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Document tiré  du Dictionnaire Statistique du Cantal de Déribier-du-Chatelet  Edition de MDCCCLII  (1852) Volume 1/5.

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GENERALITES

 — La commune de Bonnac fait partic du canton de Massiac et de l'arrondissement de St-Flour.

Elle se développe du nord-est au sud-ouest, et se trouve bornée au nord par celle de Massiac ; au sud par celle de St-Mary-le-Plain; à l'est parcelles de Massiac et de St-Poncy, et à l'ouest parla commune de Molompize.

Elle est arrosée par la rivière d'Arcueil et le ruisseau de Bousselongucs ou de St-Mary, qui se jette dans cette rivière.

Le sol est maigre et le pays fort accidenté. La route nationale n° 9, de St-Flour à Clermont, Inverse du sud au nord le territoire de la commune.

La population de Bonnac est de 815 habitants, répartis dans 13 villages et 183 maisons.

Bonnac, chef-lieu, à 6 kilom. de Massiac et à 2 myriam. o kilom. de St-Flour, est un bourg de 50 maisons, situé sur la rive gauche de l'Areuil ou Arcueil, et non loin, à l'ouest, de la route nationale. 11 y a quelques jolies maisons. Le château se trouve à l'extrémité du lieu.


L’EGLISE

L'église est sous l'invocation de saint Maurice et d'une haute antiquité. Elle est voûtée en partie et a 16 mètres de longueur sur 7 mètres de largeur. Six piliers arrondis, bien sculptés, semblaient soutenir des deux côtés une corniche. Le clocher s'élève sur une chapelle adossée à l'église. Etienne II, évêque d'Auvergne, donna à Aymar, abbé de Cluny en 944, l'église de Bonnac avec ses dépendances. Un Pierre de Bonnac fit don également à Odilon, autre abbé de Cluny , de ce qu'il possédait à Bonnac. En 1059 le droit de table (inconnu aujourd'hui), qu'avait le chapelain de Bonnac, fut cédé à l'abbaye de Cluny.

L'église de Bonnac fut pillée en 1069, ainsi que la maison de l'obédience, et la statue de saint Pierre lapidée à la suite de grands démêlés entre Géraud Lodasus (Loudouse), doyen de Bonnac, ct Béraud, fils de Pierre, bailli de Bonnac, qui agissait pour l'abbaye et habitait la maison de l'obédience. Cette maison représentait le bailliage. Le bailli percevait la dixme des veaux, agneaux, vaches, poules, blés, légumes, lin, raves, laines, etc. Beraud, dont il vient d'être parlé, se fit indemniser du pillage qu'il avait éprouvé, et la paix fut rétablie. Hugues de Rochefort et Pierre de Ribes furent les arbitres du traité. On croit qu'Antoine de Rochefort, père d'Hugues et Marguerite d'Ally, son épouse, érigèrent la chapellenie de Bonnac en prieuré.

Charles d'Escorolles était en 1591 prieur de Bonnac et archiprêtre de St-Flour. Son frère, Antoine, possédait la seigneurie de Mons. En 1614 Jean d'Escorailles occupait le prieuré de Bonnac. Il était seigneur dudit lieu comme prieur et chanoine de l'église collégiale de St-Flour, et encore prieur de St-Girons. Antoine d'Escorolles ou d'Escourolles était prieur en I645 , trésorier et chanoine de la cathédrale de St-Flour. Il avait succédé, dans cette charge, à N.-Pierre d'Escourolles; qui était prieur de Bonnac en 1621. On trouve ensuite Pierre de Molen de La Vernèdc en 1686; en 1774 Raymond-Maurice de Molen de La Vernède, archidiacre de St-Flour , grand-vicaire et abbé de Beanlieu, et N. Barlier en 1789. Ce dernier fut député du chapitre de Chaudesaigues pour assister aux Etats de St-Flour.

La seigneurie de Bonnac appartenait au prieur; mais le château du lieu était habité par la famille de Molen.


LE CHATEAU

Louis de La Vernède, seigneur de Serre, restait en 1657 au château de Bonnac Noble Charles, son fils, seigneur de Vazilles, liabitait St-Flour en 1681. Il épousa, en 1676, Marguerite de Tassy, fille de Jean, conseiller du roi, et de Claude Jourdin. Il avait Mons et le mandement de Roueyre-Vieille en 1698. André de Molcn de La Vernède , Sr de St-Poncy, St-Mary , etc., habitait le château de Bonuac vers 1774. Il avait épousé Agnès de St-Hérem.

Pierre de Molen était officier de dragons; Maurice officier garde-marine; Raymond archidiacre de St-Flour, Thomas et Yves, frères ou cousins du défunt, servaient avec distinction. ,

Le château de Bonnac domine le chef-lieu, et n'a rien de remarquable ni d'ancien. Il a été vendu depuis peu par la famille de St-Poncy, retirée dans le département de la Vendée.


