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Mauriac.

 — La commune de Mauriac est bornée au nord, à l'est et au sud-est par la commune du Vigean ; elle est séparée des communes d'Ally, de Chaussenac et de Brageac par la rivière d'Auze ; elle est bornée à l'ouest et au nordouest par la commune de Chalvignac.

Elle est arrosée par la rivière d’Auze, les ruisseaux d'Artiges, de Marchamp, et par le ruisseau Mauri ou des Ribeyres.

Sans sortir de la commune, on peut observer la série des terrains que l'on trouve dans le Cantal. Les roches gneissiques dominent dans les vallées d'Auze et du ruisseau d'Artiges; on y trouve aussi des micaschistes. Nous devons signaler, dans les bois au-dessous de Verlhiac-le-ieux, un micaschiste avec grenat.

Dans le bois de Corbeil, on trouve de petits filons métalliques qui ont été signalés en 1772 par Monnet, dans les Observations sur la physique, t. 33, p. 321. D'après ce naturaliste, l'un des filons qui court du sud au nord contient du minerai de plomb, pendant qu'un autre qui le croise ne donne que de l'antimoine. On peut observer ces deux filons sur le chemin du moulin de Marty. A quelque distance de ce point, on reconnaît les traces d'une tranchée peu profonde, au bas de laquelle on voit d'assez gros fragments de baryte carbonatée. Les deux filons cités par Monnet ne sont pas les seuls qui existent sur ce point; quelques échantillons isolés de minerai d'une assez forte dimension prouvent qu'il y en a d'autres.

Au XV° siècle, cette mine avait éveillé l'attention de Durand de Fontanges, alors propriétaire du bois de Corbeil. On lit dans des instructions rédigées pour ses successeurs le passage suivant : « Est besoin de vérifier meurement les mines de Corbeil ; car, par la vérification que l'on en fist à Paris, en l'an 1572, a veu l'affineur qui se tenait à la place des Halles, qu'elles étaient fort maigres de argent. Et (faut) y aviser bien avant de entreprendre une ouverture, car ceste entreprise est pour se ruiner entièrement. Si elles se trouvent bonnes, se fauldra contenter de vendre la coppe du bois. » (Archives de Sourniac.) Les conseils de Durand de Fontanges furent suivis par son fils, qui ne laissa pas de descendants, et dont les biens passèrent dans la maison de Scorailles de Roussilhe. Il ne paraît pas, en effet, qu'on ait jamais tenté sérieusement d'exploiter la mine de Corbeil; tout s'est borné à quelques travaux d'exploration.

Il n'en fut pas ainsi d'un gîte de plomb situé au-dessous de Crouzy-Haut, sur le chemin du moulin de Tescou. Il fut exploité, vers l'année 1760, par le marquis de Simiane, seigneur de Miremont; une galerie, qui existe encore, fut ouverte; mais il fut bientôt abandonné, soit à cause de la cherté des combustibles, ou plutôt parce que l'exploitation n'en était pas avantageuse.

Toutefois, on ne doit pas se hâter de porter un jugement et de regarder ces gîtes comme inexploitables; ils n'ont pas été explorés avec assez de soin pour que l'on puisse se prononcer d'une manière définitive.

Une étroite bande de terrain houiller se montre dans le bois de Tribiac, des deux côtés de la route départementale, non loin du pont d'Auze. D'après l'opinion émise par M. Tournayre, dans ce Dictionnaire,ce lambeau se prolongerait au-dessous des plateaux volcaniques, dans la direction du sud au nord, et irait se relier au terrain houiller de la vallée de Jalleyrac. M. Baudin, ingénieur en chef des mines, qui a fait une étude approfondie du bassin houiller de cet arrondissement, a exprimé la même opinion dans une lettre qu'il nous écrivait en 1854. Si 1 opinion de ces deux savants est fondée, comme je suis porté à le croire, cette bande du terrain houiller, d'après sa direction , passerait à une très-petite distance , à un kilomètre environ a l'est de Mauriac.

Il n'en est pas des houilles comme des bois, elles ne se reproduisent pas. Pour le moment, les houillères du Cantal sont improductives; mais, lorsque la houille deviendra rare, que des voies de communication faciles seront ouvertes à notre pays, dans un avenir peu éloigné peut-être, ces mines deviendront une source de richesses. Les travaux d'exploration ont été exécutés dans la vallée d'Auze par M. Laurichesse: quelques galeries ont été percées, des puits peu profonds ont été creusés; la houille se montre sur plusieurs points. Peut-elle être exploitée avantageusement ? C'est un problème qui n'est pas encore résolu.

