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3.17 20

«  S’il te plaît, souviens-toi. Tu parlais d’accident. De la route défoncée juste après le virage. Tu n’y es pour rien. Pas plus que je ne l’aurais été. Comment aurais-tu pu te douter… »

« J’aurais dû. Elle prenait la pilule. Ça m’a suffi.

Alors ça vient d’elle. Il faut que je le lui dise. Élisabeth aussi…et le mari de cette femme…Jusqu’où faudra-t-il remonter ? Combien de vies ? »

« Ils sont des millions dans le monde… »

« Je sais. Pour moi c’était ailleurs. Des articles de presse. Des émissions télé. Des visages inconnus. Des histoires d’étrangers…Pourras-tu me pardonner ? »

« Tu n’as pas le droit de me parler ainsi. Il y a encore quelques minutes tu croyais que c’était moi. Est-ce que tu m’en voulais ? »

Elle s’éloigne un peu de moi pour me regarder avec inquiétude.

« Tu me disais que ce qui nous arrivait ne pouvait concerner l’un plus que l’autre. Qu’il n’y avait que Nous…Tu ne le pensais pas ? »

« Bien sûr que si. Tu as raison. Pardonne-moi. C’est encore un vieux compte à régler avec mon enfance : je dois être celui qui protège et non celui qui crée les problèmes. Et là…je t’ai parlé de mon père…cette image de malade tout au long de mon enfance et de mon adolescence…je ne voulais surtout pas, moi aussi…Pardonne-moi. Je voulais te rendre heureuse et… »

« Laisse-moi t’aider. Moi aussi j’ai besoin d’être utile. Je sais ce que tu ressens. C’était difficile pour moi d’être celle qui apportait cette maladie. Tu m’as aidée. Nous sommes tous les deux. Ensemble pour tout. Tu m’as pris le fardeau. Nous sommes atteints tous les deux. Ensemble. De la même manière. Qu’importe l’origine ?

Rentrons nous mettre au chaud avant que le froid ne nous pénètre. »

Un long baiser nous unit.

Nous nous réchauffons sous la couette, bien serrés l’un contre l’autre. Sa main caresse mon visage. Les noires pensées s’estompent.

Elle est là.

C’est vrai qu’elle doit se sentir plus légère. Elle n’est plus responsable. Á moi de surmonter les conséquences de mon erreur. C’est ma stupidité. Mon inconscience. Comment penser que Laure, avec sa petite vie bien rangée, au fond de ce canton rural où tout se sait… Bien sûr s’il y a eu notre histoire…elle m’avait dit sa fidélité…c’est sans doute son mari. Avec ses sorties permanentes, de nuit comme de jour, les alibis étaient tout trouvés. EDF a bon dos avec ses missions au service du public. Il a pu avoir des aventures.

Où finira cette histoire ?

J’entends le souffle régulier de Carine.

Je la libère en portant la faute.

La faute ! Quel mot stupide ! Et pourquoi pas la punition du péché ? Mais pourtant c’est ma faute. Ma très grande faute comme disent les adeptes du culte d’Élisabeth.

Je devrai lui dire…lui parler aussi de Laure. Rien ne m’y oblige, mais je préfère qu’elle ne puisse le reprocher à Carine. Parce que du fond de sa charité chrétienne, elle en fera des reproches. « Pardonnez-leur » disent-ils dans sa secte qui inventa l’Inquisition. «La charité », vertu première de ceux qui vivent dans des palais à Rome, des banques emplies d’or et une multitude d’immeubles devant lesquels errent les pauvres sans domicile.

 



3.18 21

Hubert s’éveille le premier. Je lui fais découvrir la douche pendant que Carine prépare le petit déjeuner. Le soleil traverse les branches nues pour éclairer les bandes de brouillard flottant sur le lac.

Les oiseaux chantent autour de nous cette fin de nuit qui n’a pas été trop rude.

