Le petit chemin qui mène à la rivière (poème)

Quand les tièdes rayons du soleil printanier
Sur les bords du chemin qui mène à la rivière,
Ont planté dans le pré la jaune primevère
Et que le pissenlit se cueille à plein panier,
Prenez ce beau chemin qui, à flanc de coteau,
S’incruste dans la terre puis dans le plat musarde
Avant de s’engouffrer, pour écouter l’aubade,
Sous les haies et buissons, des cloches du troupeau.
Savourez au printemps, baignés par la rosée
Le bleu myosotis, la modeste violette,
Qui, pour vous saluer, ont pris l’habit de fête,
Dans l’écrin vert du pré où dieu les a posés.
Avant le pont de pierre qui saute le ruisseau
Les genêts tout en or vous livrent le passage
Et dans le frêne neuf l’oiseau lance un message,
Tout heureux de chanter la joie du renouveau.
Flânez les mois d’été, pendant la fenaison,
Et appréciez du foin son odeur naturelle
Au milieu de la gerbe des vertes sauterelles
Qui orchestrent vos pas de leurs grêles chansons.
Mais vous ne verrez plus, peinant sur le chemin,
La charrette de foin que tiraient les deux vaches
Qu’activait le bouvier sans cesse et sans relâche
Du geste et de la voix, l’aiguillon à la main.
Empruntez le chemin quand pousse le regain,
Quand le bois prend à l’or ses couleurs les plus belles,
Quand, au milieu des prés, la blanche coulemelle
Déploie son parapluie à portée de vos mains.
Découvrez dans la haie, sous la feuille qui meurt,
Pointant de son écrin la noisette si dure,
Cueillez dans le roncier la savoureuse mûre
Que l’épine pointue protège avec ardeur.
Soyez donc courageux et prenez le chemin
Quand la nature dort sous la couche de neige,
Le calme sous le froid, tout est plat et sans piège,
Ne pensez qu’au printemps qui sera là demain.

Jean-Baptiste Manhes