cp

 

3.3 5

La nuit estompe peu à peu les terres survolées dont il ne reste bientôt plus que les lumières des villes et villages.

« Carine ! Regarde ! La neige ! »

Nous survolons les Alpes.

Un tapis de nuages me rend à mes pensées.

La jeune Indienne dort. Carine sommeille contre mon épaule.

« Mesdames et messieurs nous allons bientôt arriver à Orly. Veuillez attacher vos ceintures. »

Une foule considérable bloque la sortie. Y aurait-il une vedette dans l’avion ?

Ce sont simplement les familles qui attendent les arrivants.

Nous traversons la haie colorée. La Réunion parisienne attend celle qui débarque. Les Blancs des Hauts sont là, et les Cafres, mêlés aux Z’arabes et aux Malbars, avec tous les Métis dont on ne peut deviner quelle part de leurs ancêtres prédomine.

On s’embrasse. On pleure. La jeune amie de Carine disparaît, entraînée par un groupe. Elle a déjà oublié celle qui l’a écoutée. Plus tard elle se souviendra, regrettant de ne pas l’avoir embrassée.

Ma sœur est là.

Elle a quitté son poste au garage pour venir nous chercher. Nous échangeons les nouvelles en regardant les bagages défiler sur le tapis roulant.

Carine lui a pris le bras. Elles se connaissent depuis l’adolescence. C’est chez ma sœur et son mari que nous avons passé nos derniers jours en Métropole.

La circulation est fluide à cette heure où les travailleurs ont retrouvé leurs ateliers et bureaux.

Nous évoquons notre besoin de voiture. La professionnelle prend aussitôt l’affaire en charge. Nous devons dire la marque, le type, l’année, la couleur… Nous ne répondons que par le prix. Le reste ne nous importe pas.

« Si vous mettiez un peu plus vous seriez sûrs de ne pas avoir d’ennui. En la revendant vous récupérerez la différence. »

« Raisonnement imparable. C’est toi qui sait.»

« Vous pourrez venir choisir demain. »

« Celle que tu nous indiqueras sera la bonne. »

« Même en la connaissant pour l’avoir entretenue, il reste un risque. Je ne voudrais pas qu’ensuite… »

« Quoi qu’il arrive nous te serons reconnaissants de nous avoir aidés. »

Aussitôt informé de notre demande, mon beau-frère pose les mêmes questions auxquelles ma sœur répond à notre place. Ils s’enflamment dans une discussion entre spécialistes.

« La Peugeot de monsieur… »

« Non ! Il conduit trop mal. Il a pu la malmener. La Renault est mieux… »

« Elle en demande trop… »

« Je la raisonnerai… »

Quand nous passons à table, le sujet n’est toujours pas épuisé.

Comment vivront-ils leur prochaine retraite ? Depuis tant d’années leurs journées s’envolent dans le stress et l’urgence. Les week-ends les laissent épuisés. Deux semaines par an de voyages exotiques ne suffisent pas à les reposer. Leur vie se perd ou se gagne ainsi. Ils ont beaucoup travaillé pour se retrouver à la tête d’une belle affaire. Une villa au bord de la mer les accueille en coup de vent. Leur maison est payée depuis longtemps, tout comme les appartements occupés par leurs enfants.

 


Ils pourraient s’arrêter, ou au moins ralentir. Ils en parlent souvent et continuent de travailler.

Ils n’ont pas compris mon départ ni, surtout, que j’ai pu laisser la maison à Elisabeth.

« Tu te retrouves sans toit ! Á soixante ans ! Et tu pars dans une île inconnue ! »

Ils ne l’ont pas ajouté, mais c’était évident : j’étais devenu fou. Et je partais avec une femme de vingt ans plus jeune qui abandonnait tout elle aussi !

« Alors les touristes ! Racontez-nous ces longues vacances. Plus d’une année sur la plage. Vous avez dû vous ennuyer ! »

Nous disons nos découvertes…ils ne nous écoutent pas. Trop fatigués parce qu’il est tard et qu’ils se lèveront tôt demain.

