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En septembre 1987, Germain Pouget a recueilli divers articles dans les journaux locaux tels que l'Indépendant du Cantal, le Cantal Républicain ou l'Avenir du Cantal (Cotes J10 & J14 aux A.D. 15) et les a commentés. Ce travail est à retrouver ci-après.

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Un précurseur : dès 1784, soit 10 mois seulement après l'envol du premier engin des frères Montgolfier (4 Juin 1783), les Aurillacois ont pu admirer le départ des deux ballons de l'abbé Louis MURAT !

La montgolfière de l'abbé Louis Murat

L'abbé Louis Murat était un enfant de la Ville d'Aurillac, où son père exerçait la profession de maréchal. Professeur de 4e au Collège, il fut désigné, en 1782, régent de la classe de 3e, poste qu'il occupait encore à la Révolution. Tout en enseignant les belles lettres, ses goûts personnels le portèrent à étudier les sciences exactes. Il fit d'abord des essais de ballon aérostatique dans la cour du Collège, puis le 12 Mars 1784 après-midi, sur le foirail de cette ville (1), près du Couvent des Cordeliers a été lancé un ballon de papier formé de deux pyramides quadrangulaires tronquées, l'ouverture inférieure étant de 4 pieds carrés. La hauteur de l'aérostat était de 8 pieds et demi. Des 4 angles partaient des fils de fer qui portaient un réchaud rempli de papier imbibé d'huile, auquel on mit le feu aussitôt que le ballon parut suffisamment rempli de gaz. Il monta rapidement, un peu incliné, se redressa quand il fut parvenu à la hauteur d'environ 300 toises (NDLR : approximativement 580 m) et monta si haut qu'il ne paraissait pas plus grand qu'un oeuf de poule. Il tomba à Massigoux, à une demi-lieue.

Immédiatement après, le sieur Abbé Murat a lancé un ballon. Cet aérostat était de même forme et matière, et rempli comme le 1er d'un gaz, mais ayant 600 pieds cubes. Il s'est élevé en droite ligne à la hauteur de 600 toises (NDR : approximativement 1160 m) et il est allé tomber près de l'Hôtel de Ville.

Grisé par le succès, l'Abbé Murat distribue un prospectus pour une souscription de 2438 livres (NDLR : approximativement 40 000 euros) afin de fabriquer un aérostat sphérique de 45 pieds de diamètre, en toile, pouvant enlever un poids de 1 864 livres ! et prétendant "le diriger à volonté même contre le vent". Il prévoit 300 livres pour "les machines et ressorts propres à diriger le ballon". Mais la souscription ne fut point remplie.

montgolfiere cours angoulemeDépart d'une montgolfière cours Angoulème à Aurillac (cliché Parry)

Les ballons libres

Je n'ai pu recenser tous les ballons qui ont survolé le Cantal. En voici quelques-uns signalés dans les journaux :

  • AURILLAC : pour fêter les nombreux succès des cycles "GLADIATOR", la maison Siquier à l'honneur d'informer le public qu'il sera procédé dimanche 30 juillet 1899 à 7 heures et demie du soir au lancement d'un superbe ballon de 5 mètres de hauteur "Le Gladiator", construit par M. Arnouil, mécanicien de la maison. Le départ aura lieu Place du Palais non loin de la statue des Droits de l'Homme.
  • MONTMURAT : ce matin, mardi 7 novembre 1899, il a été aperçu à une grande hauteur, un magnifique ballon semblant venir du côté de Rodez, et se dirigeant vers Mauriac. On distingue parfaitement la nacelle. D'où venait cet aérostat ? Mardi soir, un aérostat monté par un lieutenant du 2e régiment du génie a atterri près de Bourbon-l'Archambault (Allier). Parti de Montpellier la veille, à 2 heures du soir, il est tombé mardi à 4 heures de l'après-midi, après avoir franchi plus de 450 km.
  • MAURIAC : 2 aéronautes bien connus, MM. de la VAUX (NDLR : l'un des fondateurs de l'Aéroclub de France, également co-fondateur de la société Zodiac) et HERVE partis lundi soir 27 octobre 1902 de Paris, ont atterri sans accident près de MAURIAC mardi après-midi à 2 heures. Le ballon "L'AEROPLANE II", cubant 1500 m3, a suivi la direction nord-sud et a dû franchir le massif des Monts-Dore à une altitude de 3400 m au moins. Ils ont jeté l'ancre dans un pré, près de la ferme de Reyt, ont dégonflé l'aérostat, et chargeant tout l'attirail sur un char à boeufs, l'ont fait conduire à la gare de Mauriac, d'où ils sont repartis pour Paris.

