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Si plusieurs des œuvres monumentales ou décoratives de Claude Bouscau (1909-1985) sont visibles à Arcachon, sa ville natale et dans la région de Paris où il a vécu et travaillé, ce n’est pas un hasard si un troisième pôle géographique, le Cantal, recueille une partie de ses œuvres entre 1936 et 1977. En effet, Bouscau qui fait régulièrement des voyages dans la Creuse où il vient sélectionner ses blocs de granit chez un carrier local prolonge souvent ses séjours auprès d’amis cantaliens, amitiés nouées à Paris dans le monde des arts, de l’architecture.

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Dès l’immédiate avant-guerre et plus intensément ensuite, Claude Bouscau est l’un des principaux et plus féconds sculpteurs français d’alors.

Arcachonnais et Bordelais d’origine, il a rejoint à Paris l’Ecole nationale des Arts Décoratifs et il  brille, dès 1935, dans sa première tentative au concours pour le Grand Prix de Rome de Sculpture qui est couronnée de succès (Premier grand prix). Il est ensuite pensionnaire à la Villa Médicis, à Rome, de 1935 à la guerre de 1939. Il y crée ses premières œuvres marquantes comme « Léda et le cygne ».

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Démobilisé en 1940, Claude BOUSCAU revient à Paris, où il poursuit une double carrière de sculpteur-statuaire et de professeur de dessin et de sculpture.

L’architecte aurillacois Pierre Croizet lui confie la longue suite de bas-reliefs qui ceinturent l’intérieur de l’église du Sacré Cœur à Aurillac, entreprise dès 1937. Pour le groupe scolaire de Vic-sur-Cère en 1955, leur choix distingue de nouveau le thème de l’enfance cher à l’artiste, sur deux bas-reliefs illustrant les jeux de la récréation.

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 Scènes de la vie du Christ et du Chemin de Croix (1942-1948)

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Vic-sur-Cère - Groupe scolaire. Jeux d'enfants (1955)

Le Cantal bénéficie encore de ces apports culturels puisque les architectes Pierre Terrisse puis Charles Terrisse poursuivront cette coopération dans la réalisation de plusieurs constructions scolaires qui s’illustrent obligatoirement d’une œuvre d’art.

En 1956, ministère et département débattent autour de trois projets et commandent à Bouscau la statue qui devra orner l’esplanade de l’Ecole Normale dont la construction est lancée au Roc Castanet, une des premières écoles normales mixtes de France.

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Bouscau la baptise « La jeunesse ».  Elle symbolise les normaliens-normaliennes, à la barre du navire de l’éducation. L’ensemble est inauguré le 19 janvier 1958.

La statue est centrée sur un bassin trilobé. Bouscau a souvent intégré l’eau à ses œuvres, bassin ou rivage naturel, dans Arcachon en particulier.

En 2015, l’école, réformée en I.U.F.M, puis devenue E.S.P.E, est toujours vouée à la formation d’enseignants. La statue a retrouvé sa blancheur mais la disparition antérieure du bassin et l’échouage du navire sur un îlot rocheux affaiblissent le symbole.

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« Le gardien de but » (1966) à Aurillac ornait la cour du  Centre d'Apprentissage masculin. (Collège Technique) dans le quartier nord du Cap Blanc.

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Aujourd’hui il est conservé et mis en valeur au lycée Jean-Monnet. Outre la beauté classique du sportif, on peut encore apprécier l’ingéniosité des deux points d’appui minimaux qui supportent cette œuvre en bronze et confère son caractère aérien à ce plongeon

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La bourrée auvergnate (1972) -  C.E.G. (Collège) de Pierrefort.

Un projet pédagogique mené par le professeur d’arts plastiques a conduit les élèves à coloriser les personnages de ces scènes paysannes. Etonnante opération qui aura eu le mérite de rendre l’œuvre visible et de la préserver le long d’un parking fréquenté.

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« Le Chant – La Danse » (1956) - Aurillac, à l’ancien Centre d’Apprentissage féminin (Collège Technique) au Cap Blanc et « Les bienfaits d’Esculape, dieu de la santé » (1977), au Collège de Chaudes-Aigues n’ont pas pu être retrouvés lors de ce reportage.

Claude Bouscau, le graveur, est aussi l’auteur de centaines de médailles commémoratives, très en vogue jusqu’au siècle dernier. Lorsqu’en 1962 il s’est agi de commémorer le vingtième anniversaire de la mort du grand paléontologue et géologue Marcellin Boule, natif de Montsalvy (Cantal), par un monument dressé dans le petit square de Vic près de l’église Saint-Géraud d’Aurillac, le médaillon de bronze à son effigie fut gravé et moulé par Bouscau selon ce modèle réalisé en plâtre conservé à la mairie de Montsalvy.

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Par ailleurs, autour du Cantal, Claude Bouscau a œuvré au Lycée public Jeanne d’Arc de Clermont-Ferrand en 1964 pour « L’épopée de Jeanne d’Arc ». L’humilité qui émane de la position et du visage rompt avec la traditionnelle figure de la glorieuse guerrière.

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Cette œuvre est parfaitement protégée par une verrière au centre d’un jardin réservé au loisir des élèves, lycéennes à l’origine.

 En Corrèze, à  Treignac, la statue de Maître Lachaud, avocat d’illustre famille au XIXsiècle, a été mise sur son piédestal en 1954.

Claude Bouscau tardant à prendre sa retraite officielle et poursuivant son enseignement en créant l’Académie des beaux-arts de Chaville, termine sa vie dans son pavillon du square Montsouris au sud de Paris. Dans ce quartier du Petit Montrouge (XIVe arrondissement), ce lotissement des années 1920-1930 abrite, à côté de maisons modestes, plusieurs pavillons remarquables par la notoriété de leurs occupants, artistes  comme Bouscau, peintres comme Ozenfant, Fujita, Hertenberger … ou intellectuels. Quelques amis fameux ont participé à ces édifications et à leur décoration, les architectes Le Corbusier, André Lurçat.

Au n° 40, Bouscau conservait dans son jardinet, l’œuvre qu’il avait entamée à Rome en 1935 à la Villa Médicis, la statue de « Léda et le cygne », scène tirée de la mythologie grecque et d’Homère où Zeus sous l’aspect d’un cygne déflore la princesse.

Cette œuvre est conservée par le musée de la Piscine à Roubaix où elle éclaire aujourd’hui le jardin extérieur.

Après Arcachon,  Paris, le Cantal, voici Claude Bouscau présent dans les Hauts de France.

Reportage d’Emile Ferrer, jeune normalien d’Aurillac en 1957.

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