« Demain soir je vous invite chez votre voisin le Chinois. » Dis-je en les quittant.

Nous occupons la chambre donnant sur la rue. Tout est calme. Nous nous endormons très vite.

Les premières voitures nous réveillent. Le monde du travail se met en marche. Avec eux nous avons connu ces rythmes fous, imposés par la production de nouveaux objets devenant indispensables. Personne n’arrêtera plus la machine emballée.

Nous venons de laisser un monde où l’on cuit le carry sur un feu de bois derrière la case en tôle abritée sous un manguier. Même si la télé arrive et la voiture aussi, la vie au ralenti reste la règle. L’envie de consommer, bien présente, reste freinée par le manque des ressources financières.

« J’ai vécu comme ta sœur pendant plus de vingt ans » dit Carine « c’est un enchaînement irrésistible. Ralentir ferait tout perdre. Il faut aller toujours plus vite et gagner encore plus. »

Nous prenons le métro pour une sortie dans Paris. J’y suis venu souvent pour des journées d’étude ou des réunions. Je prenais le bus ou le métro indiqué par la convocation. Je ne voyais que des salles de travail et des restaurants.

Carine connaît mieux la ville par les achats pour son magasin. Elle venait aussi en vacances ou pour des spectacles. Elle me conduit vers ses lieux préférés.

Nous rentrons épuisés, en même temps que ma sœur. Elle nous présente la voiture. Nous devons tout vérifier. Son mari qui arrive, soulève le capot, m’expliquant en quoi c’est un bon véhicule.

La soirée au restaurant se passe le mieux possible. Nous évoquons des souvenirs communs. Et l’avenir aussi. Surtout le leur. Ils apprendront un jour notre maladie…et ne comprendront pas…ils jugeront…nous plaindront sans doute…

Nous partons demain. L’assurance du garage nous autorise à rouler. Nous règlerons plus tard toutes les questions administratives. Ils soulignent les risques que représenterait un accident…ils ont confiance en nous…jamais ils n’agiraient ainsi avec un client…

Nous attendons que la maison se vide pour nous lever sans retarder les travailleurs. Nous nous sommes tout dit.


Personne ne nous attend.

Les vies se sont organisées sans nous. Les autres grands-parents veillent sur nos petits-enfants en renfort des nourrices.

« C’est vraiment le retour » dit Carine « j’ai beau faire la forte, j’ai une sacrée frousse. Affronter…dire tout ça…c’est trop nul … »

Elle pleure doucement appuyée contre moi.

« Nous prendrons le chemin des écoliers. Nous laisserons passer les fêtes… »

« Non. Avec ce virus qui court nous devons aller vite. Ceux qui ne savent pas peuvent tuer des gens. Le plus difficile n’est pas d’agir mais de penser aux réactions de ceux à qui nous allons parler. Tout ça c’est de ma faute ! »

Je la prends dans mes bras et nous restons serrés longtemps.

Plus on approche et plus c’est difficile.

 

 



3.4 7

Je ne voyais pas ainsi la fin de ma vie.

« Il va falloir que j’informe Elisabeth. »

« Mais elle n’a pas pu… » Elle se redresse. Elle a compris.

« Au retour du stage…je ne pouvais pas tout de suite quitter la chambre…je n’ai pas eu le courage… Je ne te l’ai pas dit. C’était sans importance. Mais ça a pu suffire pour qu’elle aussi… »

Les larmes coulent à nouveau sur les joues de Carine.

Je murmure : « Pardonne-moi. Je ne croyais pas que tu m’en voudrais. »

« Je ne t’en veux pas. Je l’ai peut-être contaminée elle aussi. De combien de vies… »

Je caresse ses cheveux. C’est vrai que c’est plus dur pour elle qui a transmis ce virus. J’aurais pu, moi aussi, en d’autres temps…

« Á nous deux nous sommes capables de faire face. »


Je laisse le volant à Carine. Prise par la conduite elle pensera moins.

Nous quittons vite Paris. La circulation est fluide en ces journées précédant Noël.

Nous nous arrêtons pour nous détendre et téléphoner. Malgré les vêtements retrouvés chez ma sœur, nous ressentons le froid. Passer de + 30 ° à + 5° c’est un peu brutal.

