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Document tiré  du Dictionnaire Statistique du Cantal de Déribier-du-Chatelet  Edition de MDCCCLII  (1852) Volume 1/5.

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GENERALITES

 La commune d'Alleuze, allongée du sud-ouest au nord-est, dépend de l'arrondissement et du canton sud de St-FIour. Elle est bornée au nord par les communes de St-Flour et de Villedieu; au sud par la rivière de Trueyre qui la sépare de Sarrus et de Faverolles; à l'est par la rivière d'Andes qui la limite du côté d'Anglards, et par la commune de St-Georges; à l'ouest par celles de Serieys et de La Vastrie. Elle est arrosée par les rivières de Trueyre et d'Andes, les ruisseaux de Serieys, Marsolle, La Bastide, Artis, Levert, Servialle, du Mouguenou, etc.

Son territoire comprend une étendue de 5,800 hectares, dont 2,600 hectares en terres cultivées, d'un produit médiocre, sur un sol granitique et schisteux; 1 ,300 hectares en prés et pacages assez bons; 500 hectares en bois, essences de pins, sapins, hêtres, etc., et 1,150 hectares ou 1/5 de la superficie totale en terres vagues et bruyères.

La population de la commune d'Alleuze est de 625 habitants, distribués en 10 villages, 6 hameaux et 129 maisons.


EGLISE ET CHATEAU

Alleuze, le chef-lieu, à 1 myr. 4 kil de St-Flour, consiste dans l'église, placée sous l'invocation de saint Illide, et les ruines du château fort qui la domine. L'église fut réunie à la manse épiscopale vers la fin du XIIIe siècle; il y avait jadis au même lieu un chapitre de chanoines.

Lorsque Philippe Auguste partit pour la croisade avec le roi d'Angleterre, Henry, duc de Bourgogne; Guy, comte d’Auvergne, des barons et plus de trois cents écuyers, il fit des dons et accorda  des privilèges aux seigneurs de sa suite, parmi lesquels se trouvait le seigneur d'Alleuze. L'un de ces privilèges fut le droit de prélever des dixmes sur les censistaires. Le pape consentit en 1207 à ces concessions.

De même lorsque ce roi envoya combattre les hérétiques ou Bulgares qui inondaient le comté de Toulouse et les pays circonvoisins, le droit de prélever des dixmes fut encore donné aux barons qui s'étaient armés pour cette guerre. Ce droit fut confirmé par Saint-Louis à Aiguesmortes au moment où le prince Français allait s'embarquer pour la terre sainte; il avait été convenu que garnison serait mise dans les châteaux forts en état de défendre l'Auvergne et le Rouergue, et que l'on y logerait les écuyers et les soldats.

Bernard ou Amblard de Mercœur de La Tour, chambellan du roi dans le haut pays d'Auvergne, possédait alors le château et la comptoirie d'Alleuze. Philippe Auguste lui accorda que la forteresse serait gardée dans l'intérêt de la défense contre les Bulgares , et que le seigneur jouirait à l'avenir, pour le comptoirat d'Alleuze , du droit de dixmes et recevrait l'hommage qui y était attaché. Ce droit restait réservé toutefois à la qualité d'écuyer ou lancier, Alleuze étant une des quatre comptoiries d'Auvergne. L'ordonnance royale qui le concédait fut rendue en 1195 et confirmée en 1211. Trente-sept fiefs relevaient du seigneur d’Alleuze, qui avait de belles rentes avec un droit de compteur sur la ville de St-Flour. Les consuls de cette ville devaient lui payer annuellement 20 florins, à la condition que les assises se tiendraient sous la tour de la porte des Lacs, dite la tour anglaise à St-Flour.

Archambaut de Bourbou , connétable d'Auvergne , acheta Alleuze d'Amblard ou Béraud de Mercœur, et, selon les ordres du roi, garnit le château d'écuyers et d'arbalétriers pour la sûreté du pays d'Auvergne et de la ville de St-Flour, ainsi que des seigneuries qui en relevaient et dont les possesseurs étaient tenus de prendre la lance pour le seigneur comptor d'Alleuze,.la défense du roi, et contre toute entreprise des Bulgares sur la ville de St-Flour.

Cette terre fut revendue par les descendants d'Archambaut à l'évêque de Clermont pour lui et ses successeurs, qui la gardèrent jusqu'en 1523. Alors le clergé de France ayant été imposé par le roi, afin de subvenir aux frais de la guerre, Guillaume Duprat la céda à N. de Lastic.

Le titre de comptor d'Alleuze fut disputé aux évêques de Clermont par divers seigneurs du pays; mais ils se désistèrent de leurs prétentions, et, en 1368, dans le conseil secret du duc de Berry, reconnurent aux évêques leurs droits de comptors, avec ceux qu'ils avaient à l'entrée et pour le péage du pont de Saint-Flour.