Henri dela Vaux aeroclub franceHenri de la Vaux, l'un des fondateurs de l'Aeroclub de France

  • AURILLAC : le ballon "LE FETICHE", qui rata l'ascension le 14 juillet (pour la fête de l'inauguration du monument aux morts de la guerre 1870-71, est parti dimanche 19 juillet 1903, et est allé tomber à Gourdièges, canton de Pierrefort, sans accident pour l'aéronaute M. CORMIER.
  • ST-MARTIN-CANTALES : Un superbe ballon, parti de Bordeaux, lundi 1er juillet 1907 dans la soirée, a atterri au pont du Rouffet. Il était monté par 3 personnes dont une dame. Le cantonnierMaurisanne a aidé à l'atterrissage en amenant l'aérostat au milieu d'un champ. Le dégonflement opéré aussitôt, les navigateurs aériens firent transporter leur matériel, du poids de 500 kg, à la gare de St-Illide, où ils ont pris le train pour Bordeaux.
  • AYRENS : la commission sportive de l'Aéro-Club de France vient de terminer le classement du concours de distance du 16 mai 1908, pour ballons petits cubes. M. François PEYREY, dont le ballon "INCH-ALLAH" est descendu à AYRENS, soit à 430 km 756 de Paris, a obtenu le 2e prix. Il était monté par 2 passagers qui ont débarqué sains et saufs. Après avoir fait constater l'heure de leur arrivée, ils se sont embarqués avec leur ballon à la Gare de Nieudan-St-Victor.
  • SAINT-FLOUR : dimanche 24 mai 1908, un ballon sphérique, "Archimède", jaugeant 900 m3, atterrissait aux environs de la ferme de Montagut près de St-Flour. Les 2 pilotes, MM. Georges BLANCHET et GILBERT, des voisins, étaient partis du parc de St-Cloud la veille au soir. Ils participaient à la course de distance organisée par l'Aéro-Club de France. Le ballon dégonflé et la nacelle, le tout formant un poids de 350 kg, ont été transportés à la gare pour être expédiés à Paris.
  •  SAIGNES : mardi dernier 13 juillet 1909, de grand matin, un monsieur fatigué, transi de froid, se présentait à l'hôtel B... et demandait une tasse de lait très chaud. Parti la veille, en ballon, de la Châtre (Indre), il avait atterri à 1500 m environ du bourg de Saignes. Un peu inquiet, il appela au secours. Seuls quelques ruminants, parqués tout à côté, répondirent à son appel. Notre infortuné voyageur dut passer le restant de la nuit piteusement blotti au fond de sa nacelle. Après avoir soigneusement lesté et l'estomac et le ballon, il reprit le chemin des airs, en présence d'un grand nombre de curieux qui lui souhaitèrent bon voyage ... jusqu'à Pailherols. Un ballon a atterri près des bois de Vareilles. L'aéronaute qui le montait était originaire du Cher. Il était parti lundi vers les 3 heures, et était enchanté de son voyage.
  • SAINT-FLOUR : au cours de la fête organisée pour l'inauguration de la ligne de St-Flour - Brioude, lundi 11 juillet 1910, sur la Place de la Rivière, ascension du ballon "La Ville de St-Flour" monté par le capitaine Raoul Pitault.
  • AURILLAC : fête du 14 juillet 1911. RALLYE-BALLON cyclopédestre, organisé par M. Plat, avec le concours du "Vélo Montagnard". Place Gerbert se trouvait le ballon du "Petit Journal", dont le gonflement avait été plat commencé dès 6 heures du matin. Ce ballon mesurait 1800 m3. Il avait comme chef-pilote M. Paul LEPRINCE, de l'Aéro-Club de France, et comme aide-pilote M. Lacoste, mécanicien. 2 lieutenants du 139e R.I., MM. de Perseval et Michaud les accompagnaient. Le départ fut réellement impressionnant. Le ballon prit aussitôt la direction du Puy Courny que la foule avait envahi pour suivre le ballon dans sa course. Celui-ci tombait vers 5 heures et demie au village de Cols, commune de Junhac, à 30 kms d'Aurillac, où ne tardaient pas à arriver ceux de nos compatriotes qui l'avaient suivi en automobile.
  • MAURS : le voyage en ballon de "La Ville de Decazeville-, lancé le jour de la fête, s'est effectué sans gros incidents. Les aéronautes ont pu atterrir dans le Cantal, aux environs de Maurs, près d'une ferme isolée, dans laquelle ils ont trouvé une accueillante hospitalité. Après avoir transporté leur ballon en gare de Maurs, les aéronautes sont revenus à Decazeville, mardi 16 septembre 1913, pour regagner Paris le soir par le train.
  • AURILLAC : le 14 juillet 1914, à 5 heures exactement, sur la Place Gerbert, un superbe ballon monté par M. LASSAGNE et Cie (aérostation et aviation), accompagné d'un de ses aides, s'est élevé, majestueux. Des cris d'admiration étaient poussés par des milliers de spectateurs massés sur la promenade du Gravier, le Champ de Foire et jusque sur les hauteurs du Bois de Fage. L'atterrisage eut lieu à Nozerolles, après une promenade aérienne d'une demi-heure environ. Les aéronautes laissèrent souvent tomber des petits drapeaux tricolores, et un parachute d'assez grande dimension, à la base duquel se trouvait suspendu un mannequin, partit également de la nacelle, et descendit lentement au dessus du Champ de Foire.

Il n'existe pas pour le Cantal de cartes postales représentant des ballons, si recherchées par les collectionneurs, seulement des photos, non datées, de M. Parry (photographe installé avenue de la République à Aurillac) représentant les préparatifs et l'envol d'un sphérique, place Gerbert. Des recherches à faire ...

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Evènements du XVIIe au XIXe siècle