Florence, la fille de Carine, est en vacances. Elle insiste pour nous recevoir. Elle fête Noël avec son mari et sa fille Ophélie. Carine parle à la petite qui reconnaît la chanson qui leur sert de repère depuis notre départ.

« Au revoir Ophélie. Je te fais plein de gros baisers. Nous serons avec toi demain. »

Florence, qui se sentait un peu seule à Noël, est ravie de retrouver sa mère. Le départ de ses beaux-parents pour une croisière les laissait tous les trois seuls pour les fêtes.

« Ça ne t’ennuie pas que j’aie accepté l’invitation ? »

« Tu sais que je les apprécie beaucoup. Nous profiterons de vos talents de cuisinières réunies. »

Lorsque j’appelle ma fille, j’entends la même indifférence que celle qu’elle affiche depuis mon départ.

Elle aussi est prof de gym. Nous avons fait tellement de choses ensemble. Nous étions si proches… Elle n’accepte pas. Elle n’a jamais rien dit, mais elle n’a pas admis que je quitte sa mère. Á trente ans, elle sait pourtant ce qu’est la vie.

Je l’entends dire : « Tina, Hervé, vous voulez parler à Papy ?

Excuse-les. Ils jouent.

Nous rentrons le premier janvier. Rappelle-moi. Les enfants seront heureux de te voir. Si tu avais annoncé ta venue j’aurais pu m’organiser autrement. »

Carine me demande : « Ça va ? »

« Normalement. Elle m’en veut toujours. Elle protège sa mère. Si en plus…Allez ! En route ! Veux-tu que je conduise ? »

Je retrouve les routes que je connais bien.

Nous avons mangé un sandwich pendant notre arrêt.

Il faut aller vite. Nous devons livrer au plus tôt nos horribles cadeaux de Noël.

Véronique, l’amie de Carine qui a vécu avec le musicien sera la première.

 

 

 

 

 

3.5 8

Aurillac.

La nuit tombe.

« Nous allons à l’hôtel ? »

« Non. Chez Véronique. »

La main de Carine effleure ma nuque. Pour me détendre et pour se rassurer.

Véronique prend Carine dans ses bras : « Si je m’attendais ! Des revenants ! »

Elle m’embrasse et entraîne son amie vers le canapé.

« Alors ? Les îles ? Le soleil ? Les lagons bleus et les superbes indigènes ? Raconte. Tu aurais pu téléphoner ! Enfin c’est bien puisque je suis là. J’ai tout mon temps. Je vous garde. Qu’est-ce que vous êtes bronzés ! »

Après quelques banalités, Carine annonce : « nous rentrons parce que nous devons informer quelques personnes de notre séropositivité. Comme je ne vois qu’un responsable je viens te prévenir la première. »

Véronique pâlit et murmure : « Francis ! Tu crois que c’est lui ? Mais alors moi aussi. Mais c’est dégueulasse ! Pour quelques nuits…il n’était rien pour moi …je t’avais dit qu’il n’avait aucune importance…je me suis protégée au début. Il se moquait de mes peurs de bourgeoise…Oh ! Le salaud ! »

« Il ne savait sans doute pas. C’est sa manière de vivre. Sans penser à l’avenir. C’est aussi ce qui fait son charme. »

« Mais c’est affreux ! J’ai quarante ans ! Je veux vivre ! Non !... »

Elle sanglote en frappant le canapé.

Carine la prend dans ses bras.

« Rien n’est sûr. Il a pu être contaminé après votre rupture… »

« Tu crois ? C’est possible ? Ça va si vite que ça ? Combien de temps après son départ avez-vous ?...Il faut que je sache. Ce soir c’est trop tard. Á moins que… »

Elle bondit sur le téléphone : Christiane ? C’est Véronique. Une analyse de sang c’est possible ce soir ? …Oui pour moi… qu’est-ce que ça change d’être à jeun. C’est pour le Sida…je suis peut-être contaminée…tu les appelles ? J’y vais tout de suite. Merci. Non…ne t’inquiète pas, je ne suis pas seule. »

Après avoir appelé le laboratoire elle nous entraîne : « je vais savoir. On me prend tout de suite. »

Elle sort sans même enfiler une veste. « Pas besoin de voiture. C’est là. Á côté. »

Carine m’embrasse : « reste. Je viens te chercher si quelque chose… »

Me voilà seul dans cet appartement inconnu. Je choisis un disque. Je feuillette des revues. C’est long.