Nous suivons du regard un rapace qui vient de saisir un poisson imprudent. Le prisonnier s’agite dans les serres de son bourreau. Un autre oiseau tente de voler la proie du pêcheur dont les serres sont piégées par sa victime qui l’alourdit. Pour mieux se défendre, il laisse tomber le poisson que les deux chasseurs tentent de rattraper en piquant désespérément.

Je parle à Hubert, ravi de cette aventure, des animaux qui doivent se battre pour survivre. Il m’écoute avec attention avant de dire : « j’en ai vu beaucoup faire ça à la télévision. » Nous marchons autour du lac. Nous faisons des ricochets. Nous cassons la glace, là où l’eau peu profonde a permis sa formation.

Je retrouve les plaisirs que j’éprouvais lorsque j’apprenais le monde à mes enfants.

Carine nous rejoint : « je croyais que tu ne savais pas jouer avec les enfants ? Je vous entends rire depuis un bon moment. Je t’ai vu courir comme un gamin. »

Hubert prend nos mains et nous entraîne en courant vers le camping-car.

C’est vrai que je suis bien.

Il a fallu que je parte pour comprendre ce qui me faisait avancer. Ce besoin irrépressible d’affronter seul les obstacles. Ce qui me poussait ailleurs quand tout allait trop bien : lorsque j’étais admis et que mes idées emportaient sans peine les décisions.

Je devais me prouver que je surmonterais les nouvelles difficultés en recommençant toujours. Je n’étais pas la victime que fut mon père. Je ne serais jamais pauvre. Il m’arrivait souvent de feuilleter les petites annonces pour me dire que je pouvais postuler pour cet emploi de chauffeur de car ou de maître nageur qu’on recherchait. Je ne risquais donc rien. Ma famille non plus.

J’exigeais de mon corps qu’il soit toujours résistant. Dans l’eau comme sur la neige…partout où celui de mon père n’avait pu aller.

Je pouvais maintenant affronter ces vieilles peurs.

La présence du petit, le soleil de ce matin d’hiver, ces mois vécus au loin…et ce virus.

Il m’avait fallu tout ça pour me trouver. Voilà. Maintenant je savais. J’allais vivre tranquille.

Le temps qu’il me restait.

Hubert m’a oublié. Carine joue mieux que moi. Elle accepte de se tromper. Elle rit. Elle obéit aux désirs du petit.

Cette matinée restera un moment de pur bonheur. Nous alternons les retours au chaud pour dessiner ou chanter avec les courses et les jeux au bord du lac.

Quoi de mieux qu’un enfant pour faire apprécier la vie ? Pour retrouver l’essentiel ?

Seul, je m’impatienterais déjà. Carine rit. Explique patiemment. Écoute. Recommence. Comment faisait-elle pour vivre là-bas sans ouverture aux autres ?

Le petit dévore le repas préparé. Il accepte sans rechigner de retrouver son lit pour la sieste.

Nous restons assis l’un contre l’autre. Nos mains communiquent ce que nous n’avons pas besoin d’exprimer : la richesse de ces moments, le bonheur partagé.

Elle me sourit. Ses lèvres effleurent les miennes.

« Tu vois que nous aurons des moments heureux. La vie est belle. »

Au réveil du petit nous repartons chez Aude. Nous y serons à l’heure dite.

Il raconte à sa mère, qui l’écoute distraitement, tout ce qu’il a découvert : les poissons, les oiseaux, les cailloux, les jeux… Elle l’interrompt parce qu’il n’a pas changé ses chaussures.

Lui qui voulait partager…

Carine annonce notre départ. Elle doit aller à l’hôpital.

Hubert a retrouvé la télé. Comme sa sœur, il accepte distraitement un baiser. Tout est rentré dans l’ordre.

 



3.19 22

Je dois appeler Laure.

Son numéro me revient que je n’avais jamais noté. C’est celui de son bureau. Elle s’absente de temps en temps pour se rendre chez un client qui ne peut se déplacer. Nous nous retrouvions à ces occasions. Quelques rencontres brèves qui m’avaient laissé croire que nous aurions pu vivre ensemble.

