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Plusieurs arbres de Noël ont déjà été organisés à Aurillac avant 1918 mais cette année-là fut celle de la première apparition (répertoriée) du Père Noël dans le Cantal. On la doit à deux américaines, déléguées de la Croix-Rouge Américaines, arrivées à Aurillac en février ou mars 1918, « pour apporter une aide spontanée et généreuse de la grande république alliée » aux réfugiés.

Un article rédigé par Claude Grimmer dans le tome 76 de la Revue de la Haute-Auvergne nous confirme que c'est en 1918 que les Cantalous ont vu le Père Noël pour la première fois :

"Il (le Père Noël) arrive dans les bagages de deux américaines… En décembre 1918 en effet, à Aurillac, un arbre de Noël des réfugiés et des pupilles est offert par la Croix-Rouge américaine et animée par Miss King* et Miss Matheson. Les enfants ne peuvent être accompagnés. Cinq cents petits réfugiés et pupilles se pressent à cette fête enfantine au cinéma Pathé Frères, rue Jules-Ferry. Des guirlandes multicolores courent le long des murs tandis qu'un grand sapin enrubanné et scintillant de bougies et d'ampoules électriques a été dressé. Il porte au sommet une bannière étoilée et le drapeau français. Les bambins sont émerveillés. Un choeur de douze enfants interprète des chants de Noël... Soudain, le Bonhomme de Noël saute sur l'estrade : avec son manteau rouge garni d'une fourrure, ses bottes de cuir, il est encapuchonné, laissant paraître sa barbe blanche. Il distribue à chacun un jouet, une friandise et un paquet d'étrenne utile. On crie à plusieurs reprises : Vive l'Amérique ! Cette même fête a lieu également à Saint-Flour, Mauriac, Murat, Maurs et Massiac, en une sorte de tournée américaine" comme nous le raconte Germain Pouget dans son ouvrage Le Cantal dans la Grande Guerre (société de la Haute-Auvergne, mémoire 6, p. 228-230) :

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Le mardi 24 décembre 1918 dans la salle du cinéma Pathé, un arbre de Noël est organisé "avec un grand sapin décoré et des bannières étoilées qui flottent à côté des banderoles aux couleurs françaises et alliées. 500 petits réfugiés et pupilles de la Nation sont invités. Nombre d'entre eux n'ont jamais rien vu d'aussi beau et lorgnent les brioches, le chocolat et les mandarines. Un Bonhomme de Noël [peut-être le premier] vêtu d'un manteau rouge, botté, avec une longue barbe blanche apparaît. La distribution se fait par les soins des jeunes filles de la Croix-Rouge : jouets, friandises, étrennes utiles pour chacun. Les petits entourent Miss King et Miss Matheson, qui ont trouvé dans la spontanéité de ces manifestations enfantines la juste récompense de leur inépuisable bonté et de leur dévouement sans bornes. Elles peuvent être certaines que personne ne les oubliera".

Selon Claude Grimmer (RHA, tome 76, p. 336-338), une fête similaire eut également lieu à Saint-Flour, Mauriac, Murat, Maurs et Massiac, "en une sorte de tournée américaine". Leur mission accomplie, les déléguées américaines quittent Aurillac le 1er janvier 1919 pour la Roumanie. Plusieurs centaines de réfugiés les accompagnent à la gare. Voici la transcription de leurs derniers mots : "nous ne voulons point quitter Aurillac et le Cantal sans adresser notre adieu le plus ému à ce beau coin de France où nous avons trouvé un accueil si large et si franc, si délicieusement amical et où nous laissons en partant beaucoup de nous-mêmes".

* Miss King fut la délégué de la Croix-Rouge américaine à Aurillac

DTF, mise à jour décembre 2025

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