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Le 6 mai 2018, une émouvante cérémonie s’est déroulée devant le monument aux morts d’Ytrac en présence de Madame Isabelle Sima, préfet du Cantal, de Monsieur Roland Cornet , Maire d’Ytrac, et de nombreuses personnalités civiles et militaires. Il s’agissait de rendre hommage au gendarme Louis-Antoine Fau, né à Ytrac le 27 juin 1912, fusillé en martyr à Portes-lès-Valence (Drôme) le 8 juillet 1944.

Louis Antoine  Fau plaqueAjout du nom Louis-Antoine Fau sur le monument aux morts d'Ytrac monument aux morts Ytracmonument aux morts d'Ytrac

Dans la plaquette de 8 pages, éditée par les Editions Authrefois, Jean-Louis Schaff, co-animateur de l’atelier de généalogie du Centre Socioculturel d’Ytrac précise que . Ces quelques mots résument à eux seuls la démarche qui a abouti à l’ajout, près de 75 ans après sa mort, du nom de Louis-Antoine Fau sur le monument aux morts d’Ytrac.

plaquette Fau Louis Antoine

La courte et terrible histoire de Louis-Antoine Fau commence donc le 27 juin 1912 à 1 h 30 du matin lorsque nait le premier garçon d’Antoine-Louis Fau, meunier de son état, et de son épouse Jeanne, née Verdier, au moulin de Larrière près d’Ytrac, déjà parents de Marie-Antoinette née le 14 février 1907 et de Marie-Denise le 13 mars 1909 (une troisième fille, Jeanne-Elisa, née le 4 mars 1911, est décédée à l’âge de 6 mois, le 1er septembre 1911). Le couple aura une quatrième fille, Marie-Jeanne, en 1919.

C’est entouré des siens que le petit Louis-Antoine grandit au moulin où de nombreux paysans viennent faire moudre le produit de leur travail. Il pratique la pêche d’abord dans l’Authre puis dans la Ressègue ou le Célé quand, après la première guerre mondiale, la famille s’installe au Moulin neuf, sur la commune de Saint-Constant (Cantal).

En 1933, un an après le décès de son père Antoine-Louis Fau, Louis-Antoine, jeune homme de 21 ans, épouse Jeanne Marie Irène Mazières, institutrice, née le 3 mai 1912 à Maurs. Le 11 février 1934 nait le premier enfant du couple, Maurice.

Le dossier militaire de Louis-Antoine, affecté au 32e RI basé à Baraguey-d’Hilliers de Tours (Indre et Loire) le 5 avril 1934, mentionne qu’il se retire à Maurs en octobre de la même année. En 1939, l’élève garde à pied est affecté à la 3e légion de GRM (garde république mobile) puis titularisé garde républicain le 14 novembre 1939. Il est mobilisé du 2 septembre 1939 au 26 juin 1940.

En octobre 1943, il est affecté à la légion de gendarmerie du Dauphiné puis il obtient un poste de gendarme à la brigade de Saint-Donat-sur-l’Herbasse (Drôme) où son épouse Jeanne a été mutée à la rentrée scolaire 1943-1944. En 1944, le gendarme Louis-Antoine Fau quitte l’uniforme et s’engage dans la résistance.

Elsa Triolet Louis AragonElsa Triolet et Louis Aragon

A Saint-Donat. aidé par des résistants locaux dont Jean Chancel, le pharmacien de Saint-Donas, et un chef de la résistance, le commandant Azur, un couple s'est caché du 1er juillet 1943 à septembre 1944, les Andrieux. Peu de personnes savent qu’il s’agit, en fait, de Louis Aragon et d’Elsa Triolet, responsables et plumes de la résistance des intellectuels du sud de la France. On ignore précisément si Antoine-Louis était au courant de l’identité réelle du couple.

L’activité de la résistance est intense dans la région : nombreuses émissions radio (commandant Azur), et première publication clandestine manuscrite d’Elsa Triolet, La Drôme en armes le 10 juin 1944. C’est cette intense activité de la résistance qui est sans doute à l’origine de la présence massive des nazis à Saint-Donat.

Le 9 juin, Louis-Antoine participe à une mission à risque, il s’agit de récupérer des armes et des munitions dans un poste qui semble abandonné au barrage de Pizançon près de Romans (Drôme).

Louis Antoine Fau0001Louis-Antoine Fau sur la bicyclette qui allait le trahir

Le 15 juin 1944, alors que la mission s’est bien passée, Louis-Antoine, qui circulait à bicyclette, est contrôlé par une patrouille allemande, il se dit ouvrier agricole mais la mention « » sur la plaque de son vélo le trahit. Il est arrêté et regroupé avec 76 autres personnes à Saint-Donat. Le maire, Léon Durand, ancien militaire, lui-même arrêté, parvient à faire libérer l’ensemble des otages ... sauf un petit groupe de six dont Louis-Antoine fait partie. Interné et sauvagement torturé au fort de Montluc à Lyon (Rhône) commandé par le terrible Klaus Barbie, il est fusillé à Portes-lès-Valence (Drôme), le 8 juillet 1944 avec 32 autres otages.

DTF

Sources :
Dictionnaire biogrpahique des fusillés, guillotinés, exécutés, massacrés (1940-1944)
Plaquette de huit pages, éditée par les Editions Authrefois (avril 2018), gracieusement offerte par le Centre socialculturel d’Ytrac.
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