La télé me distrait un peu. Les infos d’abord et une émission sur la guerre au Moyen Orient. C’est vrai qu’il y a pire que ce qui nous arrive. Ces hommes, ces femmes, ces enfants même qui meurent dans l’indifférence.

Il est quand même bien tard.

Depuis près de deux ans nous partageons tous les instants. Deux années si courtes et si riches. Ce printemps de la fin de mon activité professionnelle qui nous a conduits dans une vieille maison à la campagne, loin de nos relations et de nos habitudes. Et ma retraite enfin. Le départ. Toutes nos promenades et découvertes.

Nous avons partagé tous les instants, toutes les pensées, tous les souvenirs. Nous avons eu le temps de tout nous dire. Même le plus secret de nos peurs et de nos faiblesses. Les joies et les douleurs oubliées de notre enfance. Nos premières amours. Nos certitudes et nos doutes.

Tout.

Carine m’avait raconté les quelques moments passés avec le jeune musicien qu’elle avait connu au cours de son séjour chez Véronique. Il l’amusait. Il cherchait à la séduire comme il le faisait avec toutes les femmes.

Elle avait eu quelques flirts depuis qu’Hervé la délaissait. Un jour, Véronique lui avait mis Francis dans les bras. Comme on fait essayer une robe à une amie. Comme on lui donne le manteau dont on commence à se lasser.

Pour Carine ce n’était pas une passion. Plutôt un rite libératoire. Elle devait sans doute passer par là pour oser partir. Un homme s’intéressait à elle, lui montrant que sa vie n’était pas finie. Elle l’avait accompagné pour une brève tournée dans le sud. Le temps de se rendre compte qu’ils n’avaient rien à se dire. Elle se levait quand il rentrait, au petit matin. Il lui avait permis de faire le bilan de sa vie accaparée par le magasin. Vidée de tout sens depuis le départ de ses enfants.

Ils s’étaient séparés comme on quitte ses camarades au retour d’un camp d’ados. Moment sans importance si ce virus…

La porte s’ouvre et Véronique se précipite pour l’embrasser : « négatif ! Je ne l’ai pas ! J’ai faim ! Vite ! Á table ! »

 

 



3.6 9

Carine vient contre moi : « nous avons beaucoup tardé. Elle a fait du chantage au patron du labo qu’elle rencontre souvent dans ses virées nocturnes. Elle l’a carrément menacé de téléphoner à sa femme s’il ne lui donnait pas les résultats ce soir. Elle avait lu des informations sur un nouveau test rapide. Il a cédé. Et puis elle a voulu faire des courses ».

« Elle nous oubliait. »

« Peut-être voulait-elle me distraire ? Qu’importe après tout. Je suis si heureuse pour elle. Je vais l’aider. »

« Et l’hôtel ? »

« Nous restons ici cette nuit. Elle insiste pour que nous occupions la chambre d’amis. »

La vie antérieure nous sépare déjà. Je les entends rire. Ce rire m’exclut puisque je ne le partage pas. Et les autres ? Elles oublient tous ceux qui…

« J’appellerai Francis plus tard. Il n’est sûrement pas chez lui si tôt. Il faut qu’il sache. Qu’il arrête… » dit Carine en entrant avec une assiette de charcuterie.