La forteresse éprouva de grands désastres lors de la guerre contre les Anglais. En 1583, Emerigot Marchez, chef de pillards, à la tête d'une troupe déterminée, s'en empara par surprise. Voici la ruse qu'il employa pour la prendre. Il s'approcha des murs avec douze de ses compagnons déguisés, afin d'examiner si la place était bien gardée; s'étant aperçu, à sa grande satisfaction, que le portier était assis sur un tronçon de bois devant la porte et sans armes, Marcel fit tirer sur lui. Le malheureux ayant été tué d'un coup d'arbalète, la bande courut aussitôt à la porte du château et s'en saisit. Sa femme, toute effrayée, fut enfermée, et, comme le châtelain se trouvait à Clermont, Emerigot resta maître d'Alleuze malgré les habitants de St-Flour et très facilement. Il la garda sept ans pendant lesquels il s'y fortifia; c'était son quartier général et l'entrepôt de ses voleries, dont le pays eut beaucoup à souffrir. Enfin, il traita en 1390 avec Jean d'Armagnac pour une somme de 5,060 livres, d'autres disent 10,000. Mais dans la suite il regretta son marché, car il retirait plus de 20,000 florins par an de la possession de la forteresse, qui servait de centre à ses brigandages. Les Saint-Florins furent des premiers à souscrire pour renvoyer les Anglais et racheter Alleuze. En 1405, sous prétexte que le fort était mal gardé par les gens de l'évêque de Clermont, et que si l'Anglais s'en emparait encore il serait funeste à la ville, Pierre Mercier, bailli des montagnes d'Auvergne pour le duc de Berry, accompagné des consuls et d'une troupe de maçons et de pionniers, vint à Alleuze, y mit le feu et en démolit une partie. L'évêque, irrité de cette voie de fait, exigea des dommages et intérêts. Les habitants de St-Flour furent obligés de lui payer 6,000 livres en 1410, et, par arrêt de la Cour du Parlement, furent en outre condamnés à 500 livres d'amende.

Le château fut réparé en 1536; il fut pris en 1575 par les Huguenots. Pierre Bonnaud en était capitaine en 1587.

Noble Beralde_de Pleaux, veuve d'Hugues de St-Gall, fit, en 1396, hommage à l'évêque de Clermont pour le fief d'Alleuze et ses droits, en ayant été investie par lui. La famille de Lastic a longtemps possédé la terre et la comptoirie, conservant avec soin tous les beaux revenus qu'elles donnaient. Alleuze fut ensuite vendu à un paysan de Vabres qui plaida contre la commune et perdit son procès; c'est elle qui en jouit aujourd'hui.

En 1693 le château consistait en un vieux corps de logis et quatre tours d'un petit diamètre. C'est un carré long, à chaque angle duquel se trouve l'une de ces tours, rondes et élevées. Trois d'entre elles avaient des corps de garde voûtés au premier et au deuxième étage. Dans l'une on remarquait un trou carré dit les Oubliettes et aujourd'hui comblé; on avait percé des canonnières de toute part. Au-dessus des caves du corps de logis s'élèvent deux étages. La longueur du bâtiment est de 120 mètres. Il était entouré de deux murs d'enceinte dont on voit encore les restes. L'accès en était difficile, et l'on assure que des souterrains communiquaient au ruisseau du vallon, permettant ainsi de mener les chevaux à l'abreuvage pendant le siége. La butte sur laquelle se présentent les ruines du fort est presque cernée par deux cours d'eau très poissonneux. L'un d'eux se nomme ruisseau de Redonde.


VILLAGES ET HAMEAUX

Les villages et hameaux de la commune d'Alleuze sont:

La Barge, gros village bâti sur la hauteur, à quelque distance des ruines du château. C'est le lieu où réside le curé; il y a une chapelle assez récente; en 1575 les habitants se révoltèrent, refusant de payer au seigneur la dixme du blé, parce qu'ils avaient été pillés cette année par les Huguenots.

Barry, village dominant les gorges de la Trueyre;

Bessol, village et fief qui appartenait à noble Jean de Sauret en 1692;

Chabriol, hameau et jolie campagne, à feu M. Devèze, savant agronome. Ce domaine contient 700 septerées de terre bien cultivées et une petite vigne dont le raisin mûrit souvent; François de Chazelon était seigneur de Chabriol en 1679.

Estourmel, hameau ;

Font-Berline, hameau appartenant en 1666 à François d'Apchier, seigneur de Loudières et de Font-Berline, et en 1742 à N: Gabriel de Lastic, baron de Faverolles ;

La Geathe, hameau; Laval, hameau et fief qui est resté longtemps à la famille de Montjussieu; N. Armand de Montjussieu, damoiseau, en jouissait en 1345; Jean, mari de Jeanne de Montclar, et seigneur de la Barg, en 1448; Antoine de Montjussieu, en 1543 ;

Langouiroux, village dominant la Trueyre, et possédé en 1686 par N.-Jean de Langeac , fils de Marguerite de Beaufort; moulin Farinoux; moulin de Janot; moulin Moutarde;

Noux, village du côté de La Vastrie, et qui a donné son nom à un beau bois de sapins;

Salles, près delà Trueyre, autrefois dépendant, ainsi que Noux, du mandement de Châteauneuf;

Surgy, village de la plaine, à la famille de Bouniol en 1499;

Vedrines, village dominant un ravin et le lit encaissé de la Trueyre; noble Pierre de Vabres, damoiseau , en fit hommage l'année 1260 à Hugon, prieur du monastère de StFlour. Un village de Griffoulet, situé non loin de Yedrines, faisait encore partie de la commune d'Alleuze .en 1316; il était alors à Geraud Itomeuf, qui en fit son fief à l'évêque de St-Flour. On ne trouve plus de trace de ce village.

La commune d'Alleuze a été démembrée il y a plus de vingt ans; ses démembrements ont été réunis aux communes de Villedieu et de Serieys.

 

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