Elle ne pouvait abandonner ses habitudes ni surtout sa maison. Notre aventure avait suffi pour quelle se sente encore une femme. Elle était désirée.

J’aurais pu partir avec elle.

Nos rencontres se sont espacées jusqu’au jour où je ne suis plus venu. Sans explication définitive. Sans aucun heurt ni reproche.

« Madame Marton ? »

« Oui. C’est… »

« Tu es seule ? »

« Oui. Mais je croyais …tu ne m’appelles pas de là-bas ? »

« Je suis rentré depuis quelques jours. »

« Je n’ai pas beaucoup de temps. J’attends un client… »

« Je voudrais te parler. Il faut que je t’informe… »

« Tu ne peux pas le faire par téléphone ? »

« Ce n’est pas facile. C’est important. »

« Je ne pourrai pas te rencontrer ces jours-ci. Dis-moi...

« Tant Pis. Je suis séropositif. »

Après un long silence : « tu veux dire…le Sida…c’est elle ? »

« Non. C’est pour ça que je t’appelle. Ce n’est pas de son côté. C’est du mien. Il faut que tu fasses un contrôle. »

« Tu pourrais me l’avoir donné ? »

« C’est le contraire. »

« Qu’est-ce que tu veux dire…ce n’est pas possible…il n’y a eu que toi. »

« Il faudra que tu demandes à ton mari de faire une analyse de sang. »

« Benoît. Ce serait lui. Bien sûr. Où puis-je t’appeler ? Il n’est pas là ce soir. Une réunion…ou…oui…sans doute une autre femme. Je le savais. Mais je ne pensais pas… »

« C’est moi qui t’appellerai. Á quelle heure veux-tu ? »

« Vingt heures… Bonjour Madame. Asseyez-vous »

Comment va-t-elle pouvoir parler comptabilité après cette annonce ?


Carine est silencieuse. Elle savait, mais cette communication rend présente cette femme. C’est comme lorsqu’elle parlait au musicien. Mais la réaction violente de son ancien amant me l’avait rendue avant l’évocation de souvenirs… Là, elle a dû imaginer… »

« Elle n’a pas voulu me voir. Je n’y tenais bien sûr pas, mais dire tout ça au téléphone ! Je la rappellerai. Elle a compris que c’était son mari. Elle savait depuis longtemps qu’il avait des aventures. Et ce type a failli tuer ton ex mari ! Il va nous détruire ! »

Carine pose sa main sur mon bras :

« Lui non plus n’est pas coupable. En fait, personne ne l’est. Tout au plus nous avons tous été imprudents. Nous devrons dire et répéter que chacun doit être vigilant. Que personne n’est à l’abri. »

« Comment se protéger, donc se méfier, de son époux, de sa femme ? Et tous ces adolescents pour qui l’amour est évidemment fait de confiance aveugle…pour qui l’envie de mourir pour l’autre, avec l’autre, fait partie de la passion. Comment pourraient-ils vouloir s’en défendre ? Cela n’a pas de sens. »

« Cette maladie poursuivra ses ravages, chez les nymphomanes et les Don Juan, comme chez tous ceux qui aiment. Les confiants ne peuvent devenir méfiants. Que signifierait se méfier de ceux qu’on aime ? »

 

 

 

 

3.20 23

Nous approchons d’Aurillac.

Carine visitera son ex mari pendant que je rencontrerai Laure.

