’ai accompli le voyage. De villes en villages. Surtout de villages en villages. C’est alors que j’ai vu la foi fixée au parvis des églises romanes. Telles des sentinelles en mal de souvenirs, elles accueillent les dernières menettes. Parfois des visiteurs en mal d’Histoire viennent s’y ressourcer, accompagnés par le chant de quelque oiseau.
Eglise romane Saint-Georges (Ydes Bourg)
Nos terres du Cantal ont une âme. Quand on les découvre, à l’heure où le bleu du ciel flirte avec le jaune des gentianes, il vous vient au cœur une envie de bonheur à distribuer.
Daniel Brugès
(Texte inédit)* * *