Le terrain tertiaire existe sur plusieurs points de la commune; il n'a pris un certain développement que dans la vallée arrosée par les ruisseaux de Verliac et d'Artiges. Cette formation, qui n'est que la continuation de celle de Chambres et de Mazerolle, consiste principalement en bancs d'argile. Des lits de calcaire marneux s'observent dans le communal de Tribiac, appelé du Tour, en face du territoire de Chambre et au-dessous du village de Verliac-le-Vieux. La couche supérieure de cette formation se compose d'argile, mêlée à du sable quartzeux. On voit auprès du village de Verliac-le-Vieux les masures d'un four à chaux. On retrouve quelques lambeaux de ce terrain sur les pentes autour de Tribiac, au midi de Mauriac, sur la route départementale, entre le Pont Vert et Tribiac , et dans les héritages voisins, auprès de St-Thomas, au midi du puy St-Mary.

Dans toutes ces localités, les argiles se montrent- seules. On ne trouve pas de trace de calcaire. Il en est de même à La Besse, où le sable argileux domine. Partout, le terrain tertiaire sépare le terrain primitif des nappes volcaniques. Le sable de ce terrain a été employé dans les constructions de l'époque gallo-romaine, probablement après avoir subi un lavage. Les ciments dans lesquels il était entré présentent une grande solidité, ainsi qu'on a pu le reconnaître dans les soubassements de murs antiques découverts, il y a quelques années , dans la ville de Mauriac. Le sable de La Besse est encore employé, mais rarement. Il serait à désirer que son emploi devint plus fréquent; il remplacerait avantageusement les mauvais sables dont on se sert à Mauriac.

Les nappes basaltiques recouvrent tous les plateaux et couronnent les escarpements de la vallée d'Auze, à Tribiac, à Escouaillers, à Croazy. Dans la partie orientale et méridionale, elles reposent sur le tuf trachytique, que l'on ne retrouve plus à l'ouest du puy St-Mary. Sur trois points différents, au Telliolet, au puy St-Mary, au puy qui domine Tribiac, le basalte forme des buttes arrondies; partout ailleurs, il se présente en nappes. Sa structure est quelquefois grossièrement prismatique, mais plus souvent tabulaire.

Le basalte tabulaire est, de temps immémorial, employé comme moellon dans les constructions de la commune et principalement de la ville de Mauriac. On trouve dans les carrières d'Embarges des pierres plates d'un grand échantillon, et dont l'épaisseur est assez régulière pour qu'on puisse les employer à recouvrir des murs, des aqueducs, etc.

Pendant tout le moyen âge, les blocs de trachyte disséminés dans le tuf étaient recherchés; on les employait comme pierre de taille. Les plus anciens édifices de la ville de Mauriac, l'église et quelques maisons, en petit nombre, en sont bâtis. Ce n'est que vers le commencement du XVII° siècle qu'on a cessé de s'en servir, et qu'ils ont été remplacés par la dolérite.

Le plateau basaltique s'incline à l'ouest; la différence de niveau dans toute sa longueur, depuis la butte de Verliac jusqu'au point culminant de Serres , est de 87 mètres, l'altitude du premier point étant de 761 mètres et celle du second de 674 mètres. Les gorges de l'Auze sont beaucoup plus profondes ; au Moulindu-Pont, l'Auze n'est qu'à 436 mètres au-dessus du niveau do la mer. Différence entre le point le plus bas et le point le plus élevé de la commune : 325 mètres.

Il est à remarquer que les hauteurs du puy St-Mary, du Telliolet ou puy Bourzès et du puy de Tribiac sont à peu près égales, le premier ayant 747 mèt., le second 745 mèt. et le troisième 746 mètres d'altitude.

Le sol de la commune est d'une fertilité moyenne: les prairies qui entourent la ville de Mauriac donnent en abondance des fourrages de bonne qualité; celles de la campagne produisent aussi des fourrages très-bons, mais moins abondants. Les terres sont propres à la culture du seigle, du sarrasin, et, sur quelques points, du froment. Le trèfle y réussit bien; il est peu de villages où il ne soit pas cultivé, mais cette culture n'est pas aussi étendue qu'elle devrait l'être. Les terrains incultes occupent une assez grande surface, surtout à l'ouest de la commune. Ce n'est pas qu'ils soient impropres à la culture; avec des engrais, on en retirerait de très-bons produits. Comment s'en procurer? en améliorant les prairies naturelles, en étendant la culture des plantes fourragères, en un mot, en augmentant ses fourrages.