VILLAGES ET HAMEAUX

Les villages et hameaux de la commune de Bonnac sont:

l°La Bcsseyre, village.

2° Chatagnac, village fort éloigné, à l'ouest du bourg et près de la rivière d'Allagnon.

3° Chazeloux, village près du précédent.

4° Coussargues, village aussi, a l'ouest du chef-lieu et vers Molompize. C'était une petite seigneurie qui relevait de celle d'Avenaux. N.-Pierre de Geneste, seigneur de Belvezer , habitait Coussargues en 1610. Sa petite-fille, N.-Françoise Brandon, fut abbesse du Buis en-1611.

5° Croûte, village au nord de Bonnac et vers la rivière d'Allagnon.

6° Moulin-de-Croûte.

7° Grèzes, village près de Coussargues.

8° Luzers, hameau.

. 9° Massadour, village au nord de Bonnac, sur la rivière d'Arcueil et vers Massiac. Il dépendait du prieuré.

10° Pierrefitte, village, vis-à-vis et sur la rive opposée à Massadour. Ce nom indiquerait un monument celtique.

11° Pouzols, village, était ainsi que Pierrefitte, de la justice de Massiac.

12° Tempet, village près de Croûte et autrefois dépendant de la commanderie de Celles, qui aurait appartenu aux Templiers. Le commandeur d'Isserpens, commandeur de Celles, avait Tempel en 1558.

13° Vedrines, village entre Grèzes et Bonnac.


DANS LA REVUE D’AUVERGNE

On trouve dans la Revue d'Auvergne (3 mai 1810) un passage intéressant au sujet de Bonnac et de ses environs. Nous nous faisons un devoir de le reproduire ici:

« Il y a beaucoup à dire même sur ce vallon de Bonnac où nous sommes nés tous deux. Son château a de l'âge. Son abbaye fut célèbre dans des temps plus reculés. Son église est respectable a plus d'un titre; mais, combien elle était plus  fière quand les quatre vents prenaient une harmonie à chacune de ses ouies et l'emportaient aux quatre coins de la paroisse, et peut-il se trouver des hommes pour démanteler cette paroisse, comme on en trouva pour démanteler son clocher. Parlez de son ancien village de Vedrines, dont tous les habitants périrent après avoir mangé d'une énorme anguille fécondée par un serpent. Parlez de cette montagne qu'on aperçoit en remontant sa rivière d'Arcueil, montagne si escarpée et si droite qu'on dirait une muraille jetée là comme une digue à l'eau, aux saillies de laquelle la nature se serait accrochée vivace, s'échappant la de ses interstices en vigoureux mais bizarres jets de chênes et de hêtres, ici la caressant de sa longue chevelure verte ; faites-y remarquer la vieille voie anglaise  taillée dans la paroi comme une galerie. C'est là qu'on entend cette chasse volante,  chasse mystérieuse que nous ne comprenons pas et qui passe la nuit sur nos  têtes avec ses fanfares, ses cris et ses aboiements. Montrez dans nos bois les  ruines de cette ville dont on a perdu le nom. Dites comment, assiégée au-dedans par la peste, elle le fut encore plus malheureusement à l'extérieur par ses voisins, qui fermèrent ses portes et ne laissèrent plus sortir ses citoyens, afin que le mal fût étouffé avec eux.

Maintenant tu dors, ô ma pauvre Auvergne, tes troubadours ont brisé leurs vielles, tes savants ont scellé leurs livres, ta chevalerie a été rasée avec tes vieux manoirs, et le passant siffle avec le vent dans tes cloîtres! Tu n'es pas morte, cependant, oh ! Non, tu n'es pas morte, c'est impossible. Ta figure n'est pas celle d'un cadavre et tu crois encore en Dieu ! Conserve donc toujours l'unité religieuse, et l'unité nationale te reviendra par surcroît!... »

M. le comte de St-Poncy, dans la même Revue (novembre 1840), rapporte une de ces histoires populaires qui, datant à la vérité de fort loin, arrivent jusqu'à nous sans doute défigurées, méconnaissables; mais conservent encore les caractères de la vérité dans leurs traits principaux.

Il est fort possible qu'un habitant des environs de Bonnac ait servi comme soldat, et même avec distinction, sous Vercingétorix; mais avec quelques idées sur les mœurs des Auvergnats d'alors, et cet attachement sans bornes qu'ils avaient pour leurs chefs, on trouve en outre de possible, dans cette histoire, l'existence de Bonnac sur la rivière d'Arcueil, au pied du Mont-Rut, occupé par un collège et un temple de Druides, qui pouvaient avoir attiré saint Mary dans les environs. Les grottes taillées dans le roc, dominant les prairies de Bonnac, témoignent en faveur de cette opinion, généralement accréditée, qui donne aux Celtes de nos montagnes des demeures troglodytiques. Celles-ci présentent un coup-d'œil très-pittoresque.

Ainsi, le lieu de Bonnac offre les caractères d'une ancienneté que beaucoup de villes pourraient lui envier.

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