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CHATEAU ET INSURRECTIONS

On remarque auprès de l'église le château de la Trémoulière, qui semble dater de la fin du xv° siècle. En 1598 il se composait d'un corps de logis et de deux tours rondes. En 1685 il y avait une grande tour de plus (sans doute celle de l'escalier), et un grand portail. La terre de la Trémoulière fut formée d'un fief de la Trémoulière qui appartenait à la maison de Tournemine, par la famille de Vigier, qui avait acquis des rentes aux environs. Antoine de Vigier, seigneur de la Trémoulière, était fort riche. U traita en 1592 avec Guy de Montclar pour les honneurs de l'église d'Anglards, où se trouvait la chapelle de St-Antoine, propriété du seigneur de la Trémoulière. Cet Antoine était fils cadet de N.-François de Vigier, seigneur de la Betortillade, près Salers, et de Françoise de Chalvet. Il laissa après lui Jacques de Vigier-de-Prades, seigneur de la Trémoulière, marié en 1593 avec Madeleine de Roffiniac. Son héritier fut Louis de Vigier, seigneur de la Trémoulière, qui épousa en 1638 demoiselle Rose de Pesteil, fille de Jean et de Marguerite de Laroque. Ce mariage lui apporta tout ce qui pouvait compléter la seigneurie de la Trémoulière. Il maria sa sœur Catherine de Vigier en 1630 avec N.-Jean de Montclar, et lui donna la terre de la Trémoulière qui est, depuis cette époque jusqu'à nos jours, restée dans la famille de Montclar. Mais Jean de Montclar n'eut qu'une fille, Renée, qui épousa un seigneur Jacques de Lavergne, et un fils aussi appelé Jean de Montclar, seigneur de la Trémoulière , qui mourut sans postérité en 1685. Alors Jacques-Antoine de Montclar, seigneur de Fournols, hérita de la Trémoulière. Il eut de Gilberte de Montclar Louis de Montclar, seigneur de la Trémoulière, qui épousa Louise Lescurier en 1690. En secondes noces, Jacques-Antoine de Montclar s'unit à la famille de Douhet de Romananges par son mariage avec Claude de Douhet, fille de Jacques et de Jacqueline de La Majorie. .Sa mort arriva en 1716, et son fils Jacques-Antoine, également seigneur de la Trémoulière et marié avec Maronne de Mathieu, laissa la seigneurie à leur héritier, Jacques Dominique de Montclar. Les diverses branches de la famille de Montclar s'étaient, à cette époque, fondues en une seule, et N.-Jacques-Dominique en était l'unique représentant dans la Haute-Auvergne. En 1756 il épousa Claire-Marie du Fayetde-la-Tour, fille de Jean Baptiste, seigneur de la Fressanges la Veissière, etc., et en eut trois enfants, deux fils et une fille. L'aîné, N. de Montclar, seigneur de la Trémoulière, Montbrun et autres lieux, a servi dans la maison du roi, et laissé deux enfants. Sa sœur, demoiselle N. de Montclar, s'est alliée avec N. Planchard de Cussac, officier de cavalerie. Enfin, le troisième des fils de Jacques-Dominique de Montclar, entré dans le sacerdoce, occupait naguères une des cures du Limousin. Le château de la Trémoulière appartient aujourd'hui à M. l'avocat Rongier, de Mauriac.

La famille Lescurier est distinguée à Anglards. Elle était investie de la seigneurie de Fournols, et possède de belles propriétés. La maison Lescurier, avec une petite cour sur le devant, des jardins et des vergers, embellit le bourg.

La place du Foiral est au sud et en plaine. On y remarque deux pierres plates de grande dimension, qui rappellent des souvenirs historiques. D'après la tradition, l'une formait la table sur laquelle se payaient les impôts; l'autre servit de tribune à l'orateur hardi qui s'avisa de proclamer un jour que la paroisse n'en paierait point au roi. Cet appel à la révolte fut entendu et donna lieu à plusieurs soulèvements qui devinrent très funestes aux habitants  d’Anglards.

En 1636 des troubles ayant éclaté à ce sujet dans la prévôté de Mauriac, le seigneur de Beaumevieille , prévôt général, se rendit à Anglards; mais les habitants s'étaient bien armés pour le recevoir. A son approche, on sonna le tocsin; il fut attaqué près du village de Chassières, et quelques archers reçurent de graves blessures. Les Anglardois se tenaient sur les coteaux; ils saluèrent la troupe à coups d’arquebusades, et firent rouler sur elle de grosses pierres. Les archers, accueillis de cette manière, furent forcés de céder, et rentrèrent à Salers par des chemins détournés. Cet état de choses dura plusieurs années. En 1649 le seigneur de Beaumevieille engagea la dame de Noailles à faire poser les armes aux habitants d'Anglards, ses emphytéotes, qui s'étaient encore soulevés. Mais le prévôt, ayant tenté d'appuyer cet avis par la force et s'étant avancé jusqu'à Méallet, subit un rude échec. Les paysans d'Anglards, réunis à ceux d'Ally, de Chaussenac, d'Escorailles, lui livrèrent combat, le battirent, lui tuèrent plusieurs archers du côté de Vendes, et le poursuivirent à outrance. Le grand prévôt fut obligé de se réfugier chez le seigneur de La Garde au château de Sourniac ; il en partit accompagné du seigneur de La Garde , vint à la Ferrière, et de là se retira au château de Pénières, chez M. de Noailles, d'où il regagna bientôt la Basse-Auvergne.

Plus tard encore, en 1657, l'insurrection se renouvela. Dans cette dernière circonstance elle prit de telles proportions, que les troupes royales furent employées pour la réduire. Gaspard de Montclar, seigneur de Monthrun, essaya d'apaiser les paysans; ses tentatives furent d'abord mal accueillies, et il essuya même trois coups de feu. Mais il ne se découragea pas et parvint à les calmer. Alors il implora leur grâce auprès du roi, et Louis XIV lui écrivit à ce sujet, le 16 août 1657, une lettre des plus honorables. Les chefs les plus mutins furent punis.