cp

Grâce aux actes notariés en notre possession, nous savons qu’au XVe siècle, l’habitat était dispersé, proche d’une source ou d’un point d’eau. Au commencement était le boriage, domaine comprenant l’exploitation, c’est–à-dire les terres (pâturages, prés ou bois selon le cas), la maison du cultivateur et ses dépendances. Les boriages étaient reliés entre eux par tout un réseau de petits chemins. Puis au fil du temps, en fonction de l’agrandissement des familles et des mariages, le boriage a parfois évolué vers le mas, ancêtre du hameau, le lieu-dit d’aujourd’hui.

maison rurale boletMaison à bolet

Le bâti

Les maisons, différentes par leurs formes, leurs dimensions, leurs tailles ou encore le nombre d’ouvertures, avaient ceci en commun, d’être toutes construites à partir des matériaux disponibles sur place. Le granite en Margeride, le schiste en Châtaigneraie ou encore le basalte en Planèze. Les murs étaient très épais, le linteau en pierre massive quand elle était disponible, en bois dans le cas contraire. La toiture en chaume présentait de nombreux inconvénients, il fallait la renouveler régulièrement et elle prenait feu, et partait en fumée, très facilement. La lauze, appelée à l’époque tuile grise ou tuile du pays, chapeautait les toits pentus, tandis que la tuile ronde, la canalatz ou tuiles d’Aurillac, ornait les toits de pente moindre. A partir de 1347, une règlementation très pointue a entouré sa fabrication, sa cuisson étant entre autres contrôlée de très près par deux prudhommes. Puis l’ardoise corrézienne a peu à peu remplacé la lauze à partir du milieu du XIXe siècle, son acheminement ayant été facilité par l'arrivée des chemins de fer.

L’aménagement intérieur

Les ouvertures sont rares et petites, une porte étroite, un fenestron au-dessus de l’ayguière (l’ancêtre de l’évier au centre de la souillarde) et une petite fenêtre dans le mur opposé. A l’intérieur de la pièce unique, le cantou pour le chauffage et la cuisson des aliments, un renfoncement pour accueillir la souillarde, l’ancêtre de notre cuisine, enfin une ou plusieurs alcôves fermées de rideaux qui isolaient les lits du regard, bien peu du froid.

maison rurale souillardeLa souillarde et l'ayguière (au fond au milieu)

Bien qu’il soit hasardeux de généraliser, on peut considérer que la maison rurale est souvent accolée à l’étable dans l’est cantalien et plus précisément dans les zones montagnardes, tandis que dans l’ouest et, dans un moindre mesure, dans la vallée de l’Alagnon, elle en est dissociée. Il y a quasiment autant de classements que d’auteurs, nous nous en tiendrons aux trois types suivants :

La maison bloc à terre

Typique des zones de montagnes, maison d’habitation et étable sont alignées et partagent le même toit, souvent pentu et couvert de lauze. Dans ces zones soumises à de rudes hiver pouvant durer jusqu’à 8 mois, certains bâtiments bloc à terre sont construits en équerre.

maison rurale barriadeMaisons bloc

La maison bloc en hauteur

L’étable de taille modeste occupe le rez-de-chaussée et abrite un cheptel généralement peu nombreux, un cochon, quelques moutons … Le premier étage sert d’habitation au paysan propriétaire ou au journalier. Il y accède par un escalier extérieur qui débouche sur une galerie couverte à balustrade, le bolet. A l‘étage au-dessus, se trouve le plancadou, sorte de grenier qui servait à entreposer les petites récoltes telles que les châtaignes.

maison rurale escalierEscalier de maison à bolet

Les familles s’agrandissaient et l’on prévoyait pour tous du terrain pour « faire leurs édifices »*, c’est ainsi que sont apparues les barriades, enfilade de maisons mitoyennes, née d’un double souci économique, garder la main d’œuvre familiale sous la main et faire l’économie d’une quatrième mur.

maison rurale barriade2Barriade de maisons à bolet

La maison indépendante

Elle est indépendante car séparée des annexes de la ferme. En forme de parallélépipède, elle est de plain-pied. Son imposante toiture descendante, à 2 ou 4 pans, percée ou non d’une ou deux lucarnes, abrite généralement le grenier.

maison rurale independanteMaison rurale independante

En guise de conclusion

Cet habitat rural aux multiples visages fait partie intégrante de la richesse patrimoniale du Cantal au même titre que les granges et les burons. Certaines maisons, abandonnées, s’effondrent offrant un paysage de désolation, d’autres sont des résidences secondaires, trop rarement ouvertes, d’autres encore sont achetées, rénovées et habitées par quelques amoureux des vieilles pierres, néoruraux ou retraités.

* La région d'Aurillac au XVe siècle (Léonce Bouyssou, Société des lettres, sciences et arts "La Haute Auvergne", Aurillac)

 

Pin It

Patrimoine rural

  • A la découverte du buron de La Béliche

    La planèze de Salers est un plateau basaltique qui s’étend sur un très vaste espace entre les deux vallées profondes de la Maronne et du Mars. C’est un pays d’estives où les troupeaux de bovins de... Lire la suite
  • Au pays des sécadous et de l'arbre à pain...