« C’est le moment le plus difficile. Après nous partirons. Où tu voudras. Nous oublierons ces gens qui reprendront leur place sur les étagères de notre passé. »

« Madame parle comme un livre. Madame devrait écrire. »

« J’y pense. Nous devrons le faire pour informer les autres…leur éviter ce qui nous arrive. »

« Crois-tu que nous aurions changé quoi que ce soit en lisant un livre racontant une histoire proche de ce que nous subissons ? »

« Peut-être un lecteur échapperait au piège. Sauver un homme ou une femme qui, lui-même ne contaminerait pas… ce serait couper une chaîne. Nous devrions témoigner de ce qui nous atteint devant les médias. »

« Nous en reparlerons. Je n’ai pas très envie de me retrouver sur un plateau télé pour renforcer l’Audimat et faire pleurer dans les chaumières. »

« Á cause des enfants ce sera impossible. Et pourtant… s’il s’agissait d’un accident de la route ou du paludisme…pourquoi faudrait-il cacher cette affection ? En quoi est-elle honteuse ? Á l’heure où les lépreux se montrent il faut une nouvelle peur. Une maladie honteuse envoyée par le ciel et qui n’atteindrait que les mauvais. »

« C’est une croisade qu’il faudrait entreprendre. Même le cancer s’appelle toujours –longue et cruelle maladie- alors le Sida ! Les bien pensants disent –ils l’ont bien cherché. Ils n’avaient qu’à être fidèles- Je vais entendre Élisabeth me tenir ces propos.

J’irai demain. Une par jour c’est déjà beaucoup.

Ce matin, je pensais à mon besoin maladif d’affronter des épreuves. Je suis comblé. Tout ça survient au moment où, grâce à toi, je deviens sage. Au moment où je me connais un peu mieux. Alors que je n’ai plus besoin de me prouver que je suis fort et capable de combattre les dragons ou couper les ailes des moulins comme le vieux don Quichotte. »

« J’ai un peu de mal à comprendre. Il faudra que tu me dises tout ça plus tranquillement. »

Je dépose Carine à la porte de l’hôpital.

« Je vais garer le camping-car sur l’aire réservée au bord de la Jordanne. Il fera nuit quand tu sortiras… »

« J’aurai besoin de marcher. Pense à moi. »

Je fais le plein d’eau. Je vide les eaux usées. Je raccorde le véhicule à la prise électrique. Je lance le chauffage.

Ces tâches m’évitent de penser. Le chez nous mobile dont je rêvais, toujours prêt pour les changements d’horizon est propre à satisfaire les bougeants que nous sommes. Les instables comme disent ceux qui trouvent leur bonheur dans l’immobilité.

Il est peut-être un peu tard pour ce style de vie. Prendrai-je longtemps du plaisir à toutes ces activités qui deviendront des corvées, alors qu’une maison banale a su nous en débarrasser ? Le bonheur de la recherche permanente de l’eau, du branchement électrique, de la zone de stationnement…tous les jours ! C’est beaucoup.

Changer de maison est facile. Cette mobilité plus bourgeoise me conviendra sans doute mieux. Un camping-car plus petit facilitera des échappées. Nous en parlerons.

 

 



3.21 24

Cette visite rapide se prolonge beaucoup. Qu’a-t-elle donc à lui dire ?

Elle le réconforte. Elle se sent coupable. Cette annonce brutale…par ma faute. Je ne suis quand même pas responsable de ses problèmes d’enfance.

Je chasse l’idée que sa mort aurait facilité les choses. Elle revient. Suis-je en train de devenir un misérable égoïste ? Est-ce la proximité de ma mort qui me fragilise ainsi ?

Ou simplement la jalousie.

J’entre me mettre au chaud. J’essaie de lire. J’écoute un peu la radio.

J’appelle Laure.

« J’attendais ton appel. »

« Tu ne préfères pas que nous nous rencontrions ? »

« Tout va bien. Benoit est près de moi. »

« Tu lui as dit ? il sait qui … ? »

« Nous avons longuement parlé. Nous nous sommes retrouvés. Nous irons ensemble demain pour l’analyse…nous sommes prêts. »

« Il faudra informer celles qu’il… »

« Bien sûr. Dès que nous aurons les résultats du labo. Nous regrettons pour toi. Et pour celle avec qui tu vis. Peut-être ta femme aussi… »

« Je ne l’ai pas encore rencontrée. C’est possible. »