« Crois-tu que ce soit lui ? Comment aurait-il pu te contaminer alors que Véronique … ? »

« Mon copain du laboratoire a qui j’ai fait si peur, nous a dit combien les réactions sont différentes. Certains vivent longtemps avec un séropositif et ne sont pas infectés alors que d’autres peuvent l’être par un seul rapport. Allez Roland ! Ouvre la bouteille de champagne. Tu veux bien qu’on se tutoie ? Nous avons failli mourir ensemble… Je suis horrible n’est-ce pas ? J’ai eu si peur. Je n’oublie pas que vous…Mais à quoi servirait que…Carine tu sais que je t’aime. il faut oublier…vous devez y penser tout le temps… »

Elle s’abat en larmes sur le canapé où Carine la rejoint : « nous sommes heureux de te savoir hors de danger. Nous préférons partager ta joie plutôt que ta détresse. Prends donc une flûte et ne mets pas de larmes dans le champagne. Ce serait un vrai crime que nous ne te pardonnerions pas. Buvons à la vie. Nous comptons bien en profiter longtemps. Les journées passée à deux sont tellement riches qu’elle comptent double ou triple. »

S’adressant à moi, Carine poursuit : « nous avons beaucoup appris en écoutant l’ami de Véronique. Parce que c’est vrai qu’ils sont devenus des amis. Si je n’avais pas été là, je crois bien qu’ils auraient fini la nuit ensemble. »

« Avec préservatif » rit Véronique « j’en ai pris une boîte. Plus jamais ! Oh ! Non ! Plus jamais sans ! »

« Il nous a dit les progrès de la recherche et les traitements nouveaux. Il faut commencer au plus tôt. Certains séropositifs vivent depuis plus de dix ans sans déclencher la maladie. Grâce aux médicaments actuels on peut penser que le Sida se guérira. Nous vivrons. J’en suis sûre. Nous allons nous battre ensemble. »

J’ai du mal à manger. Le champagne lui-même me paraît sans attrait.

Pour la première fois je me sens loin de Carine.

Je les vois s’amuser, revivant leur soirée. Elles se comprennent à demi-mot. De nombreux sous entendus les ramènent à une autre époque. Elles évoquent des inconnus.

Comme si je n’étais pas là. Comme si elle était une autre.

Je connais trop les effets de l’alcool sur moi. Cette lucidité qui me fait mieux voir et comprendre. Comprendre que nous allons passer des moments très difficiles.

Je ferme les yeux pour les laisser ensemble.

Elles baissent la voix afin de ménager mon sommeil, continuant à rire, à manger et à boire.

Je ne suis plus qu’un paquet posé sur le fauteuil.

J’ouvre les yeux quand Véronique prend le téléphone.

« C’est le répondeur. Tant pis, je lui dis tout. Francis, c’est Véronique. Carine est avec moi. Elle est séropositive. Moi je ne le suis pas. Fais un contrôle et tiens-moi au courant. Je t’embrasse. »

« Tu aurais pu mettre un peu plus de formes. » Dit Carine.

« Ah ! Parce qu’il en mis, lu en te donnant ça ? Et comment l’annoncer en douceur ? L’important c’est qu’il sache le plus tôt possible. »

« Il reste à souhaiter qu’il n’écoute pas le message entouré d’une douzaine d’amis ». Dis-je en me redressant.

« Nous t’avons réveillé » regrette Carine en s’asseyant près de moi « c’est un peu imprudent. Tant pis. C’est parti. Nous n’y pouvons plus rien. Viens. Nous allons prendre une douche. Nous réfléchirons demain. »

« Allez dormir tous les deux. Une fois encore je serai seule. Un jour, moi aussi je trouverai quelqu’un. »

« C’est sûr que tu es toujours seule » rit Carine ;

« Non, bien sûr. Mais c’est de plus en plus compliqué. J’aimerais tellement vivre un amour comme le vôtre. Je vous envie. Pourtant je ne suis pas si mal. N’est-ce pas Roland ? Qu’en penses-tu ? »

« Je garde ma Carine. Je ne l’échangerai pas contre deux inconnues. Ah ! Non ! Je mélange tout. Ça c’est une pub. »

Sous l’effet du champagne ajouté aux fatigues et aux émotions, Carine s’endort tout de suite. J’entends son souffle régulier. Elle est là et je suis seul. C’est encore l’effet de l’alcool. Tout ira mieux demain. Nous nous retrouverons.

 

 

 

 

 

 

JC Champeil