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10 La continuité du service public

et  l’égalité de traitement pour les citoyens.          


Parce qu’ils ont choisi de vivre dans des territoires particuliers, certains Français mériteraient d’être mieux traités que la majorité de leurs concitoyens. Je veux parler de tous ceux qui habitent nos campagnes.

Depuis bien longtemps je me suis fait des amis dans les communes où j’ai vécu en soulignant combien nous, les ruraux, nous coûtions cher à la collectivité.

Des terrains de foot et de tennis ont fleuri dans les zones désertées par les enfants et les ados : «  nous aussi nous avons bien le droit… »

Des piscines ont été creusées, et des gymnases bâtis, parfois même deux par canton : « pourquoi pas nous… ».

Pas une seule commune rurale n’est restée sans salle polyvalente.

Alors que des centaines de milliers d’enfants et d’ados des banlieues n’ont ni salle d’activité, ni terrain de sport !

Tous ces équipements ont été fortement subventionnés par les deniers publics. On me disait : « ce sont des fonds européens », comme si cette origine lointaine des crédits effaçait la nécessité de vérifier l’équité de leur distribution. Un bon nombre des salles ne sont utilisées… qu’une fois par an… par une douzaine de personnes !

Nos écoles accueillent quelquefois cinq à dix élèves pour qui sont mobilisés un instituteur, une aide pour les maternelles, une cantinière, un chauffeur de car… Les locaux sont entretenus et chauffés grâce aux dotations gouvernementales et aux subventions régionales et départementales… Le car de transport des élèves (ramassage est un mot plus adapté pour les ordures) passe parfois devant un groupe scolaire important pour « alimenter » deux écoles à faible effectif regroupées : comme entre Cayrols et Roumégoux dont les enfants traversent le Rouget. Où est l’intérêt des enfants ? Ils pourraient recevoir une éducation largement ouverte au contact d’un nombre important d’enfants au lieu de rester avec leurs seuls frères, soeurs et cousins jusqu’à l’âge de 11 ans. Le personnel libéré pourrait renforcer l’équipe du bourg centre pour un travail de qualité. Mais, bien sûr, les vieux des villages n’entendraient plus les cris des enfants à la récré. Argument imparable. Nous savons tous que dans les villes et les banlieues les classes sont surchargées.

Les campagnes seraient tellement agitées qu’il y faudrait une brigade de gendarmerie pour la sécurité de trois à six mille personnes alors qu’en banlieue un seul commissariat doit veiller sur 100 000 habitants.

Si on ajoute à toutes ces dépenses l’entretien des routes pour les hameaux déserts, des lignes téléphoniques et des réseaux d’eau pour les résidences secondaires, ainsi que le transport du courrier aux maisons isolées, les remboursements des déplacements des médecins, des infirmiers, des aides à domicile…

La note est lourde même si j’ai oublié bon nombre de services.

Des économistes ont certainement calculé la différence des dépenses publiques pour un habitant d’un village cantalien par rapport à celles qui sont engagées pour un banlieusard. Cinq fois ? Dix fois plus pour nous ?

On vient de nous répéter, lors des élections sénatoriales, combien est forte la représentation du milieu rural dans les assemblées nationales. Un élu représente souvent deux à trois fois plus d’électeurs en milieu urbain.

Et nous, les Cantaliens, nous plaignons de ce que la continuité du service public ne soit plus ce qu’elle était au temps où les cheminées fumaient dans toutes les maisons et où les classes débordaient d’élèves.

En quoi méritons-nous d’être tellement mieux traités que les gens des villes ?

Ce que je préconise ?

Rien. Si ce n’est un peu de retenue dans nos récriminations et nos exigences.

 

 

 

 

JC Champeil