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DANS LA REVUE D’AUVERGNE

On trouve dans la Revue d'Auvergne (3 mai 1810) un passage intéressant au sujet de Bonnac et de ses environs. Nous nous faisons un devoir de le reproduire ici:

« Il y a beaucoup à dire même sur ce vallon de Bonnac où nous sommes nés tous deux. Son château a de l'âge. Son abbaye fut célèbre dans des temps plus reculés. Son église est respectable a plus d'un titre; mais, combien elle était plus  fière quand les quatre vents prenaient une harmonie à chacune de ses ouies et l'emportaient aux quatre coins de la paroisse, et peut-il se trouver des hommes pour démanteler cette paroisse, comme on en trouva pour démanteler son clocher. Parlez de son ancien village de Vedrines, dont tous les habitants périrent après avoir mangé d'une énorme anguille fécondée par un serpent. Parlez de cette montagne qu'on aperçoit en remontant sa rivière d'Arcueil, montagne si escarpée et si droite qu'on dirait une muraille jetée là comme une digue à l'eau, aux saillies de laquelle la nature se serait accrochée vivace, s'échappant la de ses interstices en vigoureux mais bizarres jets de chênes et de hêtres, ici la caressant de sa longue chevelure verte ; faites-y remarquer la vieille voie anglaise  taillée dans la paroi comme une galerie. C'est là qu'on entend cette chasse volante,  chasse mystérieuse que nous ne comprenons pas et qui passe la nuit sur nos  têtes avec ses fanfares, ses cris et ses aboiements. Montrez dans nos bois les  ruines de cette ville dont on a perdu le nom. Dites comment, assiégée au-dedans par la peste, elle le fut encore plus malheureusement à l'extérieur par ses voisins, qui fermèrent ses portes et ne laissèrent plus sortir ses citoyens, afin que le mal fût étouffé avec eux.

Maintenant tu dors, ô ma pauvre Auvergne, tes troubadours ont brisé leurs vielles, tes savants ont scellé leurs livres, ta chevalerie a été rasée avec tes vieux manoirs, et le passant siffle avec le vent dans tes cloîtres! Tu n'es pas morte, cependant, oh ! Non, tu n'es pas morte, c'est impossible. Ta figure n'est pas celle d'un cadavre et tu crois encore en Dieu ! Conserve donc toujours l'unité religieuse, et l'unité nationale te reviendra par surcroît!... »

M. le comte de St-Poncy, dans la même Revue (novembre 1840), rapporte une de ces histoires populaires qui, datant à la vérité de fort loin, arrivent jusqu'à nous sans doute défigurées, méconnaissables; mais conservent encore les caractères de la vérité dans leurs traits principaux.

Il est fort possible qu'un habitant des environs de Bonnac ait servi comme soldat, et même avec distinction, sous Vercingétorix; mais avec quelques idées sur les mœurs des Auvergnats d'alors, et cet attachement sans bornes qu'ils avaient pour leurs chefs, on trouve en outre de possible, dans cette histoire, l'existence de Bonnac sur la rivière d'Arcueil, au pied du Mont-Rut, occupé par un collège et un temple de Druides, qui pouvaient avoir attiré saint Mary dans les environs. Les grottes taillées dans le roc, dominant les prairies de Bonnac, témoignent en faveur de cette opinion, généralement accréditée, qui donne aux Celtes de nos montagnes des demeures troglodytiques. Celles-ci présentent un coup-d'œil très-pittoresque.

Ainsi, le lieu de Bonnac offre les caractères d'une ancienneté que beaucoup de villes pourraient lui envier.

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