« Nous sommes bien punis pour ce moment d’égarement. Benoit m’a dit qu’il ne m’avait trompée qu’avec une seule femme. C’était à un moment où nous nous éloignions… refusant de vieillir…ce qui m’a conduit vers toi…après toutes ces années heureuses…nous voilà bien punis… sais-tu combien de temps il peut nous rester à vivre ? »

« Personne ne le sait. Les médicaments sont devenus plus efficaces. D’autres vont être inventés. »

« Au moins nous serons ensemble pour affronter les mauvais jours, jusqu’à la fin, sans que rien ni personne ne vienne plus nous séparer. Il fallait cette épreuve… »

Je les entends parler avant qu’elle ne me dise : « Benoît te demande de lui pardonner… »

« Écoute, c’est ridicule. C’est ton mari. Je n’avais qu’à… Je te rappellerai dans quelques jours. Personne n’est coupable. Á bientôt. »

Je vois Carine traverser le pont. Elle avance sans se presser, comme s’il ne lui tardait pas…

« Bonsoir madame. Vous êtes seule ? »

Elle se serre dans mes bras et dit à la fin du baiser qui nous a rendus l’un à l’autre : « je ne serai plus jamais seule. J’aime un homme qui m’aime. »

Après le potage que j’avais réchauffé, nous racontons les événements que chacun de nous a vécus, blottis l’un contre l’autre dans notre lit bien chaud.

« Le mari de Laure me demandait pardon ! Te rends-tu compte de la situation ? Le mari qui demande à l’ancien amant de sa femme de l’excuser parce qu’il l’a contaminé ! Cette maladie conduit à des renversements étranges. Il aurait pu m’insulter, me menacer même, ou tout au moins me reprocher ma relation avec son épouse…Il s’excuse ! »

« Il se sent fautif vis-à-vis d’elle. Ils ont dû vivre un moment difficile lors de ces aveux. »

« Ils vont affronter l’épreuve ensemble. Ils se sont retrouvés. »

« Sait-il d’où peut venir ?... »

« Il aurait eu une relation passagère. Je n’en sais pas plus.

Et toi ? Qu’as-tu fait pendant tout ce temps où tu m’as abandonné dans cette ville inconnue ? »

« Nous avons beaucoup parlé. J’ai rencontré le chirurgien…il restera de graves séquelles. La flèche a atteint la colonne vertébrale. La moelle est lésée. Il va peut-être perdre l’usage de ses jambes.

Il le sait.

Il paraît l’accepter. Je dirais même qu’il semble soulagé. Comme si le fait de souffrir et demeurer infirme effaçait les problèmes du passé. Il analyse ainsi sa réaction. Je ne l’ai jamais vu aussi tranquille. Serein.

Nous avons parlé du magasin et des affaires en cours. Il n’y a pas de problème immédiat. Les vendeurs feront face.

Pour les commandes à confirmer, les relations avec la banque et les fournisseurs c’est plus compliqué. Je passerai au magasin demain matin. Il faudra que je suive un peu tout ça. Je ne peux pas laisser… »

« Si tu ne m’avais pas rencontré, rien ne serait arrivé. C’est ma faute… »

Je la sens se crisper. Pourquoi faut-il ?...

« Ce n’est pas ça. Je pouvais abandonner le magasin quand tout allait bien et tant qu’il s’en occupait. Mais je le tiens de mes parents. Je ne peux le laisser perdre. Il est aussi à mes enfants. Á leurs enfants après eux. C’est comme pour un paysan qui doit laisser à ses descendants les terres que ses ancêtres ont labourées avant lui. »

Je n’entends que les –je- et les –mes-. Tout ce qui rejette celui par qui le malheur arrive.

Le silence nous rend à nos pensées.

Je vais rencontrer Élisabeth.

Je retrouverai Carine à l’occasion des repas.

Chacun aura sa vie.

C’est la fin des deux années de partage.

 

 

 

 

 

JC Champeil