    La Châtaigneraie cantalienne située dans la pointe sud ouest du département s'étend essentielement sur les cantons d'Arpajon-sur-Cère, de Maurs, de Saint-Paul des Landes et sur quelques communes... Lire la suite
  • Cros de Ronesque et son patrimoine

    La commune de Cros-de-Ronesque qui fait partie du Carladès a été créée en 1846 par rattachement de la Commune de Ronesque à Cros-de-Montamat, elle prit alors le nom de Cros de Ronesque. Elle est... Lire la suite
  • Des "maisons d'école" partout, partout !

    Dans 506 agglomérations du Cantal, aux XIXème et XXème siècles, des écoles publiques ont été créées ; pour qu'elles puissent accomplir leur mission, dans 471 de ces localités des "maisons d'école"... Lire la suite
  • Des trous dans le Cantal !

    Nous ne parlerons pas de ces galeries creusées par nos amies les taupes ou leurs cousins les campagnols mais de gouffres, carrières, souterrains,caves, ouvrages divers naturels ou édifiés par... Lire la suite
  • En Haute-Auvergne à la veillée de Noël

    Reportage, en 1969, en Haute-Auvergne à la veillée de Noël. Les convives habillés en costume traditionnel jouent aux cartes en mangeant des bourriols tandis que l'un d'entre eux raconte une histoire... Lire la suite
  • Gardiens de nos montagnes

    Vous êtes disséminés un peu partout, sur les Monts du Cantal, les Monts Dore, le plateau du Cézallier et le plateau de l'Aubrac. Depuis des siècles vous surveillez des étendues sans fin, isolés de... Lire la suite
  • Granges-étables

    La grange-étable est un des incontournables du Cantal. Tantôt accolée à l’habitation (Cézallier, Planèze ou Margeride) ou perpendiculaire (Aubrac), tantôt indépendante (Xaintrie, Châtaigneraie ou... Lire la suite
  • L'eau et son patrimoine

    L’eau est un bien vital, précieux, qui appartient à tous mais de manière très inégale à travers le monde. Malheureusement bien des personnes ne l’apprécient pas à sa juste valeur or il est... Lire la suite
  • L'école de Clémence Fontille

    A mi-chemin entre le bourg de Ruynes en Margeride et le célèbre viaduc de Garabit, se situe le hameau de Signalauze qui autrefois possédait une école, quelque peu isolée en retrait des habitations. En 1870,... Lire la suite
  • Le mobilier du Cantal

    Les meubles de toutes les époques nous entourent. Nous les côtoyons au quotidien et pourtant nous ignorons souvent leur diversité et leur histoire. Le Cantal est un département très riche de ce... Lire la suite
  • Le moulin à vent de Celoux

    Le moulin de Celoux, unique moulin à vent du Cantal, se situe à 1100 m d’altitude et offre un magnifique point de vue sur les monts du Cantal et la Margeride. A l'abandon depuis plus d'un siècle, il... Lire la suite
  • Le patrimoine du Carladès

    Le Carladès est un territoire doté d’un riche patrimoine qui s’étend sur le versant sud des monts du Cantal mais qui pénètre aussi sur le département voisin de l’Aveyron où il se nomme Carladez. Il... Lire la suite
  • Les fours banaux

    Les fours banaux nous ramènent à la période féodale lorsque les seigneurs mettaient à disposition des habitants des campagnes des équipements communautaires parmi lesquels le four. Etant propriété... Lire la suite
  • Les Greeters... vous connaissez ?

    Les Greeters sont des bénévoles amoureux et passionnés de leur ville ou de leur région qui ont plaisir à accueillir des visiteurs comme ils accueilleraient des amis.  Ils offrent de leur temps pour... Lire la suite
  • Les moulins

    Dans un pays de moyenne montagne comme le Cantal, on pourrait s’attendre à découvrir des moulins à vent, or ceux-ci sont pratiquement inexistants, ils n’ont jamais atteint la dizaine. D’après le... Lire la suite
  • Les toits du Cantal

    En parcourant les routes du département, vous pourrez découvrir les différents toits du Cantal. Voici leur  histoire. Jusqu’au XIXe siècle les grands axes routiers ne passaient pas au cœur des... Lire la suite
  • Maisons rurales cantaliennes

    Grâce aux actes notariés en notre possession, nous savons qu’au XVe siècle, l’habitat était dispersé, proche d’une source ou d’un point d’eau. Au commencement était le boriage, domaine comprenant... Lire la suite
  • Rénovation d'une toiture en lauzes

    Dans le Cantal, les granges-étables – étable au rez-de-chaussée, grange à l’étage - les plus anciennes encore visibles remontent au XVIe siècle mais, hélas, elles disparaissent peu à peu faute... Lire la suite
  • Un Moaï dans la vallée de la Bertrande !

    Les Pascuans, descendants des Rapa Nui, premiers habitants de l’île de Pâques, n’ont pas l’intention, paraît-il, de prêter un de leurs fameux Moaï* pour une exposition à Paris et c’est bien dommage... Lire la suite
  • Villages de montagne

    Ces villages sont de véritables modèles de l'architecture traditionnelle des Monts du Cantal, représentatifs de l'habitat de nos montagnes. Ils méritent le détour. Dans la vallée de la Cère : Chaumière... Lire la suite