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COMPOSITION DES SOURCES MINERALES
Indépendamment des quantités variables de chaleur que les eaux minérales empruntent aux couches profondes du globe, elles dissolvent pendant leur trajet, dans les canaux souterrains qu'elles parcourent, des gaz, des sels et des matières organiques sur lesquels nous allons donner quelques explications qui ne manquent pas d'importance.
Lorsqu'on fait l'analyse d'une eau minérale, on est obligé, pour arriver à connaître sa composition, de déterminer à part les quantités de bases et les quantités d'acides qu'elle renferme. Dans une seconde opération, le chimiste tenant compte des affinités, de la solubilité ou de l'insolubilité, dans l'eau pure, des substances qui ont fourni les précipités, refait, à l'aide du calcul, les sels qu'il avait décomposés pendant ses expériences.
Cette méthode, que nous avons suivie nous-méme dans notre Dictionnaire des Eaux minérales du département du Puy-de-Dôme, afin d'obtenir des analyses comparables à celles des auteurs qui nous ont précédés, n'est pas tout-à-fait exacte; mais elle suffit pour donner aux médecins les renseignements approximatifs qui les dirigent dans leur pratique. Afin de ramener, autant que possible, l'étude de la composition des eaux minérales sur le terrain de la vérité, nous allons indiquer les propositions qui ressortent des faits et expériences empruntés aux ouvrages de Berzélius, ou consignés dans nos Etudes sur Us Eaux minérales de l'Auvergne et du Bourbonnais:
i° Il n'est pas exact de dire et de croire , avec beaucoup de chimistes, que la totalité des acides puissants est absorbée par les bases fortes.
2° L'évaporation de l'eau minérale obtenue à l'air libre ou à l'aide du feu, en chassant l'acide carbonique en excès et en décomposant les bicarbonates , opère des modifications qui font que le résidu salin trouvé dans le creuset n'est plus la représentation exacte des sels dissous dans l'eau minérale naturelle.
3° Dans les sources de l'Auvergne, l'acide carbonique se présente sous trois états différents : à l'état libre, il traverse les eaux minérales sous la forme de bulles qui viennent crever à leur surface ou sous la forme de courants qui les soulèvent et les font bouillonner ; à l'état de dissolution, il rend les eaux gazeuses et leur donne une saveur plus ou moins acidule et piquante; combiné avec la soude , la chaux et la strontiane, la magnésie , l'oxide de fer et peut-être même l'alumine , il fait partie des bicarbonates qui, tant que l'excès d'acide n'a point été dissipé, se comportent absolument comme les autres sels solubles.
i° La presque totalité des acides chlorydrique , sulfurique et phosphorique est associée à la soude et aux traces de potasse que l'on a signalées; nous pensons cependant que , dans l'eau minérale naturelle, des quantités très-petites de ces acides sont unies a la chaux , la strontiane, la magnésie, l'alumine et l'oxide de fer. ce qui doit rendre ces dernières substances beaucoup plus actives.
5" Les phosphates de chaux et d'alumine insolubles dans l'eau distillée, se dissolvent quand ils sont en présence d'une eau fortement chargée d'acide carbonique.
Cette opinion, que nous avons émise dans un travail envoyé à l'Académie de médecine de Paris, à la fin de l'année 1845, a été confirmée par M. Dumas, dans la séance de l'Académie des sciences du 30 novembre 1846.
6° La silice est probablement à l'état de silicate de soude.
7° Une petite portion du protoxide de fer est associée à des matières organiques acides qu'on a appelées acides crénique et apocrénique.
8° Des quantités minimes d'arsenic sont mêlées au fer. C'est dans le dépôt boueux des sources minérales qu'il faut les rechercher.
Nous avons examiné les sédiments abandonnés par quelques-unes des fontaines minérales de la Haute-Auvergne. Voici les procédés d'analyse que nous avons suivis. C'est avec l'appareil de Marsh que nous avons constaté la présence de l'arsenic. La quantité contenue dans chaque litre d'eau est infinitésimale et ne peut nuire à la santé. Au commencement de chaque opération, après avoir introduit le zinc, l'eau et l'acide sulfurique, nous avons enflammé le gaz hydrogène produit; il était parfaitement privé d'arsenic. Après cet essai, le dépôt calcaire et ferrugineux , préalablement traité par l'acide sulfurique pur, afin de détruire la matière organique, a été projeté dans l'appareil, et les taches, quand elles se formaient, étaient reçues sur des assiettes en porcelaine. Ces taches, solubles dans l'acide nitrique, offraient une couleur et un brillant métallique très prononcés.
Les sédiments des sources minérales du Par (Chaudesaigues) et de Vic-sur-Cère ont fourni des taches nombreuses; ceux des fontaines de Ste-Marie et de Teissières-les-Bouliès n'en ont pas donné.
9° La matière organique non combinée aux bases ou aux oxides, est à l'état de dissolution complète au moment où l'eau sort du griffon de la source; arrivée au contact de l'air, elle se sépare bientôt et prend un aspect différent, suivant les localités : à Stalapos, à Néris, elle offre l'apparence glaireuse et la non solubilité du mucus; ailleurs , c'est une mousse verdâtre ou une matière blanc-jaunâtrefilamenteuse , qui s'organise et se transforme en une conferve d'un beau vert.
Examinée au microscope, cette conferve paraît formée de fragments tubuleux articulés les uns au bout des autres. On voit s'agiter autour d'eux des monades, des anguilles, des rotifères et d'autres animaux microscopiques semblables à ceux que l'on rencontre dans les eaux limoneuses des marais.